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Poésie par la fenêtre

6 septembre 2012

Le poète échoué

A quoi pense le poète échoué sur le sable

Tandis que les sauveteurs s’acharnent

A maintenir sa peau humide

Font des efforts considérables

Pour le remettre à l’eau

A quoi pense le poète attiré vers la  terre

Alors que c’est au large qu’il trouve son souffle

Tandis que les sauveteurs lui parlent

Répondez, répondez !

A quoi pense le poète attiré par les hommes

Alors que les hommes l’empoisonnent

Le chassent le harponnent l’idolâtrent

L’albatros hier

Aujourd’hui la baleine

Demain le concombre marin

Poète des abysses

Inutile encombrant

Attiré vers la lumière

Lui qui n’existe que par l’ombre

 

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5 septembre 2012

Marée haute

 

 

 

 

 

P1020789

 

                             Ma maison craque de présences invisibles
                             Elle parle de la marine à voile
                             Des bateaux en bois
                             Des corps fatigués
                             Elle craque et murmure.
                             Tant de silence dehors !
                             Ma maison craque de présences invisibles
                             Cette compagnie fait vivre la nuit
                             Je pense aux ports à des heures d’ici
                             Les élingues, les phares et balises
                             Le clapot contre la coque, à quai
                             Ma maison ancrée sur la colline craque
                             J’entends parfois un chien vers la ville
                             Lui aussi a le nez au vent
                             Une mobylette est passée à l’instant
                             Je suis sûr qu’elle était bleue
                             Sur le porte bagage, un cageot
                             Trois bars, une araignée, un lieu
                             Le marin rentre après la marée
                             Pourtant ici, en pleine terre ?
                             Ma maison craque d’ennui de la mer
                             Et tire sur son erre.   

© jpr 2011

 

Marée haute est extrait du recueil "l'Elan d'une passante". Publié dans les Cahiers du Champ secret. 

4 septembre 2012

La fin des rencontres

 

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La fin des rencontres
Dans un bon bouquin
Complot personnages
Qui ne veulent plus rien
Mélange des genres en roman de gare
Un vieux commissaire garde le trottoir
La fin des rencontres  à la librairie
En grandes caisses les héros sont partis
Et le vieux libraire qui savait les noms
Ce vieux libre erre
Au rayon solitaire
D’un hôpital psychiatrique et banal
Face au hamburger
Il ne pesait rien.

Toi, poète numérique me dit-on
Quitte cette nostalgie
Ah quoi bon
Quartier des Halles
Quartier de la Défense
Quartier de la dame aux coquelicots
Quartier du béton et de l’ancien canal
Sous une éolienne je lisais Duras
Mon chapeau volait à chaque passage
D’une pale

Le cri d’une femme dehors

Impossible crie-t-elle
Et moi Si je veux
Même le vent a servi
Tandis que j’écrivais

Quelle rencontre désormais ? 

 

© jpr 04 septembre 2012

3 septembre 2012

Aristée, parlons, veux-tu ?

 

P1000848

 

 

Les baleines s’échouent par dizaines sur les côtes d’Ecosse

De Floride, du Canada

Ma mère disait toujours

Quand les baleines s’échouent…

Puis elle partait regarder la Beauce

J’observe la disparition des abeilles en prenant les embruns

Mes ruches sont vides

Il n’y a pas de bateau pour quitter la Terre

Quelque part en altitude

Sur les toits changés en forêt factice

Au sommet de pylônes déguisés en sapins

Le grand capital a planqué ses grille-pain

Leurs ondes permettent au téléphone mobile

De générer des profits

Il faut que j’en parle à ma baleine

Je dois le dire à mes abeilles

Avettes, avettes, vous avez changé de fréquence

Personne pour m’entendre

Je répète

Personne pour m’entendre.

 

 

 

© jpr 3 septembre 2012

 

2 septembre 2012

La vie-venin

 

 

                                        P1040077

 

 

La vie se nourrit d’un venin qui m’épuise

Une même nuit étreint retour départ

Soir et matin

La vie qui prend le train

La vie qui rapporte le pain

La vie et les enfants s’en vont

La vie dans le métro

La vie tiercé qui joue le 13, le 6, le 15

Tous les dimanches

Moi, j’aime un arbre dans un petit jardin

Il pousse à sa façon personne ne l’élague

Je passe le voir souvent

Je pense à lui à la relève

La vie se nourrit d’un venin précis

Il prend la voix, le cœur

Il vise la parole, le sourire, les envies

Demain, demain encore je rapporterai

Le pain

Après je ne sais pas

Je ferai un détour par le petit jardin

Voir si mon  arbre a bien grandi

 

 

© jpr dimanche 02 septembre

 

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1 septembre 2012

Réponse

 

 

 

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Cette manie poétique me nuira

Frottez un peu vos doigts avec du papier de verre

Vous saurez

Posez vos yeux sur des détails soudain impérieux

Le vol de choucas confondu avec l’ombre du vol

Les roses rouges retrouvées noires

Tout me fait sursauter

Même cette jeune fille qui sourit

Au travers de mon corps

L’un de nous n’existe pas

Ou je n’existe que pour dire

Ce que je vois

Mais que devient alors

Celui qui ne voit pas ? 

 

© jpr 1er septembre 2012

30 août 2012

Fleur blanche

 

                                   P1010889

 

 

C’était une fleur blanche

Ce sera une mirabelle

Un étourneau

De la nuit posée sur l’arbre

Des fleurs blanches

Des étourneaux

La nuit émiettée

La branche nue

Ce sera un tas de feuilles

La fumée jaune et grise

D’incendie sourd

Couvrant les voix

Les regards

L’arbre deviendra flou

Je t’appellerai sans recevoir

D’écho

Après le silence en tempête

Ce sera le silence

Où s’enfoncer jusqu’aux genoux

A vingt ans

J’aurais crié « Je t’aime, il neige ! »

Il neigera la fleur le fruit l’oiseau

La nuit aujourd’hui m’indiffèrent.

 

© JPR 31 août 2012

 

30 août 2012

Nocturne

 

Cris dans le lointain

Profondeur de la nuit

Viens sur le pas de ma porte

Entends

Il fait frais, minuit passé

Le ciel a l’âge du vide et des étoiles

Donne-toi au ciel sans âge

Entends derrière les grillons

Les regrets de la pierre

Les regrets de la corde

Les regrets de la mort

Entends le sang plein d’excuses

Des jeunes gens

Sous le ciel chargé de vide

Les bourreaux contemplent leurs pendus

28 août 2012

Frontière

 

 

 

 

Parfois, je pose la frontière

Entre deux hêtres

Sur un bloc de granit

Dans un gué

Tout change à partir d’ici

Ces derniers temps

L’espoir ne passe plus le gué

L’attente se heurte à la pierre

Mon regard se lève sur les troncs

Se perd dans le feuillage

Peut-être avec l’automne

Viendra-t-il quelque signal ?

 

 

© JPR 29 août 2012

 

27 août 2012

Silence

Faut-il rester dans le noir

Se balancer sur une chaise

Faut-il tenter des ambassades

Tous mes petits indiens reviennent

Sans espoir

Détruire construire s’assemblent

Détruire l’emporte

Le monde et la banquise se fracturent

Oui, j’ai pris hier un chemin creux

Fougères, prairies, à travers la  campagne

On peut s’asseoir ici pour écouter la paix

Si le vent porte un peu

On entend une plainte

Si le vent porte un peu

On n’entend que la plainte

 

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