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Poésie par la fenêtre
5 mai 2012

Le rossignol

 

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Cadenas sur les ponts de Paris: amour et clefs?  



Est-ce que tu dors ?

J'espère bien que non

C'est la nuit sur le vallon

Aucun bruit

Le chant d'un rossignol,

j'ignorais le chant du rossignol,

prend dans l'espace

Dans l'espace et le silence

Toute la place

Autour du vallon

Tout autour du vallon

La pierre et les bois renvoient

De la chaleur et du mystère

Mais les fenêtres partout

Sont ouvertes à la nuit

Est-ce que tu dors ?

Je sais bien que non

Tout autour du vallon

On retient son souffle

Savoir ce qui demain nous guette

Quelle est l'heure au clocher

Si le rossignol

Toute la nuit voudra bien chanter

Ce qu'il chante à la nuit

Et que personne ici

Peut-être le poète

N'ose jamais chanter

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17 octobre 2014

Didrouz daou-ha-daou

 

 

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(coll.personnelle. Eglise de Bulat).

 

Général dans un silence de bronze
Peut-être que si je reste deux cents ans (encore)
Muet
Alors on oubliera la charge
Quand les petits soldats devenus pertes infinies
Jonchaient la campagne prospère et déchirée
de l’offensive
Silence de bronze où l’on oublie au parc municipal
La sentinelle martiale
Silence d’un instant, chef d’œuvre
Silence d’un mois
Silence d’une vie
Silence de rien
En général

 

 

© raffel octobre 2014

 

1 mars 2012

Tout n'est rien (*)

 


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Tout cela. Tout, n'est rien                                   

Même le défilé des armes

Même l'exposition de cabriolets

Même le champ clos des riches

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien

Même une fête entendue

Dans un roman ancien

Même des rires de rire au jardin public

Même les balançoires emplies d'enfants

Même la course le ballon, l'autre équipe

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien


Même la victoire et les rues pavoisées

Même la course un amour les bras resserrés

Même le sourire à la fin du baiser

Même le sourire avant le baiser

Même de tourner sur la place enlacés

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien

Même le soleil un instant dévoilé

Même la place un instant illuminée

Même la victoire un jour de plein été

Même des rires puisés dans un roman ancien

Même de t'aimer

Surtout cela

Tout cela. Tout, n'est rien


A la fin, même à la fin

Qu'une seconde encore pour me persuader

Que tout n'est tout qu'un instant

Avant l'infiniment rien. 


(*) Ce texte et son "tout, n'est rien" ont ouvert une discussion sans fin. La chanson du même titre ne clôt pas le propos (!).  


16 mars 2012

Pensées d'hiver

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On brûle des restes d'hiver aux jardins

A travers les flammes et la fumée

Les disparus reprennent des couleurs

Un instant

Cette visite explique le silence

A nourrir le feu, chacun projette ce qu'il peut

Tandis que craquent les branchages

La braise attire le regard

Les vagabonds entre les brandes

se hissent, du néant aux tisons

Vers la buée, le jardin, l'horizon

La nuit venue, un petit froid s'impose

Il faut quitter le feu et tous ses repentirs

A distance debout derrière la table

Ou bien le front sur le carreau

regarder le feu s'éteindre

Le froid, le froid et l'herbe bleue

Les souvenirs.

2 juin 2012

L'été pour toujours aboli

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 Le soleil annonçait une saison indienne

La forêt voulait des teintes fortes, puissantes et tranchées

Entre bacchanale et mélancolie

 

Selon la lumière, je posais sur la colline

Des regrets ou l'envie d'avancer

Nous n'avions pas conscience du vent léger

Ni des odeurs de fruits chauds

Un parfum de maturité emportait la campagne

Les poires au pied des poiriers

Les guêpes saoules, du raisin , des dahlias aux jardins

Le paysage était à la récolte

 

Quand vers six heures, une bourrasque

L'instant d'après une pluie battante

Coururent dans la vallée

Ce fut la bascule d'été à la rupture entre ensilage

Mise en cuve, en grange, à la cave, à l'abri

 

 Je me souviens de deux hommes qui fuyaient

L'un tenait son béret et cherchait à s'abriter

L'autre sur un vélo, courbé contre les rafales

Luttait.

 

Il était six heures, je m'en souviens

L'été soudain se déchirait, la nuit venait avec l'orage

Au bord de la route, à notre hauteur

Mais derrière la vallée

Nous regardions l'eau s'abattre en vagues sur l'ubac

L'instant d'après, l'instant d'après

Partout l'herbe, le goudron, les châtaigniers fumaient

 

Le soleil revenu, nous avions tous deux

La conscience du bonheur, les pieds et les cheveux mouillés

Dans l'été pour toujours aboli.


©  JPR juin 2012

 

 

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26 mai 2012

Petite mariée


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Tu suis ton mari

 Petite mariée

 Tu passes  le pont

 Loin du champ de ta mère

 Où l’on jouait hier

 A la crête rouge

 Quelle couleur le coeur des fleurs?

 

Tu suis ton mari

Petite mariée

Tu serres sur ton cœur

 Une peur fanée

 Poussin blanc,  poule rose

 Coq en rouge

 Quelle couleur le coeur des fleurs?

 

 Si la nuit te froisse

 Petite mariée

 Poussin blanc, poule rose

 Coq en rouge,

 Pense au jeu des fleurs

 Toutes les filles  tournent au vent

 Et leurs  jupes rouges

 Le champ de ta mère

 

 Fenêtre au matin

 Petite mariée

 Une fleur d’enfant

 Sur le drap du lit

 Tout le monde rit

 On riait aussi

 Bataille de fleurs

 Au champ de ta mère

 

Plus que trois couleurs

 Petite mariée

 Couleur de pensée

 Le ciel et la mer

 Pétales dans le vide

 Couleur de craie sale

 Filet de couleur que lèche la vague

 Les fleurs de ta mère

 Ton corps sur les pierres

 

 © JPR Mai 2012

publié dans les bordures du Champ secret

 

16 mars 2012

La montre

 


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La montre contre ma tempe

Grignote le silence

Tous les pas dans la neige

Toutes les gouttes d'eau

La marche vers les trains

Les trains dans la ville

Ta porte enfin qui s'ouvre

 

La montre contre ma tempe

Le sang qui se démange

Le temps à tant attendre

C'est une montre ouverte

Avec un nom spécial

On voit le mécanisme

La position du cœur

Et puis le cœur qui bat

 

A leur place les feuilles

Dans le lit la rivière

Ici tout se déroule

Et semblerait tranquille

Si au lieu de la montre

J'entendais ton soupir

Si au lieu du silence

A guetter les aurores

Pour le chant d'un oiseau

Je posais mon oreille

Au chaud sur ta poitrine

 

La montre contre ma tempe

Porte au moins ce voyage

C'est à toi que je pense

Tous les pas dans la neige

Toutes les gouttes d'eau

Le vent dans les persiennes

A chaque assaut du temps




17 mai 2012

Attente


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J’ai effacé mes refuges pour aller de l’avant

Tous leurs chemins étaient bordés de parole

Je ne pouvais plus entendre la fontaine raconter mon histoire

de quel droit ?

Ni les innombrables pies, autant de querelles

Quelques moments de bonheur brillent dans l’herbe

Il faut les protéger, ces oiseaux en feraient leur butin

Parfois, quand les arbres têtards traversent le paysage

A haute vitesse

Il me faut m’assurer que c’est bien toi à mes côtés

Et non l’une de mes ombres

La vie alors ne serait qu’un petit lac bordé de saules

Au fond d’une vallée peuplée de bêtes mornes

Des chevaux à la retraite en attente du couteau

Des amoureux tressant leur corde avec des cheveux

J’y tournerais en vain pour accueillir la mort souveraine

Celle qui passe avec les corbeaux, certains soirs.

 

 

© JPR . 22 mai 2012

22 mai 2012

Orage

 

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Nous marchons tu le sais entre deux longues colonnes d’orage

C’est pourquoi j’invite l’oiseau à m’apprendre sa chanson

C’est pourquoi je prolonge chaque hirondelle de son sillage dans le ciel

Je change la couleur à chaque hirondelle

Par la chanson de l’oiseau je murmure à ton intention des paysages

impossibles à voir sans être perché sur les peupliers  et qui changent à l’aube

Avant de rouler dans l’herbe, je murmure les jeux dans le pré,

bouton d’or sous le menton, coq, poule, poussin,


Nous marchons entre deux longues colonnes d’orage,

Leurs nuées prennent le souffle au sommet de la côte

Vite, suivons les vols, la couleur au plus près du sol

Vite, fermons dans la remise tout ce qui coupe, blesse, frappe

Il est trop tard pour gagner la rivière, les baigneurs cherchent un abri

Il est trop tard pour les rejoindre, fais leur signe, au moins


Nous marchons tu le sais entre deux longues colonnes d’orage

Ne presse pas le pas

Est-ce l’oiseau blessé qui bat de l’aile, est-ce l’aile qui bat, est-ce le vent ?

Couchons-nous sur le pré, sous l’arbre, où il ne faut pas

Par la caresse de l’oiseau contre nous serré je te montre un paysage

On ne le voit que de très haut qui perce les nuages

Tous deux dans le soleil, le ciel bleu dans le dos

L’oiseau là-bas sous l’arbre entre deux sacrifices


Mais les baigneurs reviennent et les jeux dans le pré

Je suis comme toi l’herbe foulée, le peuplier, le chant de l’oiseau

Je suis la terre comme toi après l’ondée, le murmure et la source

 

© JPR 23 Mai 2012

16 octobre 2014

Didrouz

 

Didrouz

 

Rompre le silence  comme après la  mort la ritournelle
J’entends
Le pas, le tissu la robe la voix 
Rompre le silence car la mort ne vient pas 

Pourquoi crois-tu que je chantais ?
Kan ha diskan
Mais pour t’entendre à ton tour
Le pays  reprend souffle avant de reprendre le chant
Silence d’un jour, chef d’œuvre
Silence d’un mois
Silence d’une vie
Silence à peine

 

© raffel 16 octobre 2014

 

16 mars 2012

Une heure ou l'autre

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Quelle heure est-il dites-moi

Dans les poèmes d'aurore et de soleil

Que vous lisez passé minuit ?

Quelle heure est-il à l'heure cruciale

Si vous refermez le roman ?

Quelle heure est-il à la frontière

Si la frontière est abolie

Là je découvre et tout arrive

Là j'ouvre l'oeil et vous dessine

A l'instant même tout se crée

Quelle heure est-il à la maison

Car la maison s'ouvre où je vais

Je porte la montre sans aiguille

Le carillon sonne à sa guise

Une heure ou l'autre

Qui s'en soucie ?

 

 

9 novembre 2011

Une histoire de liens, entre la poésie et Monsieur Quelqu'un

"Dormir la fenêtre ouverte" permet d'entendre les bruits de la nuit. Ici ou ailleurs d'autres écoutent le monde endormi, écoutent leurs rêves, les écrivent et les vivent. 

Ces pages proposent un partage de sensations, d'émotions et, je l'espère, de poésie. 

Les poèmes tissent une discrète relation de pensée entre l'auteur et les lecteurs. Chacun est donc invité à laisser une trace, un message, un lien, à être tour à tour l'auteur et le lecteur. 

Bonne lecture, bonne écoute, bonne promenade. 


Histoire déjà ancienne mais toujours vive;  Eric Ardouin, Jean Pauly, Roland Roy et Jean-Paul Raffel ont prêté leurs chansons à Monsieur Quelqu'un:  http://roy.free.fr/mqq22hzmono/index.htm 

 

 

 

 

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14 janvier 2012

Jours de banlieue

Le train de banlieue, train, long, train court, ne facilite pas les rencontres. 

Le plus simple serait encore de s'y retrouver. De s'y retrouver soi-même. 

Les bruits du vent sur la video sont simplement l'effet du vent sur un téléphone portable, près des berges de la Seine. 

Tous les jours, tous les jours pendant des années. Les gens, même gens, toujours, dont je fais partie, à la même heure. 

L'hiver nuit. Au printemps, pluie.  L'été, ah! l'été.  L'automne nuit et pluie. 

Voici les cheminées de Porcheville. On est arrivés. 

Panne de train dans les bois, le marais, sous le pont de l'autoroute. Bon j'irai pas à mon cours de cool Raoul. 

 

3 avril 2013

Le poème de commande

 

C’était un poème de commande
Avare de ses mots, terrible et précis
Il parlait du sens de la vie
Mais personne ne voulait entendre.
Tous les grands y étaient
Amour, amitié, solidarité
Beaucoup de petits aussi
Attention, affection, présence
Auprès d’eux, mobilisation indignation, valeurs,
Faisaient entendre leur volonté.
Le poème de commande
Ne trouvait pas de lecteur
Le sens de la vie se perdait.
Alors son auteur écrivit,
En lettres d’or, Argent.
Et le poème fut déchiqueté.

 

 

© jpr 03 avril 2013

9 juin 2012

Un léger doute

Eté 2006 Ile Grande 067


Un léger doute

 

Il me viendrait bien un doute

Scélérat jusqu’à l’épuisement

Il se pourrait que tous ces mots

Soient dérisoires et même laids

Accumulés chaque matin

Une petite idée ne produit rien

Deux petites idées rien non plus

Il faudrait le grand soir des idées

Sons, images, stimulés, portés

Par une fort grande aventure

Même simulée. Un film de vie.

Alors, sur l’écran se devinent

Tant d’amours, de sentiments

Alors, sur l’écran ligne à ligne

Se dessinent les textes

Les lecteurs s’approchent

Chacun(e) goûte, satisfait (e).


10 juin 2012

παραϐολή Parabole de la Souterraine

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Parabole de la Souterraine

 

La vie sans parole

Des couleurs sur toute la traversée

Triomphe du couchant contre les nuées

Champ de blé avec orage

Sans parole vraiment

Je ne vais pas te téléphoner

Issoudun apparaît sous la pluie

Prise entre deux feux

L’ouest en bataille, l’est en reflet

Le soleil fuyant l’obscurité

Toutes les vitres, les autos, le goudron

Et les flaques en réponse

 

La vie sans parole

J’en parlerais bien avec ma voisine

Si elle n’était captivée par un roman

En gare d’Issoudun

Tu sais, le paysage prend soin

D’être semblable à nos lignes de fuite

J’emprunte la rivière

J’emprunte des lisières sous la pluie

J’emprunte une route mouillée

Mais, mon regard se perd en vain

 

La vie sans parole est aussi

Une vie sans jalon

Ensemble nous aurions

Des points de vue à échanger

A l’horizon

Je le devine le cœur serré

L’homme au vélo aperçu dans la côte

N’est qu’un déplacement de moi-même

Tirant ses propres lignes

D’est en Ouest

Tandis que le train fend la carte

Et te laisse à Paris

 

J’approche de la Souterraine

Sans un mot de regret

Ce voyage sans parole

Je t’en dédie les pensées

Je t’aime et je t’aimerai

Le silence m’en soit témoin.                              

  

© JPR juin 2012

18 juin 2012

Reprise d'été


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De la plage à la jetée

La ligne des désirs reprend dès l’aube

Les promeneurs de tendresse et d’ennui

Les porteurs d’éponge

Plus encore les alanguies sur le sable

En tirent le trait, prenant la chaleur au jour

De proche en proche le paysage se déforme

Etre touché d’un grain de sable

Recevoir le vol, les oiseaux marins

S’ouvrir au sillage

Les regards cherchent dans des poses

Ce qui se nouerait au creux des promeneuses

La plage maintenant demande à rentrer

C’est l’heure où se frôler

Avant de se retrouver dans la chambre

Ou à l’abri des regards dans les dunes

Et même exposés aux surprises

Avec la marée montante la barque

La barque se frotte contre des algues

Elle répond à la vague, avec des coups de tête

Je pense à de la danse

C’est à voir par fragments

Ce que demande le paysage

Les couples dans le sable

Sur la scène tous les pas de deux

Se tient

Dans l’espace douloureux

A jamais chaque instant

Les bras des danseurs  ne se referment pas


© JPR juin 2012

 

17 juin 2012

La valse

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                                                                                                         Crédit photo DB: parking ou la valse 

 

 

                                                                C’est une valse sur un parking

                                                                 En bordure de Seine

                                                                 La nuit

                                                                 Près de la ville endormie

                                                                 De rares voitures passent

                                                                 Ignorant le fleuve

                                                                 Les reflets de la ville sur le fleuve

                                                                 Le serrement de cœur à voir le noir

                                                                 L’eau sombre, les lueurs

                                                                 C’est une valse à trois personnages

                                                                 Une jeune femme, un homme

                                                                 Une auto qui de ses phares

                                                                 Procure la lumière pour la danse

                                                                 La musique du bal, des fauteuils

                                                                 L’homme et la femme se parlent

                                                                 Ce qui finira, ce qui commencera

                                                                 Lui n’y croit pas, elle le rassure

                                                                 La danse n’en finit pas

                                                                 Il lui faudrait l’aurore.

 

 

© JPR 17 juin 2012 

 

13 juin 2013

Portrait primaire

Je suis né à Seveso
J’ai grandi à Tchernobyl
J’ai bercé un bébé Morhange
Je suis du café à la patate et du thé au gland
Je suis un poisson à la mélamine
Je suis du lait pour les enfants du Gabon, de Birmanie, du Yemen
Je suis un bloc de viande de cheval
Je suis un rince-cochon à l’hexachlorophène
J’ai eu des enfants à Minamata
Je suis, je suis…

- Mal barré ?

Mais non imbécile, je suis le profit
Je vais très bien, je vais très bien
Je suis dans le soja des poulets
Je suis une vache folle
Je suis la tremblante du mouton
Je suis un poisson transsexuel
Je suis en phénylbutazone
Je suis en parabène
Je suis un petit cochon sans dents et sans queue
Je suis cinq mille truies dans l'océan de lisier
Je suis, je suis

- Dégueulasse ?

Mais non, imbécile, je suis le profit
Je suis respecté
Pas toi ?

11 juin 2012

Bloc

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Entre le chemin de fer d’Orléans et le métro aérien

Entre la Louise-Catherine et le quai d’Austerlitz

L’œil tenu par un coureur de marathon

L’oreille par un saxo ténor débutant qui insiste

La traversée du Pont Charles-de-Gaulle est, entre deux rives,

Une note d’humeur sur le voyage

Je n’y connais que des passants

Ils se croisent d’une gare à l’autre

Ils sont un récit d’aujourd’hui

Hier un militaire partait à la guerre en tongs

Bermuda et sac à viande, vacances

Un homme bien mis, bien fait aussi, trouvait sur son passage

Une bouteille de mousseux et l’entonnait en regardant la Seine

Trois étages de trentenaires s’entassaient sur une barge

De la musique techno leur secouait les aplombs

Ce passage du pont est un péril

Je n’y connais personne, je reconnais les gens

C’est ici que se décide la couleur du jour

Quelque détail, le fleuve, une tour au loin

la structure du paysage protègent l’émotion

Et l’émotion tu sais c’est important

Le coureur de marathon rebrousse chemin

Sans jamais se retourner

Le saxo ravale ses notes

Les passants changent d’avis changent de gare

Et l’homme bien fait cherchant son arche

Se jette à l’eau

Le militaire lui lance son paquetage et de ce fait

Immédiatement redevient civil

Tandis que l’autre se noie

Ce n’est pas moi qui ai largué les amarres

Je me réjouis toutefois, avec les riverains

De voir partir la barge

Quel âge auront les passagers en atteignant le Havre ?

Fin du jour, fin de la traversée

Maintenant la Seine est un fleuve dans la ville

Quand la ville fait bloc avec la brume

Quand les sons s’entendent depuis la Louise-Catherine

Le train m’emporte et que m’importe

La ville où l’on n’est plus

N’est plus la ville où tu n'es pas.

 

 

© JPR 12 juin 2012

 

19 août 2012

Permanence du temps

 

 

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                                 La permanence du temps
                                 a ses petits effets
                                 Plus de fantômes, des contemporains
                                 Plus d’ombre, des reflets
                                 Je vous aime trois fois
                                 Vous-même en face de moi
                                 Votre double
                                 Immense, immense au couchant
                                 Votre souvenir
                                 Et ce baiser étrange 
                                 envahi d'étés, de baignades,
                                 de sucre chaud, de mûres
                                 A se mordre les lèvres

 

 

© JPR 20 août 2012

4 septembre 2012

La fin des rencontres

 

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La fin des rencontres
Dans un bon bouquin
Complot personnages
Qui ne veulent plus rien
Mélange des genres en roman de gare
Un vieux commissaire garde le trottoir
La fin des rencontres  à la librairie
En grandes caisses les héros sont partis
Et le vieux libraire qui savait les noms
Ce vieux libre erre
Au rayon solitaire
D’un hôpital psychiatrique et banal
Face au hamburger
Il ne pesait rien.

Toi, poète numérique me dit-on
Quitte cette nostalgie
Ah quoi bon
Quartier des Halles
Quartier de la Défense
Quartier de la dame aux coquelicots
Quartier du béton et de l’ancien canal
Sous une éolienne je lisais Duras
Mon chapeau volait à chaque passage
D’une pale

Le cri d’une femme dehors

Impossible crie-t-elle
Et moi Si je veux
Même le vent a servi
Tandis que j’écrivais

Quelle rencontre désormais ? 

 

© jpr 04 septembre 2012

16 juillet 2012

Fenêtres ouvertes: Table des poèmes Bestiaire

 

Fenêtres ouvertes:  

 

 Table des poèmes  Bestiaire   Chansons   Derrière les murs   

 

 Jouer aux dés avec le temps   Poèmes de l'éphéméride   Jours de Creuse

 

   


Intérieur ou la valise  

 Ci-dessous "Tickets bruts", petite série de poèmes enregistrés sur fond de train, tels qu'ils furent écrits, entre deux gares.  

 Bienvenue à  tous. JPR  

 

Ticket brut n°2:                                                  

                                                
                                                            
                                                            

 

 

Tickets brut 1.  La mouche-liberté: La mouche, suivi de Enfumage et d' Orage

Le poème s’impose en tant que prophétie/Poème du temps qui va prendre la pluie/Poème médisant par ennui du voisin/Poème du fond de gorge craché sur le trottoir/Il est rare qu’une femme montre ses bas noirs/Au bord de la fontaine enjambe un des vieillards...La mouche

 

Petite collection ouverte, poèmes en voyage 

                                             

 

 

 

 


 

Chansons, avec images 

 


 

 Tous textes et chansons déposés à la SACEM. Musiques et chansons, boeuf sur le net, contacter l'auteur.

 Merci, à bientôt.  JPR


 La  ronde de poètes  tourne en ce moment même sur 

les Bordures du champ secret

L'entendez-vous?  

  

Cette semaine c'est "Je suis né ici" qui rejoint le Champ secret. Bravo, Philippe!

"J’en suis sûr
La première fois que j’ai ouvert les yeux
c’était pour regarder le fleuve"

© Phige

 

 


 

  

12 juin 2012

Intérieur

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Ma valise est fermée de l’intérieur et contient des effets personnels

Outre le petit linge et un thème astral

Un nécessaire de réparation de l’âme et des articles d’hygiène

S’y trouvent le corps qui me sert de véhicule

Une propension à refuser les tyrannies

Un goût pour la lecture de poèmes

Et quelques harengs bouffis en hommage à mon grand-père

Qui en mangeait beaucoup

Et à Charles Cros, qui les faisait pendre

Au bout d’une ficelle longue, longue (enfin vous savez)

 

Je suis à la fois très peiné et quotidiennement gêné d’avoir égaré cette valise

Oh, certes le fourbi du quotidien ne m’est pas actuellement indispensable

L’est-il, d’ailleurs pour vous ?

Mais mon corps peut encore servir pour des démarches

En cas de contrôle d’identité, comment prouver que moi est moi, sans enveloppe ?

C’est déjà si difficile sans papier

Comment répondre aux questions de la police

Sans corps pas de délit, pas de preuve

Comment se réconcilier sans poignée de main fraternelle

Comment boire à la libération ?

Comment, pour fêter cela  me rendre chez les dames, à grandes enjambées

Une fois que j’y suis, comment…, enfin bon

 

Si vous trouvez cette valise ne la jetez pas à l’eau

N’en faites pas trop longtemps le tour en vous grattant la tête

On pourrait vous remarquer

Ne la laissez pas traîner sur une table graisseuse

Couvrez-là

Enfin, si vous renoncez à la garder faites-moi savoir

Où elle se trouve

Il suffit de poster votre lettre dans la fente, à gauche, où sont dessinées les fleurs

Non, pas la petite, la grande…la petite, c’est pour respirer

Je vous répondrai sur le champ et sachant où je suis,

Je pourrai vous dire où là, me renvoyer.

 

 

© JPR le 13 juin 2012

 

27 mai 2012

L'homme qui savait le nom des fleurs


P1010936

 

L’homme qui savait le nom des fleurs

Aux rives des fossés

Semait ses mots sur le chemin

Semait des tâches de couleur

Et l’on voyait soudain

Un lézard vert sous le jasmin

Sous le jasmin ?

Le myosotis et le genêt

Je crois

Il faudra que je demande

Mais le lézard a disparu

 

L’homme qui avait le nom des fleurs

Aux rives des fossés

Semait le sien sur le chemin

Compagnon rouge traces de pas

Et la couleuvre reviendra

Ce qui dans l’herbe se faufile

Ce qui chuchote dès le matin

Le nom des fleurs, le nom de l’homme

Ce qui le soir après l’ondée

Relève doucement la tête

 

L’homme fleur

Aux rives des fossés

Son nom latin

Je m’en souviens parfois

Compagnon rouge trace de pas

Bord de rivière  aquatica

Sagittaria sagittifolia

Ou quelque chose comme ça

 

Trois mots qui passent

Aux rives des fossés

Et qui reviennent en terrasse

Vingt ans plus tard

A regarder couler la Seine

 

© JPR G. le 28 mai 2012

 

 

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