Devant la poste, il y a une boîte
Un couvercle en plastique
Avec des pièces dedans
J'en entends sur cette boîte
depuis toujours
T'approche pas de la boîte
C'est d'un voleur d'enfant
Ne donne rien
Regarde-moi ces fainéants
Pas un sou
Il faut d'abord changer le monde
Au-dessus de la boîte,
Il y a des godasses
Avec des pieds dedans
Et des chevilles aux couleurs louches
Je veux dire qu'elles ont eu froid
Et mal, assez souvent
A propos de la boîte
Les dames de la messe et puis
tous ces messieurs donnent
De temps en temps une petite pièce
Et un gilet, ou quelque chose,
Qui ne sert plus
Au dessus des chevilles, il y a une barbe
Avec un homme dedans
Une barbe qui se marre et qui rit dans sa barbe
Seulement voilà
J'entends depuis longtemps
Avec cette misère, plus tu donnes
plus ils viennent
C'est comme les chats errants
Et puis comment savoir qui vraiment
fait semblant
Dans l'escalier de la poste
La boîte, les godasses, les chevilles
La barbe qui rigole, avec un homme dedans
Il faudrait que ça circule
Que ça s'en aille dans les terres
Où ça veut, en enfer
Mais pas sur le front de mer
Autant en emportent les bleus
Comme dit l'arrêté de Monsieur le Maire
Parfois je parle avec l'homme à la barbe
dont j'ignore le nom
Il faudra que je lui demande, c'est ça qui est urgent
son nom
Il raconte des galères, l'air de rien
J'ai sa voix, là, et toi aussi tu l'as
Une voix de cigarette, une voix de rouquin
qui demande du pain
Une voix qui se lève dans le froid
Je ne connais pas ton âge, tu ne connais pas le mien
Toi et moi on a toujours entendu cette voix là
Bien sûr, une petite pièce, un gilet, quelque chose
Quand je le vois assis, à attendre sous la pluie
ou plein de fièvre parfois
Je nous vois tous assis, à attendre
Comme dans cette histoire, bête comme six
Sûrs de la catastrophe
Sans saisir le manche de la cognée
Qu'est-ce-qu'on attend ?
© JPR G. 13 mai 2012