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Poésie par la fenêtre
30 octobre 2012

La rabale

 

 

           Les fontaines sous les ronces
           Les fontaines cachées sous la pierre
           Où j’ai cru apercevoir ton visage
           Ne me parlent plus
           J’ai vu ta naissance
           Par ton corps et par tes lèvres
           Avec l’offrande des mots

           Je me suis vu naître aussi passé le détour
           Quand l’horizon s’ouvre enfin
           A découvrir les éclats
           Mes soleils brasillent aux étangs
           En robe noire, en robe bleue
           Des femmes-poètes passent sur la digue
           La rabale aux marais forme les tas de sel
           Ce qui se révèle à l’instant
           Par ta parole
           Le contraste entre ciel et Terre
           La juste place des amants
           L’horloger, le géomètre aux instruments brisés

           Ta parole conjugue le plus que temps
           Comment parcourir le plus qu’espace
           Autrement qu’en ta mémoire
           Autrement qu’en tes visions

           Je me suis vu naître ainsi d’un simple mot
           En jeu sans doute, en jeu mais sans se jouer
           Une simple parole prononcée d’évidence

 

© jpr 2012

 

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31 octobre 2012

Grain de sel

 

 

 

L’herbe sans le vent
Ou la mer retirée. Les marais.
Les marais salants le sel
Les cristaux, les grains, les tas de sel
Opposés au ciel
Trop de bleu, trop de gène à cligner des yeux
L’herbe sans le vent
Nos prairies salées et l’oeil brûlant
Je veux ces silhouettes dont la brume de chaleur
S’empare
Femmes poètes aux paroles rares
Leurs mots leurs mains nécessaires et précieuses
Pour donner la profondeur l’avenir le mouvement

Une poésie qui soit autre fondant sous ma langue
Qu’un grain de sel

 

 

 

© jpr octobre 2012

4 décembre 2012

Passage de qui sommeille

 

 

 

Ce que tu as à dire
Toi qui  captures le ciel à travers les racines
Sans regret vraiment je présume
Moins que nous c‘est certain
Ce que tu as à dire encore me plaît et je l’écoute
Nous le rire et le vin et ta venue nous manquent
Toi tu as fait le tour et tu connais
Toi parmi les absents, je guette tes pas, je te cherche
Au milieu des foules et dans la solitude
Une phrase, un mot, un accent soudain
Je te cherche, je me cherche près de toi
Parfois la musique me renvoie une note précise
Une note suffit c’est ta voix
Une note, un fil, un trait, une silhouette
Te voici devant la porte qui racle un peu le sol
Entre et prends-moi dans tes bras
Redonne une forme au temps, toujours semblable désormais

 

 

 

 

 

© jpr 4 décembre 2012

 

30 décembre 2012

Ici là-bas

 

 

C’est la ville de nuit
Oui, la ville d’hiver
Après le cinéma
Je suis seul par la rue Grande
Cela pense sans y penser
Bien nous sommes bien
La pierre se révèle sous la lune
L’ombre souligne un trait de granit
Sous l’éclairage public
Nous sommes bien
Votre présence et mon pas
Solitaire mais inscrit parmi les hommes
Parmi les hommes de pierre
Leur cœur bat ici sur le grain des façades
Dans la vieille ville de nuit
Au jour au creux de leurs mains, solides.

 

 

© jpr 30 décembre 2012

8 janvier 2013

Crise ferrée

 

 

 

L'absurde a donc ses couloirs ferrés
De vieux modèles composent avec la crise. J'en suis.
Je la connais depuis trente ans
Et qu'elle nous mène à sa guise, non!
D'ailleurs personne ne simule
Le même monde sommeille sur les banquettes
Mais on ne fume plus et pas un ne lit le journal.

 

 

jpr 09 janvier 2013

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12 janvier 2013

Petit

 

 

 

J'ai connu un oiseau
Son père l'empêchait de grandir
Parce que les gens ah les gens les gens
Et le monde est pourri
Il est mort petit il est mort à l'abri
Sur sa tombe son père a planté un rosier
Il le taille avec soin
Il restera petit
Parce que les gens ah les gens les gens
Et le monde est pourri

 

© jpr 12 janvier 2013

17 janvier 2013

Ce matin dans un café

Ce matin dans un café
Ah, tous mes bonheurs
Dans ce petit ballet tous mes bonheurs de détester
Jupe arrondie, mais pas plus, talons aiguilles mais sans trop
Mais violente sonnerie de téléphone elle répond, jambe tendue
Mais sa voix d'inquisition
Lui, lui lui fait en face d'elle lui fait
Oh, soyons sérieux oh, évitons l'incident
Cachons aux autres ce que nous savons
Moi les voyant
"Mais chacun sait que vous ne savez rien "

Ce matin dans un café
Comment décrire la gangrène
Petits chieurs d'encre dérisoires qui fomentaient
Pour la journée leurs compressions
Et parlaient sans ambage et sans pudeur
D'affronter les remous
Car il faudra en sortir plus d'un 
Ah oui plus d'un
Rires Rires Rires

 

19 janvier 2013

Attente

 

 

J’ai le souvenir de ce qui restera l’un des meilleurs moments de notre histoire, quand nous l’aurons vécu.
J’ai conscience du temps à venir, souvenir projeté aussi réel en pensée qu’à l’instant de le vivre
Et je le vis ainsi c’est une soif d’être
Nous l’improviserons mais il sera semblable à ce que je rêvais
Avez-vous ce bonheur ?
Champ de neige, rouler
Cinéma sur la plage, courir
Terrasse au soleil, attendre
Commençons facile à tirer sur ce fil
Demain qui restera, et me comblait, comme l’attente

 

 

 

 

 

 

12 mars 2013

Naissance de Sagamore

 

 

 

Puisque vous réclamez Sagamore, occupez-vous de lui.
Il a aujourd’hui la stature d’un homme
Il n’est plus l’adolescent entre les lignes que vous deviniez
En harmonie avec le paysage si l’on y capte l’air marin
Il est le personnage encore inconnu de mon prochain roman
Voir naître un héros romanesque, est-ce de la poésie ?
Comment est-il vêtu, quel est son Livre? 
Lorsqu'il regarde au loin, que voit-il? 
Toi lectrice, et toi, lecteur, sauras-tu l'accueillir?

15 mars 2013

Soleil d'hiver

 

 

 

Ni fait ni contrefait ni malfaisant
Ni à faire, ni même en affaires
Simplement au monde
Justement en plein soleil d’hiver
L’esprit nouveau né d’un reflet
Oui, ce matin j’ai pu croire à une séduction par le naturel
Quelle main lance un héron blanc pour partager l’espace ?
Quel souffle s’évapore à la surface de l’eau ?
Et, suivant le béal, quelle vie anime le végétal ?
Un salut à mon passage
La branche obstinément brasse le courant
Dans un remous je ressens demain le vibrant, demain le vif
Demain jubile en moi
J’ai  en poche un jeu neuf pour nos guitares

 

 

jpr 15 mars 2013

 

 

19 mars 2013

Les montres neuves

Chaque matin Sagamore porte une montre neuve
Une montre neuve et c’est toujours la même
Devant l’étang, chaque jour, à la même heure
Sagamore attrape un caillou qui lui vient du fond de l’eau
Il voir d’abord le cercle d’onde s’étrécir
Puis le caillou saute dans sa paume
Sagamore croise à l’angle de la rue Paul Valéry
Une jeune femme – c’est toi- qui va d’un bon pas heureux
A reculons
Ils retrouvent la tension et le fruit de leur premier baiser
Puis Sagamore entre dans une boutique à réalité
Il en prend pour huit heures
Sage discipline, Sag, on deviendrait rêveur.

 

jpr 19 mars 2013

23 mars 2013

Second jour du printemps

 

 

 

Il n’était pas sept heures
Au second jour du printemps
Sept heures au jour
Aptes passants rares passants
A contempler ce jour
Comme les rues prêtes au vide
Attendaient le chaland
Sept heures avec la Seine
S’y pose un goéland
Sept heures sonne la collégiale
Il faudra bien tomber la brume
Il faudra bien compter ce temps
A l’autre bout du pont
Ce pouvait être toi
Ou l’ombre d’autres femmes
Ce pouvait être toi
Au second jour du printemps

 

 

 

 

© jpr 23 mars 2013

7 avril 2013

Gisant

Sagamore, vous devriez écrire un poème visité
Comme la tombe de Victor Noir
De petites ligues en voudraient à son lustre
Des admiratrices le feraient briller
Nous aurions la paix pour dire du Verlaine et boire du café
Ce soir, je me sens léger
Un poème, voyez-vous, Sagamore,
Entouré de barrières pour cause de scandale
Ou de trop grand bonheur
Vous pourriez l’écrire en dormant
Etre vous-même gisant
Chevauché par la muse.

 

 

© jpr 07 avril 2013

16 avril 2013

Le sens du cerisier

J’aurai encore revu fleurir le cerisier
Sans pouvoir en dire le parfum sinon fleurs et blanches
J’aurai encore senti le fleuve revenir à la vie
Sans me distraire une seconde de la contemplation
Gouttes et vagues suffisent à me tenir
J’aurai encore guetté le retour des passereaux
Sans en savoir le nom ou alors oiseau ou notes soliloque sur une branche
J’aurai encore goûté tous tes fruits de saison
Sans te connaître vraiment, ma compagne
Un jour, je saurai qu’il est temps de comprendre le cœur dans la fleur,
de suivre dans le fleuve le sens des tourbillons,
d’entendre l’oiseau à sa dernière trille. Voici la nuit.
Nous continuerons la marche dans l’obscurité
Un pas, deux pas, une seconde. Bientôt l’été.
Toutes les pierres précieuses devinées sur le pont

 

 

© jpr 16 avril 2013

18 avril 2013

Passants

 

 

Le silence bordé de dentelles commence derrière la vitre
Le paysage, sans intention accueille des passants
Ils ne sont que leur image, projetée dans le jardin
Ceux qui passèrent un moment, ceux qui vivaient là, ceux que je voudrais revoir et qui ont enjambé la barrière.
Nous sommes des regards et des pensées cherchant à se rejoindre, même si l’instant
n’est plus qu’un rond de verre au bar, effacé d’un chiffon
Amis perdus ne sont pas les plus lointains
Je reconnais leurs rires devant ma fenêtre

 

 

 

© jpr 18 avril 2012

 

1 mai 2013

Le geste du lissier

Le jour et l’heure à la tombée du métier
Je couperai moi-même le dernier fil
Je vois déjà la grossièreté du point  mais sa vigueur
Dans les premières années, sa force
Voir l’homme complet ne nous est pas donné
On peut choisir et s’approcher
Etre soi-même le peintre et le lissier
Quelle prétention, allez !

 

 

 

© jpr le 01 mai 2013

 

16 mai 2013

Fleurs de silence

Dans le jardin, nous aurons désormais des fleurs de silence
Elles poussent habituellement toutes au même instant
Un soir de novembre, vers six heures
C’est en fermant les volets que l’on ressent le petit froid et l’ennui
De leur présence
Fleurs de silence au sommet de nos arbres
Fleurs agitées du vent d’automne
J’entends le souffle, je l’entends, silence
Mes chers disparus tirent la porte, regagnent les limbes
Les amis sont partis, les voyageurs
Les fleurs s’épanouissent et je tisonne
Chaises vides des échos
Je tisonne, je guette, je vous attends
Refermons la fenêtre

 

 

© jpr 16 mai 2013

18 mai 2013

Oiseau contre le mur

Je retiens entre mes mains serrées
Un poème

Toujours l’oiseau cherche à s’enfuir
Et le poème s’échapperait s’il le pouvait

Les enfants dont parle le poème
Regardent le ciel par la tête
Puis se bouchent les yeux pour ne plus le laisser sortir

Entre mes mains serrées
Oiseau contre le mur
Poème oiseau
Avec enfants ébouriffés
Chocs de bruits d’échos de serrure
Bruits chocs de cris d’échos de bruits de serrure
Avec silence étouffé

Je retiens entre mes mains serrées
Un poème

 

 

© jpr 18 mai 2013

 

19 mai 2013

Inutiles effrois

 

 

 

 

 

Inutiles effrois
La certitude en marche montre ses dessous
Je te reconnais cramponné à ses jambes
L’oncle et l’ami souriaient au bord de leur fontaine
Avant de disparaître
Poètes qui écoutez aux portes des cimetières
Changez vos monotones
Voyez le sourire et comme le soir console
La bouche se décharne
Entendez sa chanson

 

 

 

© jpr 19 mai 2013

25 mai 2013

Quittons la Terre…

 

 

Quittons la Terre pour un moment
Je ne peux pas sonner à votre porte
J’ai oublié mon petit pot de fleurs
Mes souliers sont crottés
Un de ces jours où je m’agace
Entendre à midi l’horloge compter
Voir les nuages dans le sens du vent
Le Nord pousser les nuages
L’ennui traîner le Nord
Mais la visite renforce l’ennui
L’ennui tire les paroles
Les paroles épuisent le temps
Je ne peux pas sonner à votre porte
Le temps revient avec les bavardages
Quittons la Terre pour un moment

 

 

© jpr 25 mai 2013

27 mai 2013

New chapeau

J’ai perdu l’appétit
Perdu l’appétit
Pas d’alibi
Do ré mi
Le monde est pourtant
Beaucoup trop méchant
N’est pas le mot
J’anticipe à l’envi
Le monde est bel et bien
Juste un peu trop
Touché
Par la machine à
Plus d’envie
Sauve qui peut
Sauve qui vit
Plus d’envie
Sauf pour ta peau
Pour ta poésie
Machina Machina Machina Machina Machina
Tiens, j’ai trouvé un nouveau chapeau Tiens j’ai trouvé un nouveau chapeau

I’found a new chapeau, a new chapeau, a new chapeau

 

 

 

© jpr 27 mai 2013

31 mai 2013

L'ombre à chien

 

 

 

A la prochaine vie je serai punk à chien
Le clébard, un croisé malamute, m’appellera Nickie
Je lancerai la mode des silences perforants qui traversent l’oreille
Tout ce que l’on refuse de voir se piquera dans nos yeux
Mon sang maquillera le reste du visage
Tu me reconnaitras à mon sourire cousu
Volutions, punk corinthien au sommet des colonnes
A la prochaine vie je serai punk ou rien
Ou rien sicut umbra

 

 

 

© jpr 31 mai 2013

14 juin 2013

Berceuse

La berceuse des enfants perdus résonne de cris dans la nuit
Comme il fait bon dans le noir se cacher derrière ses yeux fermés
Feindre le sommeil pour n’être pas levé soudain
Arraché grêle et en maillot témoin sans fin
Dors enfant perdu près de ton frère qui tremble
Est-ce de la poésie le matin ensanglanté de juin
Ce n’est que la couleur des nuages et leur ombre sur l’école
Délivrez-moi de ces voix sombres en querelle à jamais
Mères battues que rien ne libère
Jours sans compter les coups
À courir demi-nu après les parents
Jours, petits jours devenus fous
Délivrez-moi d’une pierre au ventre
La berceuse résonne de cris
Enfant se souvient que rien ne protège, même ses yeux clos.

 

 

© jpr 14 juin 2013

 Plus douce, la berceuse d'Atahualpa Yupanqui

"El nińo duerme sonriendo": 

http://www.deezer.com/fr/track/12603782

16 juin 2013

Indifférence

 

 

 

 

 

 

Ce poème suit la Seine à moto vers Paris centre
C’est bien son droit
Admettez qu’il s’étonne
L’indifférence passe sur les bateaux
Pourtant les pierres, la foule, la voix de Paris
Soufflent la vie, jusque dans les sirènes d’ambulance
Des personnages de roman marchent sur le trottoir
Peut-être. Je ne saurais les reconnaître, car je lis peu, finalement
Les héros de leur histoire d’amour filent vers le dénouement
Tout cela finira mal.
A moto vers Paris centre, je choisis mes personnages je voudrais que tu y sois
L’intrigue s’écrirait seule, nous  irions à l’hôtel ; enfin, un bel hôtel.
Par la fenêtre ouverte, tu me désignerais les seconds rôles, tu choisirais la musique
Tu quitterais la chambre avec ta tête tragique de comédienne, tu en rajouterais un peu
Plus tard, j’entendrais le piano, je lirais sur le papier ton écriture :
- « dans la rue, en bas de l’immeuble, un cri de femme retentit ».
Ce poème poursuit sa route, vers Paris centre, il ne sait pas par où se commencer.

 

 

 

© jpr 16 juin 2013

25 juillet 2013

Merci pour votre courrier

Merci pour votre courrier. Je vous dis qu’il y a là un encouragement, même si parfois certains outrepassent leur devoir de réserve : le lecteur a certes un rôle actif dans le dialogue avec l’œuvre, bien des savants vous le diront. Pour Martine, de Martigues, ce dialogue hélas tourne parfois à la mise en cause de l’auteur.

Oui, Martine, il y a des morts dans ce feuilleton. Non, Martine, je ne suis pas particulièrement cruel, mais il faut bien faire passer un certain message. Les deux affreux qui furent noyés dans la fontaine ou plutôt le puits de type artésien d’une cave de café creusois n’ont pas souffert, je crois, car ils ont été préalablement assommés.

Je sais, Martine, que vous êtes contre la peine de mort sauf pour ceux qui font du mal aux animaux. Si vous avez trop de cœur, ou trop de sensibilité, allez plutôt lire dans un blog sentimental. L’exemple que vous prenez, à propos de la mise à mort des crabes tourteaux ne me convainc point. Ainsi vous écrivez « J’ai toujours beaucoup de mal à faire cuire des crabes vivants, j’ai peur de les faire souffrir. Mais au moins, ils ne se noient pas, eux. Je les mets d’ailleurs à l’eau froide pour qu’ils n’aient pas peur et qu’ils gardent leurs pinces ».  Martine, ceci vous honore, mais avez vous pensé à leur discussion lorsque la température s’élève ?

-       Tu préfères être cuit cru ou à l’eau bouillante ?

-       L’eau froide, c’est mieux, tu sais Sacha, on garde ses pinces, c’est plus présentable !

-       Dit, Omar, j’ai très chaud, pas t… ?

Martine, oui, je me moque et je propose que les autres lecteurs votent pour vous licencier de cette dramatique.  

Par ailleurs, ne me faite pas croire que vous avez lu et compris les frères Karamazov et que vous ne parvenez pas à suivre le Pigeon. Aliocha est autrement plus complexe que notre bien aimé Bourras qui a très peu de surnoms.

Autre lectrice, F., s’en prend précisément à notre inspecteur, sous l’angle de la dérision ou de la menace voilée (vipère, 220 swift). Mesure-t-elle qu’il est le seul à apporter un zeste d’humour à notre chronique ? Soyez indulgente, F. , l’inspecteur Bourras n’a que très peu de bonheurs, petits ou grands dans son existence austère.  Mais peut-être avez vous vous-même du mal à révéler vos espaces mycologiques ?

 

 

Achille et Nicias ont rapporté les deux paquets et des indications pour nous procurer d’autres choses encore, militairement très intéressantes.

Avec le SIG dont je n’ai parlé à personne et les quatre mitraillettes Sten fournies par les Creusois, nous voici à la tête d’un petit arsenal crédible.  Dans une certaine maison en forêt, nous trouverons aussi une cache garnie de grenades et d’un petit mortier avec ses munitions.

-       Tout le monde n’a pas rendu les armes, à la libération, par ici.

-       Eli, chez nous non plus, les armes ne sont pas toutes sorties des bois…

Plusieurs fois déjà, ils m’avaient raconté la guerre que leur avaient raconté leurs parents et, plus que leurs parents, leurs propres recherches avaient confirmé les tractations entre les puissances occidentales et Staline à propos de la Grèce et l’abandon de la résistance à ses propres moyens. Churchill lui-même aurait travaillé à l’écrasement des forces de résistance grecques[1].

-       A force d’être trahis par tous, nous avons appris à faire éclater la vérité à chaque occasion et partout dans le monde…nous avons appris à nous défendre par nous-mêmes.

Anna, je me le suis avoué, était aussi attirante qu’elle était irritante. Son côté « petit manifeste » lui donnait de la force et un certain pouvoir de séduction et aussi un côté gavant indéniable. Au judo, elle était sûrement championne de la prise de tête et gagnait par ippon ou abandon de l’adversaire sur asphyxie. Elle savait (presque) tout sur (presque) tout et (la plupart du temps) la ramenait. J’évitais de l’attaquer de front, mes prises de positions m’avaient parfois valu d’être suspect de « romantisme petit-bourgeois[2] », voire d’être porteur de « délire phallocrate » ou encore d’être un « typique mâle blanc-blanc ». Merde alors, si elles savaient !

-       Alors les insultes, la peinture sur les murs, les procès, c’est terminé ?

-       Nous avons toujours été pacifistes. Cela ne nous a pas empêchés d’être bien préparés.

En effet les mitraillettes Sten furent montées sans recours à la notice et avec dextérité.

-       Andréas a fait savoir que le contact est pris. Elle sera demain soir avec nous. Jean-Marie n’en finit pas d’être accueilli par la maman du flic et pour l’instant, impossible de filer.

Mais oui, Nicias, les policiers aussi ont des mamans. Toi, ta maman, que fait-elle ? A quel étage de la bourgeoisie bien pensante reçoit-elle ses amies ? Est-ce qu’elle vote ?

 

 

 



[1] « En Grèce, le Royaume-Uni et Winston Churchill préférèrent écraser militairement la Résistance locale et collaborer avec les milices d’extrême droite plutôt que de voir le pays échapper à leur domination”. Pierre Hodel. Contretemps, citant Joëlle Fontaine: “de la résistance à la guerre civile en Grèce”. La Fabrique . 2012

http://www.contretemps.eu/lectures/recension-r%C3%A9sistance-guerre-civile-en-gr%C3%A8ce-jo%C3%ABlle-fontaine

 

[2] Voir « Le pigeon en mai »

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