Voix de nuit
Créatures d’abysses familières de nos nuits
Il pleut tant qu’elles nagent à contre courant
Dans la rue principale
Noir dans l’épaisseur comme une âme
La voix demande où vont les enfants
Sans répondre ils reconnaissent la voix
Tu annonces la pluie, les malheurs
Le vent te porte sous nos fenêtres
Noir absolument minuit remonté aux clés d’horloge
La voix précise sa question
Tu annonces le bal, tu portes le printemps
Tu fais rire la femme sur le plaid à carreaux
Elle te pose sur son ventre et le soleil ouvre ses fleurs
Noir de la fabrique, noir trouvé sous les mines
La voix demande encore mais les enfants passent
Tu vis dans la maison du village vide
Tu parles aux anciens
Tu parles à Mamé Paturon qui attend la mort et vibre
Noir renoncé par les peintres
La voix annonce le temps
Les enfants insistent
Tu restes près des corps vacants leur seule compagnie
Voix familière
Tant que durent les piles
Dans les villages du pays vide
Annonce les nouvelles pour l’oiseau et le loir
Corridors, porte ouverte
Voix portée sur les ondes
Sentinelle, seule sentinelle
Réchauffe la nuit parfum de cigarette
© jpr le 06 juillet 2012