Te recuerdo...
Tu vois ces pierres au pied de la falaise
Elles n’étaient pas là hier au soir
La mer patiente gagne du terrain
Tu vois ces feuilles au pied du hêtre
Hier, elles ne portaient aucune inscription
Cette nuit quelqu’un y écrivit des poèmes
Tu vois ces vagues avant les vagues
La mer patiente y porte sa mémoire
Sur les dunes
Tu entends ces poèmes d’apparence inutile
Ces vagues de poèmes entre le silence et les cris
Les poèmes à la montagne, à la source
Les chants de l’eau vive et de l’arbre
Ils portent la mémoire de Victor Jara
Ecoute la mer paisible et ce qu’elle cache de rugissant
Regarde bien le souffle passer soudain sur la forêt
Victor Jara chantait les petites maisons du Bario Alto
Victor Jara ne chantait pas pour chanter
Ils sont venus le chercher,
Avec une hache ils lui ont coupé les doigts
Puis ils l’ont assassiné, c’était le 15 septembre 1973
Ils l’ont enterré en se cachant
Toutes les vagues, toutes les dunes
Les eaux vives s’en souviennent
Les feuilles de hêtre
Avec les forêts, tous les horizons au soir
S’en souviennent
Les poèmes d’apparence inutile
Comme celui-ci les poèmes lourds et qui pèsent
En gardent la mémoire et la sombre colère.
© jpr 9 octobre 2012