Mazurka
Oui, le disque est toujours là et je l’écoute parfois
Mais lorsque j’entends la mazurka
Si l’escalier craque, c’est la fatigue du bois
Tu ne viens près de moi qu’à force de souvenir
La vallée, au moins répond à la musique
Elle joue au nuage, elle se voile d’eau
Oui, le disque est toujours là, je l’écoute sans cesse
Parfois, je vois tes doigts sur le clavier
Mais lorsque j’entre dans la pièce, la musique s’arrête
Un piano fermé c’est un ami qui vient de rompre
On l’installe chez soi en attendant qu’il se retrouve
On peut lui parler certes, mais il ne répond pas
Oui, le disque craque, beaucoup trop, et je m’inquiète
Tiens, j’écoute encore la mazurka
Il n’y a plus personne dans les phares, en mer
Ni dans la guérite, à Commines sur la Lys
Plus personne sur les chantiers ouverts aux vents
Aux quatre vents au public aux immondices
Les chantiers en ruine au nord de la Galice
Ni dans la rue, personne
Je guette parfois à l’œilleton
Si tu étais devant la porte avec, je ne sais pas
Un bouquet
J’ouvrirais avant que tu ne sonnes
Il y aurait derrière moi, dans tes yeux, sur tes fleurs
Toute l’envie d’une danse
Le disque pourrait craquer sa mazurka une dernière fois
Tandis que tu règles ton siège.
© JPR 06 juin 2012