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Poésie par la fenêtre

13 décembre 2011

L'herbe aux aiguillages


 

A Jean, le nez sur la vitre de l'autorail

 

 

Madeleine, demain, tu descendras aux casernes        P1000020

Voir ton petit chasseur derrière la passerelle

Lui glisser des mots d'amour malgré la sentinelle

Seuls les chats du quartier t'attendent à la poterne

Et les corbeaux, Madeleine, garnison de passage

La gare en négligé, de l'herbe aux aiguillages

La ville tire ses volets sauvons les apparences

C'est à vendre, Madeleine, aux provinces de France

 

 Les soldats sont partis en comptant leurs médailles                       

Madeleine chaque jour tu reviens au portail

Tu revois la parade, le clairon ton amant

Où vont les régiments dissous au mauvais temps ?

Le costume trop large plus rien dans la bourriche

Les greffiers pleins de gale veillent sur la friche

Qui viendra consoler les usines en souffrance ?

C'est à vendre Madeleine aux provinces de France



Tous les soirs, Madeleine, tu lisais sur sa main                        P1000027

Dans la foule tous seuls au café chez Jasmin

Sa vie de tour du monde et qu'il trompait la mort

Tu l'aimais quelquefois à faire pâlir l'aurore

Mais la gare a gardé ses voies des grands voyages

Ce sont quais vides au vent sur les vies de garage

Les wagons, Madeleine, devant les abattoirs

Oublient depuis vingt ans les cris des chevillards

 

C'est à vendre Madeleine aux provinces de France

Les chasseurs en colonne ont tiré révérence

Le régiment parti, tes ombres à la caserne

Défilent dans le néant, tous les fanions en berne

Une grande colère a brisé les carreaux

Ton regard s'y blesse comme saignent les poings levés

Toutes les vitres cassées appelent le garrot

Rouge sang des colombes aux fenêtres brisées



Madeleine, petite, devant l'entrepôt noir

Il n'y a plus que les chats à conserver l'espoir

Et tes regrets, Madeleine, serrés sous le foulard

La gare a gardé ses bancs des grands départs

Je t'attendrai, je t'aime, à la correspondance

La caserne est à vendre aux provinces de France

Madeleine dans l'autorail tu voudrais le revoir

La micheline immobile se refuse au butoir



Je t'attendrai je t'aime à la correspondance P1000017

C'est à vendre Madeleine aux provinces de France

Les chats borgnes civils veillent sur les hangars

Tu relis Madeleine les mots qui vous séparent

Où filent enfin les rails quand on ne les suit pas ?

Et la dernière micheline qui ne partira pas

Madeleine je t'aime à la correspondance

Oh ! la plainte du train aux campagnes de France.



© Jean-Paul Raffel. 20 novembre 2011. G.



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7 décembre 2011

Les greffiers veillent sur la friche

6 décembre 2011

Aux provinces de France

Aux provinces de France, les volets sont  tirés. C'est à vendre. Tout est devenu trop grand, la gare, les rues, les jours. 

Des chats borgnes civils veillent sur les hangars.

 


P1000049

2 décembre 2011

Le premier bus passe à six heures


 La fenêtre pâlit quand vient le jour

Dans l'obscurité la sauvagine

Filait au large du halo

 

Le premier bus passe à six heures

Pour un instant se croisent

Les passagers dans leur sommeil

Et l'homme assis dans sa cuisine

 

Trait de lumière

Quelques détails entraperçus

On ne fait plus ce genre de lampes

Ni de buffet, ni de pendule

Ni de bonhomme

 

Issy-Clamart le verre fumé prend les collines

Les voyageurs n'ont pas d'époque

Mais l'insomniaque à sa fenêtre

Voit le progrès monter ses tours

 

Dans le jardin

Il y a des pommes

Jaunes, rouges et vertes

Fruits de faubourg

S'ls murissent

Ils tomberont dans la courette

Ils resteront après les feuilles

Ils rouleront au caniveau

 

Issy-Clamart les passagers regardent au loin

L'homme de mon siècle vient d'éteindre

On ne voit plus dans sa cuisine.

 

© JPR. 20 Septembre 2011. G.

 

16 novembre 2011

Un petit feu de bois vert

Un petit feu de bois vert

La gorge brûle et mes yeux

Scrutent la fumée

Dans la fumée dessinent 

Un jeu piquant

Danseurs qui passez

De chaque côté des flammes

Qui changez de côté

Je vous vois tour à tour

Une silhouette un homme

Une femme en noir

Un petit feu sous le périphérique

Où luit une braise

En miroir à l'oeil des danseurs

Une braise un éclat du bois

Sur la main

Brûle au creux de la main

Toute la scène ou rien. 

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12 novembre 2011

As-tu besoin d'un poète?




Ma Terre, as-tu besoin d’un poète
As-tu besoin que je me cache à Lann-Kerguily
A Kervel, au Nézert ?
Veux-tu que je me pose aux gorges du Corong ? 

De ces perchoirs, veux-tu que je parle de toi
Avec tous mes vivants dans leurs longs voiles d’ombres
Avec ceux qu’ils me montrèrent 
Avec ceux qu’ils m’imposèrent

Vivants qui peuplent les fontaines, la maison
Les chemins creux, les bois
Quelle langue veux-tu que j’emprunte, ma Terre
Ici on écoute quelquefois celui qui parle en vers

On l’écoute, crois-moi
Le dimanche, aux fêtes d’été, aux veillées l’hiver
Mais surtout à Plouguernével, aux hôpitaux
Et ceux qui entendent hochent la tête

Si, à quelque carrefour, je m’adresse aux passants
Je leur crie, je leur chante
- La fantaisie, la comédie !
Où sont nos navires, où sont nos amants ?

Si je tends mon papier pour leur faire lire
- Sur les ponts soupirent nos fiancés flamands…
Homme et femme se regardent
-Droch ar pardon ! Le fou du village !

Ma Terre, as-tu besoin d’un poète ?
Veux-tu simplement que je m’éloigne ?
Enfin mes vivants éteindraient leurs lumières
Regagneraient le creux des arbres

Pays silencieux à tendre l’oreille
A la fontaine seraient le reflet, le murmure
- Le voici qui marche et se souvient
Les voici qui attendent

Mais je m’éloigne
La lande a gagné sur le champ
L’ajonc sur le blé
La ronce et l’épine en couronne au calvaire.

 

© JPR Septembre 2011 G

12 novembre 2011

Vase canope

 

 J’ai réservé mon vase canope

Chez un marchand égyptien

Mon cœur s’y sèche entouré

Par

Le monde à pas de fou

Enroulé dans la poussière

De l’herbe des steppes

L’odeur âpre des sables

Parcourus par les chevaux

La poudre de terre foulée

De millions de pas en exil

De l’argile craquelée tirée

Du lac d’où l’eau s’en fut

 

J’ai réservé mon vase canope

Chez un marchand, à crédit

J’attends d’avoir payé

Pour reprendre ce cœur

 

C’est un instant redouté

Quand il faudra sentir

Autour de nous le monde

Sa soif, ses peurs

L’enfant perdu au regard

Tourné déjà vers l’intérieur.

 

© JPR 2007 MLJ 

 

                                                            

 

10 novembre 2011

Sa faux


 

 J’invite la mort à passer me chercher

A Luna Park

Quand elle viendra, j’en serai prévenu

On sait ces choses là

Tous les tickets en plus, je les distribuerai

Quelque sou oublié, je le donnerai

Un souvenir de moi, tirant à la carabine

Sur des ballons gonflés, je l’offrirai.

Durant ce temps, le wagon en cliquetant

S’élèvera dans l’air de la Courneuve

Je verrai une idée de la banlieue, le parc

La fête de l’Huma.

Un instant tout sera suspendu

Le plaisir, les couleurs, des rires de femmes

L’instant d’après, je dévalerai vers la mort

Dans les secousses du grand huit

Jusqu’au bout j’en profiterai pour rire à la vie

A l’arrivée, elle sera là tout comme il faut

Avec son suaire, ses os, sa faux

La mort ne boude jamais son plaisir

- Paie-moi un tour, soufflera-t-elle,

et tu pourras filer !

 

 

9 novembre 2011

Une histoire de liens, entre la poésie et Monsieur Quelqu'un

"Dormir la fenêtre ouverte" permet d'entendre les bruits de la nuit. Ici ou ailleurs d'autres écoutent le monde endormi, écoutent leurs rêves, les écrivent et les vivent. 

Ces pages proposent un partage de sensations, d'émotions et, je l'espère, de poésie. 

Les poèmes tissent une discrète relation de pensée entre l'auteur et les lecteurs. Chacun est donc invité à laisser une trace, un message, un lien, à être tour à tour l'auteur et le lecteur. 

Bonne lecture, bonne écoute, bonne promenade. 


Histoire déjà ancienne mais toujours vive;  Eric Ardouin, Jean Pauly, Roland Roy et Jean-Paul Raffel ont prêté leurs chansons à Monsieur Quelqu'un:  http://roy.free.fr/mqq22hzmono/index.htm 

 

 

 

 

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8 novembre 2011

Jours de Creuse

Mes jours d'eau vive près du Pont à la DaugeDSC04403

Jours au Marais dans le Moutier d’Ahun

Jours de Thaurion en suivant la rivière

Quel jour délie les jours entraînés par le flot ?

 

Mes jours sitelles la forêt sous le givre

Que l’araignée tisse au froid sur les prés

Regrets de neige à l’ombre des grands bois

Quel jour de soleil rouge aux flancs bleus de Magnat ?         

 

Mes jours de Creuse à l’orée des collines

Sur le Maupuy à guetter le silence

Sur le fortin que construisent les branches

Quel jour encore attendre que revienne le passant ?

 

Mes jours gisants à la vie de granit

Forêt du Temple vous Emma Bujardet

Morte de chagrin pour les soldats vos fils

Quel jour enfin quel jour se console la pierre ?

 

Mes jours pierre-borne près du Pont à la Dauge

Jours pleins d’été dans tous les chemins creux

Jours solitaires en pleine solitude

Quel jour le temps au temps sans bruit m’emportera ?

 

Mes jours de Creuse renaissent de la brume

Jours à la fête, à Jarnages à Sardent

Jour chaque jour de chaleur au village

Quel jour plus fort quel jour de la poignée de main ?

 

Mes jours pierre-vive, toi passant sur la route

Au paysage qui te sais passager

Suivons ensemble le vol du milan noir

Quel jour enfin quel jour reparaitre aux vallons? 

 

Mes jours de Creuse près du Pont à la Dauge

Que sont ces jours si pleins d’une poignée de main ?

© jpr 2011 G. 

 

Entendre "Jours de Creuse"? 

http://www.myspace.com/jean-paul.raffel/music/songs/jours-de-creuse-82561167



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