Février 1956
Février 1956 sur les rails recouverts de froid
Au passage du chasse-neige les corps des sans-logis
sautaient sur le côté, le long des voies
Cet hiver se poursuit sans jamais varier
Les mains sur le feu parce que la nuit tombe
Toutes les couleurs du gel sur les amputations
Je ressens les hommes et leurs frissons
Tous les animaux couchés dans les fossés plein d'eau
La tête des chevaux
Sur les rails recouverts de froid je marche
Mon temps s'efface au lointain
Plus loin, le pied s'enfonce dans la boue
La glace est si fine ici, on y passerait la jambe
Nous poursuivons mouillés et sales
La poésie joint toutes les rives
Hier sous le manteau des mères
Aujourd'hui au marais
Demain à l'embâcle des corps
Février 1956 au sourire de violon
A ma bouche le sein nu
d'une statue du parc.