Matin sans lunettes
Ce matin n’a pas de lunettes voici qui nous repose
Ce que nous aurions voulu écrire
Il faudra s’en souvenir
J’ai quelques paysages, notes personnelles
Le creux d’un arbre, j’avais dix ans,
D’y contempler les rares passants
De saisir la trace sonore
Un bain de mer, le regard à fleur de vague devant Cogoletto
Un jeune dormeur, vague pêcheur à Rabat
Meknès sans comprendre
Bien rares fragments et de hasard seulement
Mais le matin sans regard oblige à mieux traduire, je le cultiverai
Sur le Puy de Gaudy entouré de verre,
des lichens poussent à même la peau des dormeurs
C’est une citadelle et c’est l’hiver, je m’en méfie
Je le cultiverai pour l’emporter et le traduire
En face, des statues toujours prises
Attendent dans la pierre
Trop de granit, pas de sculpteur
Leurs gestes retenus et les cristaux
Empêchent qu’elles respirent
Sur le Maupuy , à ciel ouvert
Tout un musée de roches
J’y vois bouger des formes
Matin sans voir
L’odeur des fougères
Entouré de pins
La pierre retrouvée en grattant sous la mousse
A cinq heures soudain
Tous les oiseaux s’éveillent
© JPR 14 juin 2012