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Poésie par la fenêtre
25 juillet 2013

Merci pour votre courrier

Merci pour votre courrier. Je vous dis qu’il y a là un encouragement, même si parfois certains outrepassent leur devoir de réserve : le lecteur a certes un rôle actif dans le dialogue avec l’œuvre, bien des savants vous le diront. Pour Martine, de Martigues, ce dialogue hélas tourne parfois à la mise en cause de l’auteur.

Oui, Martine, il y a des morts dans ce feuilleton. Non, Martine, je ne suis pas particulièrement cruel, mais il faut bien faire passer un certain message. Les deux affreux qui furent noyés dans la fontaine ou plutôt le puits de type artésien d’une cave de café creusois n’ont pas souffert, je crois, car ils ont été préalablement assommés.

Je sais, Martine, que vous êtes contre la peine de mort sauf pour ceux qui font du mal aux animaux. Si vous avez trop de cœur, ou trop de sensibilité, allez plutôt lire dans un blog sentimental. L’exemple que vous prenez, à propos de la mise à mort des crabes tourteaux ne me convainc point. Ainsi vous écrivez « J’ai toujours beaucoup de mal à faire cuire des crabes vivants, j’ai peur de les faire souffrir. Mais au moins, ils ne se noient pas, eux. Je les mets d’ailleurs à l’eau froide pour qu’ils n’aient pas peur et qu’ils gardent leurs pinces ».  Martine, ceci vous honore, mais avez vous pensé à leur discussion lorsque la température s’élève ?

-       Tu préfères être cuit cru ou à l’eau bouillante ?

-       L’eau froide, c’est mieux, tu sais Sacha, on garde ses pinces, c’est plus présentable !

-       Dit, Omar, j’ai très chaud, pas t… ?

Martine, oui, je me moque et je propose que les autres lecteurs votent pour vous licencier de cette dramatique.  

Par ailleurs, ne me faite pas croire que vous avez lu et compris les frères Karamazov et que vous ne parvenez pas à suivre le Pigeon. Aliocha est autrement plus complexe que notre bien aimé Bourras qui a très peu de surnoms.

Autre lectrice, F., s’en prend précisément à notre inspecteur, sous l’angle de la dérision ou de la menace voilée (vipère, 220 swift). Mesure-t-elle qu’il est le seul à apporter un zeste d’humour à notre chronique ? Soyez indulgente, F. , l’inspecteur Bourras n’a que très peu de bonheurs, petits ou grands dans son existence austère.  Mais peut-être avez vous vous-même du mal à révéler vos espaces mycologiques ?

 

 

Achille et Nicias ont rapporté les deux paquets et des indications pour nous procurer d’autres choses encore, militairement très intéressantes.

Avec le SIG dont je n’ai parlé à personne et les quatre mitraillettes Sten fournies par les Creusois, nous voici à la tête d’un petit arsenal crédible.  Dans une certaine maison en forêt, nous trouverons aussi une cache garnie de grenades et d’un petit mortier avec ses munitions.

-       Tout le monde n’a pas rendu les armes, à la libération, par ici.

-       Eli, chez nous non plus, les armes ne sont pas toutes sorties des bois…

Plusieurs fois déjà, ils m’avaient raconté la guerre que leur avaient raconté leurs parents et, plus que leurs parents, leurs propres recherches avaient confirmé les tractations entre les puissances occidentales et Staline à propos de la Grèce et l’abandon de la résistance à ses propres moyens. Churchill lui-même aurait travaillé à l’écrasement des forces de résistance grecques[1].

-       A force d’être trahis par tous, nous avons appris à faire éclater la vérité à chaque occasion et partout dans le monde…nous avons appris à nous défendre par nous-mêmes.

Anna, je me le suis avoué, était aussi attirante qu’elle était irritante. Son côté « petit manifeste » lui donnait de la force et un certain pouvoir de séduction et aussi un côté gavant indéniable. Au judo, elle était sûrement championne de la prise de tête et gagnait par ippon ou abandon de l’adversaire sur asphyxie. Elle savait (presque) tout sur (presque) tout et (la plupart du temps) la ramenait. J’évitais de l’attaquer de front, mes prises de positions m’avaient parfois valu d’être suspect de « romantisme petit-bourgeois[2] », voire d’être porteur de « délire phallocrate » ou encore d’être un « typique mâle blanc-blanc ». Merde alors, si elles savaient !

-       Alors les insultes, la peinture sur les murs, les procès, c’est terminé ?

-       Nous avons toujours été pacifistes. Cela ne nous a pas empêchés d’être bien préparés.

En effet les mitraillettes Sten furent montées sans recours à la notice et avec dextérité.

-       Andréas a fait savoir que le contact est pris. Elle sera demain soir avec nous. Jean-Marie n’en finit pas d’être accueilli par la maman du flic et pour l’instant, impossible de filer.

Mais oui, Nicias, les policiers aussi ont des mamans. Toi, ta maman, que fait-elle ? A quel étage de la bourgeoisie bien pensante reçoit-elle ses amies ? Est-ce qu’elle vote ?

 

 

 



[1] « En Grèce, le Royaume-Uni et Winston Churchill préférèrent écraser militairement la Résistance locale et collaborer avec les milices d’extrême droite plutôt que de voir le pays échapper à leur domination”. Pierre Hodel. Contretemps, citant Joëlle Fontaine: “de la résistance à la guerre civile en Grèce”. La Fabrique . 2012

http://www.contretemps.eu/lectures/recension-r%C3%A9sistance-guerre-civile-en-gr%C3%A8ce-jo%C3%ABlle-fontaine

 

[2] Voir « Le pigeon en mai »

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