Les champs d'amour
Nous nous sommes arrêtés sur l’aire des champs d’amour
Il y avait surtout des champs et peu d’amour
Les gens mangeaient en regardant les gens manger
Le regard fixe dans l’hypnose autoroutière
Ils étaient entièrement voués au voyage
Plus encore, au déplacement.
Tous vivaient au ralenti, l’aire est une parenthèse.
Soudain, ils sont arrivés.
Je ne voudrais pas que ce texte soit trop léger
Mais Elle était aérienne. Lorsqu’elle ôta son caque
Il en fit de même, ils s’embrassèrent.
Le baiser sembla donner une saveur nouvelle
Aux petits pains qui fabriquaient de la sous-couche
Pour ceux qui les avalaient.
Ce baiser luttait à lui seul contre les lipides
Ce baiser inaugurait l’aire et lui rendait son sens.
Les gens s’entre-regardèrent.
Papa regarda maman, tata regarda tonton
Et Boubouche, me direz-vous ?
Il regarda Minouche.
Papa remonta son jogging sur son nombril
Maman passa la main dans ses cheveux
Tata fit un bisou à tonton. Tonton haussa l’épaule.
Et Boubouche, me direz-vous ?
Il regretta Minouche, alors qu’elle était là.
Le motard remit son casque, sa passagère le sien.
Elle enfourcha la moto en le tenant aux épaules.
Les gens mirent le manger en direction de leur bouche.
La moto soudain prit de la vitesse.
La fille et son motard faisaient salut du pied.
Le manger, un instant arrêté, rencontra les dents.
L’un instant d’après, le jogging redescendit sous le guili.
Les gens mangeaient en regardant les gens manger.