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Poésie par la fenêtre

6 mars 2012

L'heure d'été


 On passe à l'heure d'été

C'est une autre habitude

C'est qu'on est désoeuvrés

Et que tout est plus cher

Tout passe à l'heure d'été

Le ciel, le marché, la mer

Les cabas, les araignées

Les petites grand-mères

Une heure après le ciel,

Une heure après les bruits

Les cris du marché

Un homme sur la place

apparaît

Il marche à l'heure d'hiver

Décalé

Dans son panier, il met

Des pommes tapées

Des poireaux poitrinaires

Des oranges de ruisseau

La peau du lard

Sa poitrine à peine

désossée

Heureusement, il feint

De nous ignorer

Notre attention

et un peu de tendresse

Trépassent ainsi de l'heure d'hiver

A l'heure d'été

Sans jamais s'en faire

Sans vraiment regretter

 

 

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4 mars 2012

Les champs d'amour


DSC04785

 

 

Nous nous sommes arrêtés sur l’aire des champs d’amour

Il y avait surtout des champs et peu d’amour

Les gens mangeaient en regardant les gens manger

Le regard fixe dans l’hypnose autoroutière

Ils étaient entièrement voués au voyage

Plus encore, au déplacement.

Tous vivaient au ralenti, l’aire est une parenthèse.

Soudain, ils sont arrivés.

Je ne voudrais pas que ce texte soit trop léger

Mais Elle était aérienne. Lorsqu’elle ôta son caque

Il en fit de même, ils s’embrassèrent.

Le baiser sembla donner une saveur nouvelle

Aux petits pains qui fabriquaient de la sous-couche

Pour  ceux qui les avalaient.

Ce baiser luttait à lui seul contre les lipides

Ce baiser inaugurait l’aire et lui rendait son sens.

Les gens s’entre-regardèrent.

Papa regarda maman, tata regarda tonton

Et Boubouche, me direz-vous ?

Il regarda Minouche.

Papa remonta son jogging sur son nombril

Maman passa la main dans ses cheveux

Tata fit un bisou à tonton. Tonton haussa l’épaule.

Et Boubouche, me direz-vous ?

Il regretta Minouche, alors qu’elle était là.

Le motard remit son casque, sa passagère le sien.

Elle enfourcha la moto en le tenant aux épaules.

Les gens mirent le manger en direction de leur bouche.

La moto soudain prit de la vitesse.

La fille et son motard faisaient salut du pied.

Le manger, un instant arrêté, rencontra les dents.

L’un instant d’après, le jogging redescendit sous le guili.

Les gens mangeaient en regardant les gens manger.

1 mars 2012

Tout n'est rien (*)

 


DSC04195


Tout cela. Tout, n'est rien                                   

Même le défilé des armes

Même l'exposition de cabriolets

Même le champ clos des riches

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien

Même une fête entendue

Dans un roman ancien

Même des rires de rire au jardin public

Même les balançoires emplies d'enfants

Même la course le ballon, l'autre équipe

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien


Même la victoire et les rues pavoisées

Même la course un amour les bras resserrés

Même le sourire à la fin du baiser

Même le sourire avant le baiser

Même de tourner sur la place enlacés

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien

Même le soleil un instant dévoilé

Même la place un instant illuminée

Même la victoire un jour de plein été

Même des rires puisés dans un roman ancien

Même de t'aimer

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien


A la fin, même à la fin

Qu'une seconde encore pour me persuader

Que tout n'est tout qu'un instant

Avant l'infiniment rien. 


(*) Ce texte et son "tout, n'est rien" ont ouvert une discussion sans fin. La chanson du même titre ne clôt pas le propos (!).  


29 février 2012

Distance



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     DSC00483     DSC00485       
 

Histoire sans Paroles. Photos  ©  DB 2007  


Sur l'estran rien de neuf

La mer et les falaises

s'observent au loin

L'enfance est toujours présente

 

Ce qui change ce qui change

Le goût des algues

La bouche pleine des cris d'oiseaux

Ce qui change

Même à courir contre le vent

Hier, noir, les flancs couverts de sel de sable

Eclaboussé d'écume

J'étais la bête et le cavalier

La poursuite, la fuite, l'encolure, les présences                                              

Hier j'étais l'écume

 

Ce qui change

Le pas tranquille contre le temps

S'il arrive encore que jaillisse

Quelque galop hors de la vague

La mer et les falaises

s'observent au loin

Je n'entre plus dans le décor

 

28 février 2012

Par les détours

Rencontres et moments forts.

Chansons et poésie: de celles qui marquent et que l'on veut retrouver.  

 

A l'occasion du printemps de poètes, l'auteur "des livres ouverts" a publié une anthologie de poèmes ayant pour thème l'enfance.

Des classiques, des découvertes, de la belle écriture: 

http://livresouverts.canalblog.com/archives/2012/03/18/23788620.html


Louis Capart et Marie-Jeanne-Gabrielle. J'aime voir le public de cette video. Heureux. 

 http://www.viddler.com/v/d7d9392a

 


Allain Leprest

 


 

 http://lafreniere.over-blog.net/   

 

 "Salut à tous ! Je ne suis pas présentable, paraît-il. J'ai habité treize ans avec un loup, c'est vous dire" 

 

Jean-Marc La Frenière


Joli lien:  voir les poèmes de l'auteur -"vents contraires", l'index des poètes...les images, la couleur, Allain Leprest. 

http://christianeloubier7.over-blog.net/

 "Et ceux qui viendront 

 Viendront-ils jamais"     Christiane Loubier


 



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27 février 2012

Analecta

collage

 

Sur le Pont-au-Change personne désormais

Le poème s'enfuit avec la mélodie

Des flâneurs, des regards, vous esquissent parfois

Mes oublis, mes amours, mes témoins pour la vie

 

Le jour, l'heure et le pas effacés du portrait

Graves inconnus - qui et quand ?- sous le calque

Le poème s'enfuit avec la mélodie

La noce sans mariés, le parquet sans la valse

 

Mes oublis, mes amours, mes témoins pour la vie

Je n'ai pas deviné l'esquisse de vos traits

Aux miroirs des brocantes, aux gestes des passantes

 

Pour le souvenir personne désormais

J'ai si bien effacé tous les mots

Et vos noms rapportés au deuil des oubliés

 

 

© JPR G. 26 février 2012

24 février 2012

Sous la statue de Vulpian


Fichier_Troubles_%C3%A0_l%27%C3%89cole_de_m%C3%A9decine_de_Paris_1910_(1) Source Wiki Commons


La rue Monsieur-le-Prince

La rue Antoine Dubois

La statue de Vulpian

Assis sur les marches

Je t'attendrais encore

Sans le vent, les passants

Les jours délavés

Les pauvres gens

Les étudiants

 

Attendre c'est dedans

Le poing contre la poitrine

Sans le montrer

C'est respirer un peu

Un peu plus fort au bruit des pas

Et tant de pas près de Vulpian

 

La rue Monsieur-le-Prince

La statue peinte en rouge

La rue de l'Observance

 

Assis sur les marches

Jouer aux dés contre le temps

Je suis ton passant ton étudiant

Je suis les pauvres gens

De chacun de mes passages

Passage Vulpian

Je suis l'ombre délavée

Sous la statue

La trace d'un feu sur le pavé

 

Gagner cinq jours au jeu de dés

Te voir enfin descendre l'escalier. 





23 février 2012

Utopie d'Orwell

Cette chanson est dédiée à Jane Rose Kasmir. Peut-être, d'un post à l'autre, lui parviendra-t-elle...

Entre la militante pacifiste de 17 ans qui, le 21 octobre 1967, oppose une fleur aux baïonnettes et le baba cool de la chanson, il y a tout un monde. Mais ce monde est non-violent. Comme des millions d'autres personnes j'ai été définitivement impressionné par la force symbolique  que le photographe Marc Riboud a su capter dans ce cliché.

La photo est sur le site de Marc Riboud :

http://www.marcriboud.com/marcriboud/accueil.html

Tous les petits et les grands Brothers, les ici-mieux-qu'en-face, les civilisation-contre-civilisation devraient l'observer avec une grande attention.  

 

19 février 2012

Paroles d'Utopie

 (Ecouter la chanson  http://jeanpaulraffel.canalblog.com/archives/2012/04/26/24077702.html)

 

Je la croyais ma vie comme un rêve américain

 Sur la fin des sixties

 Y avait des filles qui tendaient des fleurs aux chiens

 Leur amour aux fusils

 Et leurs seins à la vie

 Et leur vie contre la guerre et la folie

 

Je la croyais ma vie comme la suite de l’an 01

 L’amour en farandole

 On jetait nos clefs au loin vers l’océan

 On s’aimait entre voisins

 Sous les draps pour la vie

 Et nos vies contre les guerres et les fusils

 

 Je la croyais ma vie comme un baiser plein la bouche

Ah les fanfares dans les squares

Des gamins qui rient

Loups secrets dans les  jardins

Quand les soldats jouent aux boules

Tout le monde pour la vie

Tout’ la vie contre les guerres et la folie

 

Baba cool

Tu vas pointer chez Mittal

T’as pas trouvé Katmandou

T’aurais du suivre tes sandales

Si ton bus passe le contrôle

Baba cool reviens

J’t’aimais bien

 

J’croyais pas la vie exposée  aux caméras

Du porno sécuritaire

Dans chaque cop sommeille un homme

Le shérif est un voyeur

On devine la fin du film

Un vigile sur l’épaule pour la vie

 

J’croyais pas la vie qui fait la gueule en photo

Le sourire interdit

Surtout cachez bien la joie

Haut les mains rigolos

Le nez rouge au dépôt

Champ stérile sur la vie

Plus d’éclat, plus de colère mais plus de vie

 

 J’la croyais ma vie dans un monde libéré

Voici l’ordre moral

On cache les seins d’la pensée,  des immigrés

Des chômeurs, des prostituées

Aux Eglises on préchouille, à la bourse

On bouffe, on jouit,  on boit: « Champagne ! »

 

Baba cool

Vaut mieux r’tourner tes sandales

Et filer vers Katmandou

Ici on roule pour Mittal

Tu passerais pas les contrôles

Le brother a grandi

 Baba cool

© Raffel/Raffel 2012

 


 


 

17 février 2012

Compagnon de voyage

 

 P1100547 photo D.F. 

 

 La main, la peau, le vent du Nord bleuis d'alcool

Les mots dans le pétrin, le cheveu à la gnôle

Les yeux tout près du débarquement

La langue sur le pont de charge

Jours de crue aux ruisseaux de pinard

Les trottoirs d'un bord à l'autre

Poussent la défaite du marin

L'enfant de sa mère cherche sa tombe

Hein la patronne !

Tous les garçons punis roulent dans leurs doigts

Le rouge à l'odeur de rouge

Voici le temps d'aller crier dans les cours

Le manifeste de l'ivrogne

Bande de salauds, bande de salauds !

Dans le panier à salade

L'odeur de pisse les flics pâlots

Rue de la gerbe

Bande de salauds !

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