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Poésie par la fenêtre

16 février 2012

Caravane

 

 

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 Ces pays de marécage n'offrent aucun répit

Le voyageur se repère à la ligne sombre

L'horizon des passants

Né dans la colonne

Il suit

La neige, la pluie, la brume

Le dos du précédent

Il est

Le dos pour le suivant

La brume et la nuit

L'horizon à bras tendus

Le bruit des pas, la nuit, les flaques

Ces pays de marécage n'offrent aucun répit

Maintenant l'ombre se tend

L'horizon des passants

Arcueil, Gentilly

Le reste du monde

Caravane

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15 février 2012

Il s'endort sans scrupule

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 J'écrirai demain une berceuse à l'éveil

C'est plus difficile à faire que la même

Au soir

Cette chanson comportera des sonorités

Que seuls quelques chiens bien entraînés

Pourront quelquefois reproduire

Le premier couplet parlera d'une ouvrière

Perdue dans le grand froid des fins de droits

Il s'agit d'une complainte

Le seul instrument pour l'interpréter

Est une manifestation de rue

Le second couplet parlera des enfants

Tous les enfants nombreux de l'ouvrière

Qui chantent le ventre vide

Les seuls qui se souviennent des paroles

Sont les souvenirs de ceux de Billancourt

Le troisième couplet, que précède le refrain

Fait rimer désespoir, soir, poire et foire

A la fin le refrain foire aussi et tout ainsi

Avec son casque stéréo un petit actionnaire

L'écoute en suçant mon pouce

Il s'endort sans scrupule

C'est le titre de la berceuse

J'écrirai demain une berceuse à l'éveil

C'est plus difficile à faire que la même

Au soir

 

 

9 février 2012

La neige

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Sur le trottoir, rue de Rivoli, chaque homme ce matin

Etait un homme noir pieds nus dans la poussière

Directement passé de la corne d'Afrique

à la station Châtelet et portant le linceul d'un

tout petit enfant.

 

Chaque homme ce matin était pris par la police

C'était un très jeune homme venu d'Afghanistan

qui cherchait l'Angleterre

Ce matin, rue de Rivoli mais aussi Pont-au-Change

et partout dans Paris

Chaque homme, chaque femme grelottait

pour un bol de soupe chaude au camion de maraude

 

Dans Paris, ce matin, mais aussi vers midi

et jusqu'à la fin du jour

Chaque homme était sans papiers 

Il allait sur ses huit ans, il suivait ses parents

qui suivaient les agents qui suivaient la consigne

 

Chaque homme aujourd'hui était une ouvrière d'usine

chômeuse à cinquante ans aux provinces de France

Tous, coude-à-coude, regardaient les vitrines

A 13 heures et 20 heures

La neige dans la télé tombait sur les stations

La neige gelait tous les légumes

La neige obligeait Marie-France à mettre un pantalon

La neige rendait la route glissante

La neige encombrait le canal

 

A la fin du journal

Chaque homme machinalement retournait la télé

Pour y voir à nouveau la neige retomber.

6 février 2012

Février 1956

 

Février 1956 sur les rails recouverts de froid

Au passage du chasse-neige les corps des sans-logis

sautaient sur le côté, le long des voies

Cet hiver se poursuit sans jamais varier

Les mains sur le feu parce que la nuit tombe

P1000627Toutes les couleurs du gel sur les amputations

Je ressens les hommes et leurs frissons

Tous les animaux couchés dans les fossés plein d'eau

La tête des chevaux

Sur les rails recouverts de froid je marche

Mon temps s'efface au lointain

Plus loin, le pied s'enfonce dans la boue

La glace est si fine ici, on y passerait la jambe

Nous poursuivons mouillés et sales

La poésie joint toutes les rives

Hier sous le manteau des mères

Aujourd'hui au marais

Demain à l'embâcle des corps

Février 1956 au sourire de violon

A ma bouche le sein nu

d'une statue du parc.




 

 

2 février 2012

D'un pas sur l'autre

 Je ne dors pas

Cette berceuse de Armas Järnefelt

Est l'exacte musique pour marcher

Dans la campagne

Tout est tranché

Blanc ce qui n'est pas route ou rivière

Le goudron, l'eau, noirs et fumants

Quand la berceuse sera achevée

Le soleil aura disparu

Je ne dors pas

Le lièvre sur la neige s'arrête et guette

Le monde derrière la vallée

A d'autres couleurs, paraît-il

Je ne dors pas

Un pas puis l'autre sans laisser de trace

Glisser d'un pas sur l'autre

Au-dessus du goudron

Au-dessus de l'eau noire, où naissent les brumes. 



La berceuse de Armas Järnefelt

http://www.youtube.co/watch?v=rA8pd5D9T9o&feature=related

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2 février 2012

Jours de Creuse

2 février 2012

Tout n'est rien

 

  A la belette qui se cache dans mon jardin.   

 

Le Tout, n'est rien, posté dans l'Ephéméride  est devenu une chanson. Une chanson, ce n'est vraiment rien du tout. Au monde, elle est dérisoire. Pourtant parfois, une chanson c'est un monde.  Ainsi, Marie-Jeanne-Gabrielle, de Louis Capart, entendue pour la première fois face à l'Ile Grande. J'ai arrêté la voiture devant l'estran.Ce n'était rien du tout. C'était Tout. Lorsque la chanson s'est terminée, j'ai regardé la mer: il manquait quelque chose. Depuis, quand je passe dans ce coin, j'allume la radio...Merci M.Capart

 

 Dormir la fenêtre ouverte en musique: Chansons

 
1 février 2012

Le camp des roms

Les grilles étaient là bien avant

Entre le terrain vague et les immeubles

Le camp des Roms est par ici

Vers la province et loin de Paris

A trois rues de la gare d'Austerlitz

On a découpé ses frontières

Dans un champ sur les rives du Danube

L'herbe pousse verte et grasse

Entre les buissons dans l'herbe haute

Personne ne passe

Les gens, les enfants, les policiers, la mairie

Personne ne reste

Ces berges ne donnent sur aucun fleuve

Tous les papiers tous les débris,

Toutes les couleurs des déchets

Le drapeau en charpie

Flottent en tous sens

La boue souille tout le blanc le bleu

Le rouge au vent des sacs

Des bâches, des planche, des tôles 

 C'est Noël, et alors ?

Un camion a posé trois chiottes une benne à ordure

Personne ne vient personne ne viendra

La fumée dense et trop noire au-dessus

Le camp à cinq heures attrape la nuit 

Mais le train entre dans la capitale

L'oubli, le froid, les tricots de ces dames

Ont des trous dans les manches

Des couleurs du dimanche et de fond de pelote

Les enfants ont des prénoms je crois

Marko, Mileta, Suljo, Tarik, Nela, Vedrana

Petits enfants le long des voies dans leurs tricots trop grands

Les yeux noirs en silence attendent sous la pluie

 

14 janvier 2012

Jours de banlieue

Le train de banlieue, train, long, train court, ne facilite pas les rencontres. 

Le plus simple serait encore de s'y retrouver. De s'y retrouver soi-même. 

Les bruits du vent sur la video sont simplement l'effet du vent sur un téléphone portable, près des berges de la Seine. 

Tous les jours, tous les jours pendant des années. Les gens, même gens, toujours, dont je fais partie, à la même heure. 

L'hiver nuit. Au printemps, pluie.  L'été, ah! l'été.  L'automne nuit et pluie. 

Voici les cheminées de Porcheville. On est arrivés. 

Panne de train dans les bois, le marais, sous le pont de l'autoroute. Bon j'irai pas à mon cours de cool Raoul. 

 

14 janvier 2012

Ne rate pas ta vie, ne rate pas ton train

 

 

 

 

 

 

Dans le train de 7h57, tout le monde se connait. Gare à toi si tu n'as pas d'amis, tu voyageras debout!

 

Une chanson enregistrée avec les Faussaires. Histoire amicale et fraternelle. 

 

Les Faussaires, en vrai: 

 Fusion des Faussaires
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