Le Double
J’avais un double, il est mort
Profitons de son enterrement pour nous enivrer
La vérité je n’en ai pas
Mais je devine nombre d’amis dans le refus
Au bout de la ligne, les voyageurs descendent
Je m’absente
Qu’est-ce que cela coûte, allez, de le pleurer ?
J’avais un double.
Maintenant, je dois tout faire moi-même
Vous écrire pourquoi pas, si le soleil s’apaise
Mon double jeune franc et beau
S’éloigne sur un catafalque
Tandis que la foule l’emporte
Je reste seul à contempler mes mains
Pourtant, j’ai l’âge de mes émois
Seize ans peut-être, sous un pin
Il avait les cheveux rouges, il aimait ton parfum
J’étais un seul alors à te tenir la main
Il est resté au café près de Solidor
Je ne l’ai su que bien plus tard
Je voyais disparaître ma part de fantaisie
Dans le miroir mon double laissait sa place
Dans le miroir mon double prenait ma place
Un décor d’été tant de jeunes gens
Tout était neuf, il est resté
Sous les pins, les jeunes gens et notre amour
Tout est plus lourd, mon double est mort
Voilà bien un texte lugubre
Je le réciterai devant les assemblées
Pour faire pleurer de joie
© JPR 16 juin 2012