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Poésie par la fenêtre

16 mars 2012

Transparence


Henri_Rousseau_003  wikicommons

 

C'est bien la ville

Je reconnais les berges du fleuve

Je reconnais l'archange sur la place

Qui sont en revanche

Ces jeunes gens d'indifférence?

 

C'est bien notre place

Je reconnais le jardin

Je reconnais les chaises de métal

Qui est cependant

Ce fumeur de silence?

 

C'est bien notre jardin

Je reconnais les statues

Je reconnais le monument de Chopin

Qui sont ses regards désormais

détournés ?

                                          Transparence

 Plus un mot

Des passants parlant seuls

La musique dans les voiles

 

Vivons tous deux d'une seule âme

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16 mars 2012

Présence


P1000866

 

 

Il vente dans la maison

Une existence

elle prend aux flaques

la corde et le déluge

Elle prend au froid

ses claquements de mâchoire

Elle entoure ma voix

de peurs

de pièges

Elle cherche partout au monde

la vie quand elle se meurt

Elle dépose ses proies sur le palier

Elle emprunte des formes au vent de sable

Elle fait craquer l'escalier

 

Si le bureau garde ses papiers

Si la bourrasque tourne

sans emporter la moindre feuille

C'est pour mon regard arrêté dans l'instant

je pense à toi

je pense à toi

je pense à toi

16 mars 2012

Imperceptible éclair

P1000741

 

 Ils marchent dans la ville

Sur les tapis mécaniques

Dans les files du matin

Les tourniquets leur laissent le passage

Sur quatre étages ouverts à St Lazare

Ils inondent les couloirs

Les escaliers

La place centrale

Ils se posent enfin

En tête de la rame

Qu'aspire le tunnel

La mélodie parfois si douce

Masque le vrai monde

J'entends ce qui résonne

Les battements de cœur

S'échappent des écouteurs

Sur la ligne 14 à Chatelet

Ils ferment les yeux

Est-ce toi Jim Morrison

Qui bat dans leur poitrine ?

Est-ce toi Janis

La fille au sourire en face

L'imperceptible éclair

A l'ombre de ses paupières ?

 

16 mars 2012

Une heure ou l'autre

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Quelle heure est-il dites-moi

Dans les poèmes d'aurore et de soleil

Que vous lisez passé minuit ?

Quelle heure est-il à l'heure cruciale

Si vous refermez le roman ?

Quelle heure est-il à la frontière

Si la frontière est abolie

Là je découvre et tout arrive

Là j'ouvre l'oeil et vous dessine

A l'instant même tout se crée

Quelle heure est-il à la maison

Car la maison s'ouvre où je vais

Je porte la montre sans aiguille

Le carillon sonne à sa guise

Une heure ou l'autre

Qui s'en soucie ?

 

 

16 mars 2012

Nuit vers la nuit


P1000341 

 

Nuit d'une rivière sous les arches du pont

Seule présence, la force des eaux

Seule amertume, être dehors, le goût de terre

la brume venue par la rive, par le froid

Seule attente, l'oiseau et le matin

De l'autre côté, le village montre le dos

Quatre écorchés jouent les arbres en silhouette

Immenses plaintifs ils encadrent

la veille, une lumière en faction

Cent lumières seraient les hommes

Aucun halo serait leur sommeil profond

Une seule que dit-elle ?

Qui guette ici, qui n'attend plus ?

Des livres à son côté, des aiguilles, un ouvrage

Posés sur la table : la théière

un stylo, le journal d'avant-hier

Nuit vers d'autres nuits sous les arches du pont

Qui s'endort dans la chambre voisine

Et laisse sa fenêtre pour seule sentinelle ?

 

 

 

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15 mars 2012

Il y aurait un chat


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Il y aurait un chat

Celui-ci vivrait partout dans la maison

Essentiellement

Dans la chambre à coucher

Ah, le lit !

Dans le salon

Ah, le fauteuil gris !

Et dans le jardin

Ah, le buisson, la pierre, la lavande !

La nuit j'entendrais son pas

sur le plancher

Il rentre de la fête

A regarder le ciel assis sur le balcon

Avec le chat de la voisine

Qui n'est pas son ami

Je sentirais sur ma main

Ses pelotes froides

Et je saurais

Qu'il est bientôt l'heure

de me lever

Je poserais un moment

la paume sur son sommeil

en pensant à des mots

couette, débonnaire

roi fainéant,

Il y en a qui ont de la chance,

il y en a qui sont payés

à ne rien faire

Puis, sans le réveiller

je marcherais vers la salle de bain

en frottant mes tifs

Est-ce que la journée sera bonne

Est-ce que le temps, de temps à autre

Ronronne ?

 

 

15 mars 2012

Pommiers d'Altaïr

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Cette heure tourne devant les pommiers

Nous rendrons ce matin notre sentinelle

Car rien ne viendra plus depuis les vallons

Toujours le même et déclinant

Un cri de mourant entouré d'enfants

Je vis je vis je vis

Depuis le vallon

A jamais en rage et la source est tarie

C'est surtout la lune et les deux étoiles

Sirius Canopus

Qui rendent la nuit plus froide

Si l'homme s'observe sous le glacis

perfore la solitude pour crier encore

Sa plainte s'enferme dans sa main

Je vis, je vis je vis

Et alors, vis donc et tais-toi

Ecoute bien la rumeur s'éloigne

Vis donc et résigne-toi

Car s'ajoutent

Bételgeuse, Altaïr, Aldebaran

Même les pommiers sont bleus et transis

Leurs fruits à peine mûrs roulent dans l'ombrée

 

 

15 mars 2012

Le bois flotté


 Le bois flotté

Les cargos qu'entraîne le Kuro Shivo

Mon corps à la dérive d'Ouest

s'éloignent et fuient nonchalants

L'usure, les flottements

La rouille, le sable

Les fuseaux horaires

Les traits du temps

Que balancent mollement

l'Atlantique

et tous les océans

 

Sur la rive

A la ramasse

derrière la marée

les ossements du bois flotté

on y voit ce que l'on sait déjà

Sans trop y croire.

 

7 mars 2012

En porte aval

7 mars 2012

Paroles En porte aval

 

Ma mère ces mots pris sur la lande

Que je te souffle au fil de l’eau

Et qui s’en vont plus loin sur l’onde

Vers Brest

Passée l’écluse en porte aval

D’un bief à l’autre sur le halage

Pont de Gouarec, aux clos de Maël

L’eau du canal

 

Pour toi ces mots

Brassée d’ajoncs

Des iris en dérive

Rien qu’une histoire

Posée vers Brest

Sur  l’eau

Passée l’écluse en porte aval

D’un bief à l’autre tourner la page

Port-de-Carhaix, pont de Glomel

L’eau du canal

 

Spleen mélodie

Des vieilles amours

D’un vieux pays

D’un vieil enfant

Jamais guéri…

 

Je suis au doigt

Sur ton portrait

L’eau des regrets de lande

Je vois par la fenêtre

Le fil des mots vers Brest

Passée l’écluse en porte aval

D’un bief à l’autre, l’eau se partage

Vers Landeleau ou vers Spezet

L’eau du canal 

 

Peut-on  savoir au fil de l’eau

Qui restera au soir

Au fil des mots

Que je t’envoie vers Brest

Passée l’écluse en porte aval

Et tes yeux verts

Au paysage

De Carhaix jusqu’à Maël

Sur le canal

  

Spleen mélodie

Des vieilles amours

D’un vieux pays

D’un vieil enfant

Jamais guéri…

 

© Raffel/Raffel juin 2007 MLJ


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