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Poésie par la fenêtre
11 juin 2012

Bloc

P1020273

Entre le chemin de fer d’Orléans et le métro aérien

Entre la Louise-Catherine et le quai d’Austerlitz

L’œil tenu par un coureur de marathon

L’oreille par un saxo ténor débutant qui insiste

La traversée du Pont Charles-de-Gaulle est, entre deux rives,

Une note d’humeur sur le voyage

Je n’y connais que des passants

Ils se croisent d’une gare à l’autre

Ils sont un récit d’aujourd’hui

Hier un militaire partait à la guerre en tongs

Bermuda et sac à viande, vacances

Un homme bien mis, bien fait aussi, trouvait sur son passage

Une bouteille de mousseux et l’entonnait en regardant la Seine

Trois étages de trentenaires s’entassaient sur une barge

De la musique techno leur secouait les aplombs

Ce passage du pont est un péril

Je n’y connais personne, je reconnais les gens

C’est ici que se décide la couleur du jour

Quelque détail, le fleuve, une tour au loin

la structure du paysage protègent l’émotion

Et l’émotion tu sais c’est important

Le coureur de marathon rebrousse chemin

Sans jamais se retourner

Le saxo ravale ses notes

Les passants changent d’avis changent de gare

Et l’homme bien fait cherchant son arche

Se jette à l’eau

Le militaire lui lance son paquetage et de ce fait

Immédiatement redevient civil

Tandis que l’autre se noie

Ce n’est pas moi qui ai largué les amarres

Je me réjouis toutefois, avec les riverains

De voir partir la barge

Quel âge auront les passagers en atteignant le Havre ?

Fin du jour, fin de la traversée

Maintenant la Seine est un fleuve dans la ville

Quand la ville fait bloc avec la brume

Quand les sons s’entendent depuis la Louise-Catherine

Le train m’emporte et que m’importe

La ville où l’on n’est plus

N’est plus la ville où tu n'es pas.

 

 

© JPR 12 juin 2012

 

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