Orage
Nous marchons tu le sais entre deux longues colonnes d’orage
C’est pourquoi j’invite l’oiseau à m’apprendre sa chanson
C’est pourquoi je prolonge chaque hirondelle de son sillage dans le ciel
Je change la couleur à chaque hirondelle
Par la chanson de l’oiseau je murmure à ton intention des paysages
impossibles à voir sans être perché sur les peupliers et qui changent à l’aube
Avant de rouler dans l’herbe, je murmure les jeux dans le pré,
bouton d’or sous le menton, coq, poule, poussin,
Nous marchons entre deux longues colonnes d’orage,
Leurs nuées prennent le souffle au sommet de la côte
Vite, suivons les vols, la couleur au plus près du sol
Vite, fermons dans la remise tout ce qui coupe, blesse, frappe
Il est trop tard pour gagner la rivière, les baigneurs cherchent un abri
Il est trop tard pour les rejoindre, fais leur signe, au moins
Nous marchons tu le sais entre deux longues colonnes d’orage
Ne presse pas le pas
Est-ce l’oiseau blessé qui bat de l’aile, est-ce l’aile qui bat, est-ce le vent ?
Couchons-nous sur le pré, sous l’arbre, où il ne faut pas
Par la caresse de l’oiseau contre nous serré je te montre un paysage
On ne le voit que de très haut qui perce les nuages
Tous deux dans le soleil, le ciel bleu dans le dos
L’oiseau là-bas sous l’arbre entre deux sacrifices
Mais les baigneurs reviennent et les jeux dans le pré
Je suis comme toi l’herbe foulée, le peuplier, le chant de l’oiseau
Je suis la terre comme toi après l’ondée, le murmure et la source
© JPR 23 Mai 2012