Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Poésie par la fenêtre

16 mars 2012

Le métro et bon vent

 

 

P1000701_2

 

 

Le métro et bon vent

Ce sont mes préférences

Tous les mots se valent

Pour dire la distance

Je pourrais chanter

La plage et les galets

Ce serait toujours

le train, les gares

Le départ en instance

Stances aux nuits sur les rails

Et nos jours qui déraillent

C'est facile de dire adieu

Mais adieu pour toujours

Chaque jour

Salut ma blonde

Au revoir à jamais

Je suis comme un marin

Qui rame sur le goudron

L'autoroute aussi

Pour te voir

Mais par inadvertance

Au péage

Le zeppelin et bon vent

Ce sont mes préférences

Tous les mots se valent

Pour dire la distance

Et le mot cheval

Galoper dans les rues

Galoper l'existence

A se courir après

Stances au petit matin

Chanson de circonstance

Publicité
Publicité
16 mars 2012

Soldat inconnu

 


P1010260

 

Le buffet de la gare a été démoli

Il fallait peut-être faire table rase

Dans les décombres, un tas d'ennui

Des poutres, du passé, de la pierre

Une fenêtre malgré tout reste éclairée

Derrière la vitre, un soldat inconnu

Il est de retour et sa femme

ne l'attend plus

Je ne sais à qui en parler

Personne ne veut savoir

Un gamin venu au moins de Bosnie,

Avec un chapeau Panama

Ne veut pas croire à mon histoire

Un couple d'âge certain sur une moto

soviétique passe son chemin

Je croise le regard du soldat inconnu

A travers la fenêtre

Triste bien sûr de ses blessures

Triste de sa longue absence

Triste de n'avoir pas été

plus longtemps attendu

Je croise le regard du soldat inconnu

Sur le trottoir, une dame compulsive

tape sur son portable le numéro de Dieu

- C'est un faux numéro, vous n'avez plus de forfait

essayez les urgences, lui crie le soldat

Aussitôt je le reconnais

- Vous êtes l'homme de l'horloge parlante !

C'est votre voix, c'est votre regard

Vous êtes tout ce que je j'imaginais

Le soldat a un beau sourire

Un beau sourire un peu perdu

Un beau sourire qui gagne à être connu

Entre temps la dame a joint son correspondant

Elle s'éloigne en minaudant

Le soldat et moi nous nous saluons

Dans le reflet nos gestes se répondent

Lui et moi n'en avons plus pour très longtemps

Je ranime la flamme de mon briquet

Derrière la fenêtre désormais aussi noire

que feu le buffet de la gare

je le devine

Je devine son sourire aussi

Demain la grue emportera les débris

Et qui voudrait me croire ? 



16 mars 2012

Changement de lune


 P1010239

 

Les matins suivent les matins

Nos petits fiancés se retrouvent près du bois

L'enfant traverse la rue Mirepoix

Les vieux suivent leur pente

Un homme guette à sa fenêtre

- J'aurai du travail.

Nos petits fiancés échangent des baisers

L'enfant traverse la rue Lebrun

Les vieux suivent leur pente

-J'aurai du travail demain

Chante l'homme à sa fenêtre

Nos petits fiancés se font des promesses

L'enfant traverse la rue Riquet

Les vieux suivent leur pente

-J'aurai tant de travail demain

Chante doucement le fossoyeur

Tandis qu'il tire ses volets

Je vois la lune déjà présente

Au-dessus du cimetière de Limoges

Des longs convois y pénètrent

Voici nos petits fiancés au douloureux serment

Voici l'enfant traversé par la rue

Voici nos vieux rattrapés par leur pente

Changement de lune, fermez vos parapluies

Chante encore l'homme, à sa fenêtre.

 

16 mars 2012

Soirée

 

P1000758 

On avait mangé

Un peu trop un peu trop

La soirée s'était passée gentiment

Bien sûr certaines discussions

Etaient un peu à côté

Mais à côté n'est pas si loin

N'est pas si loin

Fallait-il les filles avorter

L'orphelinat, les trop petites

Le capital la finance

les communistes

Fallait-il la raison garder

On avait mangé

En famille

La soirée s'était passée gentiment

Autour d'une oie ou d'un canard

Fallait-il la viande manger

La corrida,et le climat

Et les voisins

Et l'hôpital et la sécu

Les vacances au bord de la mer

Là sur le sable on s'est quittés

On reviendra une autre fois

Passer la soirée gentiment

Le train de banlieue traversera

La nuit de l'Ouest parisien

On longera l'autoroute

Une ambulance près de la Seine

Lumière en bleu lumière en Seine

A Porcheville près de l'usine

Près de l'usine.

 

 

16 mars 2012

La montre

 


P1010055_2

 

La montre contre ma tempe

Grignote le silence

Tous les pas dans la neige

Toutes les gouttes d'eau

La marche vers les trains

Les trains dans la ville

Ta porte enfin qui s'ouvre

 

La montre contre ma tempe

Le sang qui se démange

Le temps à tant attendre

C'est une montre ouverte

Avec un nom spécial

On voit le mécanisme

La position du cœur

Et puis le cœur qui bat

 

A leur place les feuilles

Dans le lit la rivière

Ici tout se déroule

Et semblerait tranquille

Si au lieu de la montre

J'entendais ton soupir

Si au lieu du silence

A guetter les aurores

Pour le chant d'un oiseau

Je posais mon oreille

Au chaud sur ta poitrine

 

La montre contre ma tempe

Porte au moins ce voyage

C'est à toi que je pense

Tous les pas dans la neige

Toutes les gouttes d'eau

Le vent dans les persiennes

A chaque assaut du temps




Publicité
Publicité
16 mars 2012

Le chien victime des cadences insensées


IMG_0092 

 

Voici un petit chien collie

Il joue sous les roues d'un tracteur

A la fin de ce récit, il sera mort

Je pourrais faire autrement

Mais sauver un petit chien qui n'existe pas

Est au-dessus de mes forces.

 

J'accorderais à cette histoire

Un des préludes flasques de Satie

Le maître me pardonnerait

Mais pas le chien

Voici justement un de ses congénères

 

Une cour de ferme

Image arrêtée

Tout stoppé pour nous qui regardons

Troupeau des oies, parquet de gallinacées

Cochon qui s'en dédit

Soudain moteur !

 

La basse-cour s'anime

Les oies, agressives, poursuivent

Les poules ont elles un regard

Rouge ou noir ?

Le petit chien sort de sa cachette

 

Le facteur arrive à toute berzingue

Obligé à des cadences insensées

Par la mutation des Postes

Voici le petit chien dézingué

Par la voiture du facteur

 

Pauvre petit chien victime

Je vous l'avais dit qu'il serait mort

A la fin

Il fallait arrêter de lire

 

Maintenant c'est trop tard.

 

 

16 mars 2012

Le grand orchestre d'Issoudun

 


Anniversaire Valentina 067 

 

 Revenons à la gare d'issoudun

Ne dites pas que vous n'êtes pas prévenus

Les personnages se figent en attendant leur tour

Revenons à la gare

J'y place contre toute attente

Un orchestre symphonique sur les voies

Jouant des musiques de film

Ce n'est pas votre histoire

Admettez cependant les jeunes gens

Découvrant Dmitri Shostakovich

Toujours solitaire

La valse de notre dame en rouge

Serait pathétique sans votre intervention

Car vous la prenez dans vos bras

Attention au ballast

Attention au cor d'harmonie

Attention à tout sauf à l'amour

Qui sait si ce soir en pensant à elle

Vous n'aurez pas l'envie soudaine

D'écrire sur la gare d'Issoudun

Quand nous serions deux, cent ou mille

A produire des vers libres

Croyez-vous qu'ils illumineraient

Les voies et les cœurs autant que votre geste

Si simple

La valse de la dame en rouge

Aux bonheurs sur la voie

Où donc vont les rails quand on ne les suit pas ? 

16 mars 2012

Ceux qui s'attardent

 

 P1000738


Sur le plateau

Voici qui ressemble à notre commande

Je connais le garçon

C'est un vieux gars à la coule

Il nous dira deux mots avec les verres

La monnaie dans une poche de son gilet

Ceux qui s'attardent n'ont personne

Je les connais aussi

Autour d'un café

Autour d'un Perrier-rondelle

Il y a des dames

Mais on ne fume plus

Alors de temps en temps

Elles sortent sur le trottoir

J'en profite pour écrire

Ce portrait malgré tout

Personne ne s'attarde

Je connais le garçon

A part les habitués derrière le rideau

Et le rideau tiré

A part le café et le Perrier-rondelle

Il y a un prince et un plombier

Grand lecteur de journaux

Entre Porte de Versailles

Et Corentin Celton

Tandis que le garçon balaye

16 mars 2012

Conscience

DSC04401

 

Sous les cerisiers en fleurs

Rien à expliquer, rien à prouver

La vallée est un parfum

C'est une première fois

Croiser un habitant

Croiser la vigie

Croiser le choeur antique

Entendre une seule voix

Rien ne vient, rien ne se passe !

Mais les fleurs déjà sur la colline

Se fanent

Le parfum plus âcre se répand

Le foin, l'herbe mouillée

La pluie avant la pluie

Les tiges d'oeillet chez la fleuriste

C'est bien une première fois

Une conscience

Rien ne vient, rien ne se passe

L'homme aperçu

Ne voulait pas savoir

Quelque chose a changé

Qui vient de l'avertir.

 

 

16 mars 2012

Pensées d'hiver

P1000887

 

 

On brûle des restes d'hiver aux jardins

A travers les flammes et la fumée

Les disparus reprennent des couleurs

Un instant

Cette visite explique le silence

A nourrir le feu, chacun projette ce qu'il peut

Tandis que craquent les branchages

La braise attire le regard

Les vagabonds entre les brandes

se hissent, du néant aux tisons

Vers la buée, le jardin, l'horizon

La nuit venue, un petit froid s'impose

Il faut quitter le feu et tous ses repentirs

A distance debout derrière la table

Ou bien le front sur le carreau

regarder le feu s'éteindre

Le froid, le froid et l'herbe bleue

Les souvenirs.

Publicité
Publicité
Publicité