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Poésie par la fenêtre
5 juillet 2012

Voix de nuit

Créatures d’abysses familières de nos nuits

Il pleut tant qu’elles nagent à contre courant

Dans la rue principale

 

Noir dans l’épaisseur comme une âme

La voix demande où vont les enfants

Sans répondre ils reconnaissent la voix

Tu annonces la pluie, les malheurs

Le vent te porte sous nos fenêtres

 

Noir absolument minuit remonté aux clés d’horloge

La voix précise sa question

Tu annonces le bal, tu portes le printemps

Tu fais rire la femme sur le plaid à carreaux

Elle te pose sur son ventre et le soleil ouvre ses fleurs

 

Noir de la fabrique, noir trouvé sous les mines

La voix demande encore mais les enfants passent

Tu vis dans la maison du village vide

Tu parles aux anciens

Tu parles à Mamé Paturon qui attend la mort et vibre

 

Noir renoncé par les peintres

La voix annonce le temps

Les enfants insistent

Tu restes près des corps vacants leur seule compagnie

 

 

Voix familière

Tant que durent les piles

Dans les villages du pays vide

Annonce les nouvelles pour l’oiseau et le loir

Corridors, porte ouverte

Voix portée sur les ondes

Sentinelle, seule sentinelle

Réchauffe la nuit parfum de cigarette

 

 

© jpr le 06 juillet 2012

 

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21 juillet 2012

Ce n’est pas un vrai poème

 

 

 

 

Ce n’est pas une vraie petite fille

Il n’y a pas de vraie petite fille dans les poèmes

En tout cas pas dans les miens

Elle ne tendrait pas son bras pour montrer

Personne n’aurait à voir

Un numéro tatoué

Elle ne regarderait pas les étoiles

Personne n’aurait un morceau de tissu

A coudre sur les habits

Ce n’est pas une vraie petite fille

Il n’y a pas de vraie petite fille dans les poèmes

En tout cas pas dans les miens

Quand ils mentent.

Les enfants oubliés se souviennent

Des poésies

Des jeux dans la cour

Du couloir de la classe

Du chemin de l’école

Mais pas d’avoir croisé

Les yeux d’une vraie petite fille

Emportée par l’autobus

Avec eux

Ce n’est pas une vraie petite fille d’aujourd’hui

Ce n’est pas un vrai poème

C’est une petite fille de papier, une photo

Elle porte un message silencieux

Petite fille aux tresses, aux yeux noirs

Là, présente, dans un coin de la pièce.

 

 

 

 

 

JPR. 22 juillet 2012

23 août 2012

Espace

Allons, rien ne presse

Il reste une nuit entière

Pour écrire un poème

Rien ne presse

Laisse toujours un demi pas

Entre Tensing Norgay

Et le sommet de l’Everest

Un demi pas avant le saut

Respire avant de prendre

Peut-être la photo

Les mariés dans leur cage

Le plongeur sur la falaise

Le condamné avec sa corde

La ligne d’arrivée

Attendront.

 

© JPR 2012

 

17 décembre 2012

Menottes aux pains

 

 

Menottes aux mains, le boulanger fait moins le malin
Aussi, du pain au feu de bois, en pleine prohibition
Quand on en fait de l’électrique !
Du bon pain atomique, qui ne pollue que deux fois
Une fois cent ans lorsque tout saute
Une fois vingt mille  (si accident majeur seulement)
Il rejoindra dans leur cellule tous les mitrons
Les vendeurs de pizza sur la place
Les ouvriers brûleurs de palette
Les Kaiowa, les Nandeva et les Mbya
Que l’ironie me tue à petit feu
La Terre en faits divers
Oh, Guarani, la Terre sans mal ?
Sans feu, sans homme, paradis vert.

 

 

 

© jpr 17 décembre 2012

27 décembre 2012

On se captive mieux

Aujourd'hui pas de poésie
Les arbres sont des arbres
Les fleurs sont en vase
Le canal va de Nantes jusqu'à Brest
Ni brumes, ni ombres, ni pluie fine
Jour laiteux
Pas de passant sur la promenade
En revanche, je m'attarderais bien sur cette ligne sombre qui souligne vos yeux
Ce début de sourire, je voudrais, au moment où il naît, le peindre
Mieux, j'aimerais près de vous m'attarder, suivre votre regard
On se captive mieux, sans poésie
Les femmes sont des femmes
La force, la douceur et le temps sont enfin libres, ensemble

 

 

© jpr 27 décembre 2012

 

 

 

 

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31 janvier 2013

Spleen

 

 

 

 

 

La découverte d’un bougeoir improvisé fait rebondir l’enquête
sur le meurtre du gâte-sauce
La crise entre dans sa deuxième semaine
Février 1956 (-6,1°)a été l’hiver le plus froid de l’histoire belge
C’est de la poésie ?
Les nouvelles d’hier sont les poèmes de demain
Mais les nouvelles de demain ne sont pas les poésies d’hier
Hélas
Sauf


semper eadem

C’est une loi du genre, je ne dérogerai pas
A lire ces vieux  journaux je pensais à toi
Hier la nostalgie emballait les épluchures
Et tu ne le savais pas
Aujourd’hui j’épluche ces vieux titres pour y trouver ton nom
Et je ne le trouve pas. 

 

 

© jpr 31 janvier 2013

18 février 2013

Ai-je dit

 

 

Ainsi, j’ai puisé des mots chaque jour à écouter
L’homme, la femme, les gens, les gestes lents
Mais toi, ai-je su t’entendre ?
Fille de vingt ans sur une bicyclette, jambes nues à l’été
Ai-je su te dépeindre, trop facile image
Un trait de blondeur passe dans le village
Mais toi, l’enfant au petit chien
Ai-je su dans un poème te renvoyer la balle ?
Mais sur le banc devant l’hospice, toi, l’ancien
Toi qui répondais, le bras levé
Avec ta tête de voyage au Nord et ton sourire sans dent
Ai-je dit ta joie, simple joie
Et ton prénom. Inconnu.
Ainsi, j’ai puisé des mots chez l’homme, la femme
Les gens, les gestes lents
Ils me le rendent aujourd’hui
Un mot, un pays, un visage, l’univers du visage
Le jour et les amis de passage
Le parfum, les sens au présent
Corentin Celton.
Une partie de ballon.
Le champ derrière la maison.
Mes frères.

 

 

 

 © jpr 18 février 2013

20 février 2013

Pavés du XIe

 

 

 

Parfois, dans les rues où s’entend l’écho de Lili Marlène
Rondeur du pavé ou escalier parisien
Parfois dans les rues je vois passer le XXe siècle à fleur de caniveau
Un peuple sage de trentenaires attend que l’histoire commence
Jeunes gens beaux et doctes tandis que Marlène s’éteint
vous buvez de la bière en terrasse
Parfois dans ces rues tout semble marquer heure d’après
Au fond des cours nul chant, face à moi, nul contrechamp
J’en parle seul
Un cliché Harcourt traîne derrière le rideau d’un coiffeur
-       Alors, fait l’acteur, et alors ?
Nous sommes à nous-mêmes notre propre musée

 

 

 

© jpr 20 février 2013

25 février 2013

Imperceptible éclair

 

Ils marchent dans la ville
Sur les tapis mécaniques
Dans les files du matin
Les tourniquets leur laissent le passage
Sur quatre étages ouverts à St Lazare
Ils inondent les couloirs
Les escaliers
La place centrale
Ils se posent enfin
En tête de la rame qu'aspire le tunnel
La mélodie parfois si douce masque le vrai monde
J'entends ce qui résonne les battements de cœur s'échappent des écouteurs
Sur la ligne 14 à Chatelet
Ils ferment les yeux
Est-ce toi Jim Morrison qui bat dans leur poitrine ?
Est-ce toi Janis la fille au sourire en face
L'imperceptible éclair à l'ombre de ses paupières ?

 

 

© jpr 25 février 2013

28 février 2013

Somme

 

 

 

 

Je salue bien mes morts
La force-tristesse soit dépassée
Je vous salue, mortes amies
Absentes régulières qui me tenez debout
Vous, mes compagnons présents
A l’abri en toute chose que caresse l’esprit
Un instant
Vous qui me reliez aux mondes
Sur les fleuves au soir, par un arbre en vous enraciné
Par ces fleurs renaissantes
Par la moindre lumière pourvu qu’elle se reflète
Par le chat qui attend assis devant ma porte
J’emprunte des chemins un sourire, un bâton
Le pas de la campagne le caillou juste et clair
Sous le pied la marche la mémoire
Je salue bien mes morts
Joie des trépassés chaque jour éphémère
Le vif porte ses ombres, légères
Tout ce qui vit, vole, vibre, même la pierre
Porte le vivant et le poète ouvre le temps.
Nous sommes.

 

 

 

© jpr 28 février 2013

 

15 avril 2013

Avec les mots du cimetière

 

 

 

Avec les mots du cimetière
Je me fais un petit bateau
Eternel et vaillant
Cap sur l’étoile du berger
Regret pour ceux qui restent à terre
Avec les mots du cimetière
Je me fais sur la mer une voile
Jamais, jamais je n’oublierai
Le port
Les mains tendues, la joie, les petits drapeaux
Avec les mots du cimetière
Je me fais un voyage au creux des mains
Passent les jours j’y vois toujours l’horizon nouveau
Toujours l’horizon
Le temps le temps, le temps passe
Un, deux, trois
Dans les allées du cimetière
Une marelle la Terre, le ciel, le gravillon
Allons à cloche-pied même-là
En poussant du pied notre caillou

 

 

 

© jpr  15 avril 2013

5 octobre 2013

La chanson foraine

A l'accueil

   

Je poste à nouveau ce texte et chacun sait pourquoi                                     

 

Récit

 

                   Qu’étions-nous ?
                   Des enfants des écoliers
                   Ceux de la communale
                   Elevés près du sol
                   En octobre, nous courions les labours
                   Rabattre les perdrix
                   L’été nous levions des lapins
                   Devant les moissonneurs
                   Toute saison était bonne
                   Pour s’en aller guéer

                   Je me souviens j’avais dix ans
                   Un seize février.
                   Ils sont venus
                   Deux filles minuscules
                   Un garçon long presque comme le maître

                   Il les a fait s’asseoir tout au fond de la classe
                   Il a ouvert la fenêtre 
                   Je me souviens il faisait froid
                   Il a commencé une  leçon sur le mot
                   - Propre, la propreté
                   Il a arraché des feuilles sur un cahier
                   Pour leur donner. Je l'entends:
                   - Pas de crayon, qu’allons-nous faire ?
                   Propre et propreté

                   A la récréation, il nous a dit d’ouvrir
                   En grand
                   D’ouvrir en grand, d'aérer, bien aérer
                   -  A cause des odeurs
                   Je me souviens, il faisait froid
                   Sous le préau tous trois
                   Puis près de la fenêtre ouverte
                   Ils sont restés la matinée

                   L’après-midi, ils n’étaient plus là.

                   Le soir, ils dansèrent sur la place
                   Lui, faisait des gymnastiques
                   Ses sœurs, de petites révérences
                   Je me souviens, j’avais dix ans
                   Nous étions des enfants, des écoliers
                   Le père chantait.

                    Je me souviens de leurs silhouettes
                    Leur mère tendait la main
                    De ceux qui n’osent pas rentrer
                    De ceux qui regardent par terre
                    De ceux qui roulent le chapeau

                    Je me souviens l’ennui
                    Je me souviens la honte
                    Et de ce maître remplaçant
                    Qui n’a jamais rien réparé
                    Qui n’a jamais rien remplacé.

 

                  © jpr 08 septembre 2012


28 juin 2014

Ils en parlent...

Joël Gangloff  

"J'ai voulu faire le portrait de ceux qui se sont arrachés à leur pays, ne sachant ce qu'ils allaient trouver mais espérant un monde meilleur, mais leur.

Exil, ex il, ex elle, nous ne leur offrons plus la possibilité du je.

Ils ne sont plus qu'ils, à l'identité commune, indésirables ils.

Privés de liberté de circulation, ils n'ont plus que le droit d'errer, un temps seulement, clandestinement, et puis retour à l'envoyeur.

 

Peu importe le passé, les liens tissés, les raisons invoquées, la France n'est plus un pays hospitalier."

http://www.joelgangloff.fr/pages/actu-8825474.html

15 février 2015

Mémoiroubli

Mais oui, ton soleil à peau de glaceMais oui tes sombres couleurs plus froidesIl est seize heures trenteQu’importe, s’il est seize heures trenteJe capte à ton poignet encore un battementPuis tu te suspends tu retiens ton souffletu es gisante la pierre...
28 février 2012

Par les détours

Rencontres et moments forts.

Chansons et poésie: de celles qui marquent et que l'on veut retrouver.  

 

A l'occasion du printemps de poètes, l'auteur "des livres ouverts" a publié une anthologie de poèmes ayant pour thème l'enfance.

Des classiques, des découvertes, de la belle écriture: 

http://livresouverts.canalblog.com/archives/2012/03/18/23788620.html


Louis Capart et Marie-Jeanne-Gabrielle. J'aime voir le public de cette video. Heureux. 

 http://www.viddler.com/v/d7d9392a

 


Allain Leprest

 


 

 http://lafreniere.over-blog.net/   

 

 "Salut à tous ! Je ne suis pas présentable, paraît-il. J'ai habité treize ans avec un loup, c'est vous dire" 

 

Jean-Marc La Frenière


Joli lien:  voir les poèmes de l'auteur -"vents contraires", l'index des poètes...les images, la couleur, Allain Leprest. 

http://christianeloubier7.over-blog.net/

 "Et ceux qui viendront 

 Viendront-ils jamais"     Christiane Loubier


 



23 juin 2012

Au feu de la Saint Jean


 

                                                 Au feu de la Saint Jean

                                                J’irai brûler tes lettres

                                                Sur les bûchers du Gange

                                                A la forêt Dikil  

                                                J’irai brûler tes lettres

 Pour disperser les cendres 

Je prendrai tout mon temps 

Au fil de la Mimente 

Aux tourments de Gartempe

 Dans le rû de Gally

Pour disperser tes lettres 

La montagne sacrée

 L’autan blanc, l’autan noir

 Et le contre alizée 

Dans la Matanuska 

Le Lips et le Karaburan 

Aux braises de l’Harmattan

 Enfin, au frais des matinières

 L’esprit à l’amour morte 

Par tous les papillons 

D’un point noir sur leurs ailes 

Gonflera les poitrines

Par l’air venu du froid

Et les courants torrides

 Je te reconnaîtrai

A toutes les lèvres peintes 

L’amour, l’amour, l’amour 

En fines particules

A la sueur bleue dans l’ombre 

Sur la peau des amants

Entrer dans la forêt après le feu rituel 

Vêtus simplement par le vent 

Les pieds sur cette cendre

 

Nous jurerons

Toujours, à jamais, never more

Je te fais le serment de t’aimer

Tout à l’heure

 Et brûler la promesse

 Et la jeter au vent. 

 

 © JPR 23 juin 2012


23 juin 2012

Enfumage


 

Hangar à la pauvreté

Les robes s’y alignaient

Dans un long défilé muet

Les femmes qui les portaient

Prennent leur place

En face s’alignent les hommes

Immobiles aussi, attendant leur tour sur des cintres

Hangar à la pauvreté

Cette petite foule bouge d’un pied  sur l’autre

Doucement

Attention à la marche forcée

Le temps se fausse en ce moment

Des spéculateurs s’enfuient avec nos papillons

Ils s’échappent vers l’océan

Heureusement la marée monte la garde

Les papillons s’envolent

Seule la guerre comprend l’époque

Et attend

C’est toujours ainsi dans la colonne

des soupes populaires

Le meurtre ricane dans la foule

si les assiettes sont vides

Le marchand de sable et de canons

enfume endort et tue sans passion

 

© JPR  juin 2012


27 juin 2012

Jeux de plage

 

 

Au rendez-vous solitaire

Tous les sommets reliés de regard

Tous les voyages

Le fil tendu vers nos mères intérieures

J’apporterai la joie d’orphelins trop vieux

On ne se souvient plus on reconstruit

La plage était à la fois mon corps et le tien

Le bleu la journée, opposé au sable

La lumière fermait nos yeux

J’étais obligé, pour voir, de questionner

D’attendre ta réponse et les murmures

J’attendais la nuit le manque trouant le large

Seule la lisière du monde à chaque vague

Rappelait que l’on respire

Depuis, je vois mieux dans les ombres

Tu viendras, sereine, un jour de ta vieillesse

Un jour pour remercier l’oiseau seul

De crier à ta place

Au rendez-vous

Je n’y serai plus, j’y serai davantage

Tu pourras, sereine, t’en retourner

Chaque pas, ma main sur ton épaule

Chaque pas, le murmure continué

Sans bouger, chaque pas, les yeux toujours clos

Pour revoir cette plage

Chaque pas comme le temps s’amenuise

 

 

© JPR 28 juin 2012

 

 

27 août 2012

Silence

Faut-il rester dans le noir

Se balancer sur une chaise

Faut-il tenter des ambassades

Tous mes petits indiens reviennent

Sans espoir

Détruire construire s’assemblent

Détruire l’emporte

Le monde et la banquise se fracturent

Oui, j’ai pris hier un chemin creux

Fougères, prairies, à travers la  campagne

On peut s’asseoir ici pour écouter la paix

Si le vent porte un peu

On entend une plainte

Si le vent porte un peu

On n’entend que la plainte

 

30 août 2012

Nocturne

 

Cris dans le lointain

Profondeur de la nuit

Viens sur le pas de ma porte

Entends

Il fait frais, minuit passé

Le ciel a l’âge du vide et des étoiles

Donne-toi au ciel sans âge

Entends derrière les grillons

Les regrets de la pierre

Les regrets de la corde

Les regrets de la mort

Entends le sang plein d’excuses

Des jeunes gens

Sous le ciel chargé de vide

Les bourreaux contemplent leurs pendus

6 septembre 2012

Le poète échoué

A quoi pense le poète échoué sur le sable

Tandis que les sauveteurs s’acharnent

A maintenir sa peau humide

Font des efforts considérables

Pour le remettre à l’eau

A quoi pense le poète attiré vers la  terre

Alors que c’est au large qu’il trouve son souffle

Tandis que les sauveteurs lui parlent

Répondez, répondez !

A quoi pense le poète attiré par les hommes

Alors que les hommes l’empoisonnent

Le chassent le harponnent l’idolâtrent

L’albatros hier

Aujourd’hui la baleine

Demain le concombre marin

Poète des abysses

Inutile encombrant

Attiré vers la lumière

Lui qui n’existe que par l’ombre

 

10 septembre 2012

La forge et la grange

Nous sommes la forge et la grange

Nous sommes le souffle au cœur de braise

Nous sommes les vols d’étincelles folles

Nous sommes les hirondelles à la cloche d’enclume

Nous sommes des appels et le chant des coqs

Nous sommes l’illusion d’un feu de bois

Dans le village aux portes closes

Nous sommes le rideau pour toujours soulevé

L’ombre qui observe

Nous sommes la rouille la ronce, la griffure

Nous sommes le mur soutenant l’outil

L’odeur des orties froissées

Nous sommes la forge et la grange

Epuisées d’attendre le pas des hommes.

 

© jpr 10 septembre 2012

13 septembre 2012

Ma boulette

Ecarter les miettes sur la table

Faire une boulette

Pianoter des doigts

Battre du pied une cadence

Le tout ensemble

S’étirer le cou en tous sens

Sans les mains d’abord

Avec les mains croisées derrière la nuque

Oui, ensuite

Siffloter sans mélodie précise

Regarder la boulette

Faire des pichenettes sur les miettes

Oui

Gober la boulette d’un coup sec

Tousser

Enfin…

Par la fenêtre, apercevoir

La première feuille sous l’arbre.

L’immense tâche de tout reprendre

commence, allez !

Pendant ce temps sur la pointe des pieds

L’enfant que nous étions regarde

A l’extérieur du jardin

Les chariots de l’exode, le meurtre

L’intolérance

Puis s’enfuit sous les trembles

Reprendre son herbier.

 

 

© jpr 13 septembre 2012

25 septembre 2012

Toute allégresse

 

 

                        Vous tous qui passez
                        Tendez vous vers la Terre
                        En chaque vie au moins un rire
                        Un bonheur
                        Un frisson
                        Vers la Terre, tendez vous
                        Posez la main sur la pierre
                        Toute allégresse ensevelie
                        Aussitôt vous inonde
                        Je n’ai de leur mémoire
                        Que cette jouissance
                        Le refrain des chansons
                        La joie dans un regard
                        Disparus plus présents
                        Voici la mort joviale
                        Des instants, oui
                        Et la perdrix s’envole
                        Le matin sort des brumes
                        Un premier pas l’enfant
                        Et les premières amours
                        A l’aïeule un baiser
                        Sourires ensevelis
                        Où je puise mes forces.

 

 

© jpr 25 septembre 2012

10 octobre 2012

Te recuerdo...

 

 

                    Tu vois ces pierres au pied de la falaise
                    Elles n’étaient pas là hier au soir
                    La mer patiente gagne du terrain
                    Tu vois ces feuilles au pied du hêtre
                    Hier, elles ne portaient aucune inscription
                    Cette nuit quelqu’un y écrivit des poèmes
                    Tu vois ces vagues avant les vagues
                    La mer patiente y porte sa mémoire
                    Sur les dunes
                    Tu entends ces poèmes d’apparence inutile
                    Ces vagues de poèmes entre le silence et les cris
                    Les poèmes à la montagne, à la source
                    Les chants de l’eau vive et de l’arbre
                    Ils portent la mémoire de Victor Jara
                    Ecoute la mer paisible et ce qu’elle cache de rugissant
                    Regarde bien le souffle passer soudain sur la forêt
                    Victor Jara chantait les petites maisons du Bario Alto
                    Victor Jara ne chantait pas pour chanter
                    Ils sont venus le chercher,
                    Avec une hache ils lui ont coupé les doigts
                    Puis ils l’ont assassiné, c’était le 15 septembre 1973
                    Ils l’ont enterré en se cachant
                    Toutes les vagues, toutes les dunes
                    Les eaux vives s’en souviennent
                    Les feuilles de hêtre
                    Avec les forêts, tous les horizons au soir
                    S’en souviennent
                    Les poèmes d’apparence inutile
                    Comme celui-ci les poèmes lourds et qui pèsent
                    En gardent la mémoire et la sombre colère.

 

 © jpr 9 octobre 2012

Caminando caminando - Víctor Jara

                                              

 

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