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Poésie par la fenêtre
11 décembre 2012

Au froid

 

 

 

La poésie du silence ne résiste pas au froid
Ce qui se passe dehors nous regarde
Et nous ne regardons pas
Noël, c’est une vieille dame qui nourrit les oiseaux
Celui-ci n’aura rien
Il scrute l'horizon  à travers les ponts, il voit la Seine à travers la vieille 
Il observe à travers le gel un vieux rêve de café chaud
Noël, c’est un jour en duvet sale
Pourtant pourtant les gens sont charmants
Je me souviens près d’Austerlitz, une couverture, une forme allongée
Quelqu’un sur un papier avait posé deux  croissants
Noël résonne des pas sur le trottoir, des portes claquées
Il résonne des couloirs fermés et du dernier métro
Noël, c’est un jour sans promesse sans parole
Ce qui clignote en bleu à hauteur de passant
Même pas un regard, pas même une petite troupe
Tandis que l’on t’emporte
Forme humaine, froide d’un bloc et restent les croissants.

 

 

© jpr 11 décembre 2012

 

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14 décembre 2012

Fable sans animaux

C’est une fable sans animaux, rien que des hommes déguisés
Certains prennent les habits les plus cossus, de lion, de loup, de vieux hibou
Ils laissent aux autres les peaux de mouton et ceux-ci, dont je suis, s’en font des pompons, des ponchos, et ce qu’il y a de chaud. Dans mon pays, ils tricotent ensemble, de belles laines pour habiller le monde. Voilà.
J’avais ainsi une vieille brebis près de moi dans le métro, très heureuse ma foi.
-       Mais, si mes petits vont bien, si j’ai du boulot et du temps pour moi, ça va, ça va…
Un renard, passant par là, avec une haleine de chacal, lui demanda :
-       Vieille brebis, tu es bien sûre de ton bonheur?
-       Mais oui, répondit l’ouaille, pourquoi ?
Le renard lui souffla quelques mots à l’oreille. Aussitôt, la brebis se mit à trembler :
-       Ah bon, tu es sûr ?
-       Certain, dit le renard…et il passa à la brebis suivante
A la fin de sa journée, le renard eut l’air satisfait, la plupart des brebis se plaignaient.
Je lui demandai ce qui pouvait bien rendre soudain si tristes agnelles et vacives.
-       Ecoute, répondit le renard. Et il me versa son discours sur les trompes d’eustache
-       Mais c’est faux, lui fis-je aussitôt.
-       Qu’importe, qu’importe.  J’existe - fit le goupil.
C’est une fable sans animaux, rien que des hommes déguisés. Rien que des hommes.
L’ennui, dans ce pauvre apologue, c’est qu’il n’y a pas de morale. Le renard est peut-être parmi les meilleurs. Que dire de la murène,  du chat errant, du vieux bouc?

Le renard me l'a dit, lorsque je serai rééduqué, je verrai ceci tout autrement. Mais oui. 

 

20 décembre 2012

Guérir de l’ennui

 

 

 

On peut, avec une simple limace, guérir de l’ennui
C’est simple, mais il faut réunir avec soin les ingrédients :
Une limace, une lune montante, une épaule gauche, l’ennui, un béret
A la lune montante, donc, il s’agit de frotter l’ennui
Avec la limace.
Si vous ne savez pas de quel côté se trouve votre ennui
Posez l’animal sur votre menton
La face de limace avec laquelle on frotte n’a pas d’importance
La limace s’en fout, l’ennui n’a guère de sens, non plus que le béret
Jetez ensuite la limace par-dessus votre épaule gauche.
Surtout, ne regardez pas où elle tombe
Parfois elle tombe sur des gens. On l’entend.
Parfois elle tombe à plat, ça se voit
Vous ne regardez pas.
Désormais, vous êtes sur la voie de la guérison
N’avez-vous pas, durant cette manœuvre, oublié de vous ennuyer ?
Il reste sur votre tête, le béret. Enfoncez-le profondément.
Vous croiserez sur votre route des gens. 
Sans doute sont-ils en train d’apprendre à rire
en voyant passer un type à béret.
Saluez-les, civilement.

 

 

 

 

© jpr 20 décembre 2012

 

21 décembre 2012

C'était bien

C’était bien.
Il y avait des femmes et des hommes
Ils allaient leur chemin
Simplement, avec leurs habitudes
Avec leur soucis, avec leur joie
Avec leur fraternité
C’était bien
Un pays attentif et solidaire
Plein d’émotion

C’était bien

Maintenant depuis les trains, je vois passer le paysage
Les forêts, les villages, les maisons de granit
A chaque passage, à chaque aiguillage
Je pense à toi, je pense à vous.

 

 

2 janvier 2013

Le factionnaire

 

 

 

En paix avec soi-même
Quelle étrange expérience du silence
Notre sentinelle endormie ne veille plus si tard

J’ai vu d’abord les roches pour dire aussitôt
Voici les sentinelles
J’ai vu les grands arbres, j’ai reconnu leur forme
Non, eux sont les vigies !

Regards sur le proche, esprit vers le lointain
Enfin je t’aperçois guetteur, et c’est donc toi
La sentinelle

Le pas réglé sur la pousse des plantes
Lentement, lentement, tu fais le tour du domaine
Tu pourrais, si tu le souhaitais, courir ou même voler
Tu flânes
Alors le monde à cette élégance du mouvement
Le chêne, le chemin que nous avions pris, le coteau, les rives, le pont
Le pont, les rives, une couleuvre gardés d’oubli, le chêne, le chemin
Quelqu’un doit faire le compte des ombres quand l’heure tourne

 Sentinelle par choix, par devoir d’aimer le droit d’aimer
Tu procèdes à l’inventaire des menus plaisirs du temps
Notre sentinelle endormie ne veille plus
L’heure est à la rêverie
En paix avec toi-même, en paix avec ce monde qu’il faudra nous conter

 

 

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6 janvier 2013

Ligne noire, mélodique

 

 

 

Mais non, rien de plus, rien de moins
Changement de décor
Le poème ne sauvera pas le quai du vide
Un dernier effort très directement inutile
L’agent de gare me fait signe
Sonnerie, lumière rouge
Le train est parti
Cette histoire avec lui
Les gens comme moi écoutent
Shine on you crazy diamond
J’accepte les papiers gras, l’odeur du désinfectant

J’accepte l’étincelle électrique
Même le sourire de l’agent
J’accepte la foule de la gare
Shine on you crazy diamond
Que mon double voyageur joue sa mélodie sur une stratocaster noire

Je vous reverrai
J’entends un accord de ville et de départ.

 

 

© jpr 06 janvier 2012

14 septembre 2012

L'ombre?

                    

 

 

                                     Sous ces arbres

                                     L'ombre est le fond d'un regard 

                                     Mais c'est toujours le tien 

                                     Je te prie de confier ton chemin au doute

                                     Et, chaque jour, de l'éclairer de questions

                                     Seul, ce soir, et pourtant entouré

                                     L'ombre est le fond d'un regard

                                     Et c'est toujours le tien

                                     A l'écart des villages

                                     Sous les ifs et la pierre

                                     Des lueurs passent dans l'ombre

                                     Ce sont toujours les tiens

                                     Heureusement seul

                                     Tu creuses ton chemin.

 

 

© jpr 14 septembre 2012

 

                                     

 

4 avril 2013

Sur la vitre

 

 

 

Fragments de vie sur la vitre du wagon
Le long de la quatre voie
En suivant le métro aérien
Près de cette petit campagne de trois jardins
A la sortie d’Asnières
A quels contours sommes nous réduits
Dans la vitre d’un panneau publicitaire
Ou
Sur les écrans de surveillance
Tous les corps en passage regardent dans le vide
S’espérant plus loin. Déjà arrivés.
Seuls quelques jeunes gens signent le temps
Avec de la peinture, avec des coups de lames
Gravent les fenêtres, avec de la fumée
Signent le temps dans la voiture de tête et passent

 
Depuis le pont j’observe la rame
Une femme debout observe le pont
D’autres voyageurs regardent par ici
Souvenirs passagers silhouettes captives
Aux reflets, dans les vitrines, sur les balcons
Chaque train les retient
A chaque train reviennent toutes mes disparues

 

 

 

© jpr 04 avril 2013

 

29 janvier 2013

Un train dans le fiel

Le quotidien ce n'est pas de la poésie
Sinon on casse les modèles
Inesse voyage en tuant ses voisins
Ce n'est pas de la poésie
Clovisse traverse la nuit plein de fiel sur le bavoir
contre les étrangers
Ce n'est pas de la poésie
Paulasse ne mange pas les escargots
Et son fils se bourre de trucs apéro
On casse les modèles
Il y a des fois, je te jure
Le quotidien ce n'est pas de la poésie
En plus, Clovisse est un lâche
Si on le regarde mal, il se tait
Dans le silence du matin
C'est comme s'il n'avait pas de père
Après il ne mange plus rien
Paulasse, parle-nous des escargots
Parle-nous des escargots
Laisse les gens, laise ta rancoeur
Laisse ta haine
Ecoute le train du matin
Ce n'est pas le quotidien
C'est la poésie de la mère Engueule
A horaires fixes. 

 

 

©  jpr 29 janvier 2013

 

 

22 mars 2013

Le zèbre à rayures

 

 

 

J’ai publié un poème de mariée au galop dans la neige sur un destrier blanc
Personne n’y a rien vu

J’ai publié un lourd poème en deuil perdu dans une cale à charbon
Personne n’en a rien lu

J’ai publié un poème sur un zèbre occupé à bronzer au fond d’une prison
Personne n’en a voulu

Dites-moi maintenant que le succès n’est pas affaire de forme.

 

 

 © jpr 22 mars 2012

 

20 juin 2013

Για εσάς Έλληνας φίλος

 

 

Ils vendent les pierres et les murs de tes monuments
Ils  vendent tes écoles
Ils vendent tes plages
Ils vendent tes routes
Ils  vendent  tes trains
Ils  vendent  le port du Pirée
Le port de Thessalonique ils le vendent aussi
Le port de Corfou, ils le vendent
Ils vendent même  ton eau, tes bateaux, tes paysages
Et maintenant, ami Grec
Ils t’interdisent de chanter
Est-ce de la poésie de dresser une liste de hontes?
Est-ce de la poésie d’écouter aux coffres-forts?
J’entends le coeur du bronze s’arrêter de battre
Et fondre le métal pour la statue de Nemesis
Est-ce enfin de la poésie?

 

 jpr 20 juin 2013

 

Le dernier concert de l'orchestre national symphonique de Grèce.

 http://www.youtube.com/watch?v=aUmubmoEjHo

et aussi

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100225trib000480985/la-fed-enquete-sur-le-role-de-goldman-sachs-en-grece.html

 

 

13 juillet 2013

Le pigeon (8)

Raconter, c’est restreindre, c’est resserrer. Pour les impatients on pourrait faire un envoi groupé, mais non. On va prendre l'été pour approcher de la vérité. C'est déjà une jolie performance. Pensez donc à tous ceux qui ont couru après toute leur vie. La vérité.

 Yorgos Kotsiras était un septuagénaire aisé avec bagouze sur tous les doigts et dents en or. Très cordial, très accueillant, très chaleureux et très gourmet. Une bonne tête d’agneau à la menthe ou de cochon tsatsiki, avec le sourire. Il regardait le plat, une belle femme à votre table, il embrassait la chevalière à son médium en laissant ses yeux pétiller. C’est lui qui choisissait la musique et faisait venir l’orchestre. Maintenant il est mort mort en petits bouts explosés.  Le problème avec les grenades offensives, c'est le désordre, après usage. 

-       Tu vois, Eli, fait Anna, le plus parfait de ces salauds garde le sourire en toutes circonstances et mieux même, le souvenir de ses tortures ou de ses trahisons en fait une sorte de survivant. Il a vécu des années dans l’horreur. C'était lui l'horreur, à peu-près. Il s’est sorti de là. Ses amis, ses femmes, ses chefs sont morts ou disparus. Lui, il tient un, deux, trois restaurants ou une épicerie fine ou juste une petite pension de l’armée. Il jouit de tous les moments. Ce Kotsiras a trainé autour de la prison de Korydallos dès son ouverture, en 1974. On raconte qu’il y avait ses entrées et ses protégées. Personne n’a l’idée ce que devenaient les nouveaux-nés si leurs mères disparaissaient. Personne n’a consolé les mères. Leur bébé était mort à la naissance, envolé. Kotsiras lui, il savait où partaient les bébés.

-       Et qui peut les retrouver ?

-       C’est toujours trop tard. Ce qui m’importe maintenant, avec Tolios et les autres, c’est comprendre comment on devient ça. Comment l’homme se dégrade jusqu’au pire et comment le pire n’est jamais atteint…

-       Mais les enfants ? Qui leur dira l’histoire ?

-       Je crois qu’ils savent. Cherche ton plus vieux souvenir. Tu as quel âge sur ta plus ancienne photo ? Cherche encore, avant…

-       Avant ? Je suis né à huit ans devant un accident de voiture. Une fille de mon âge criait sur l’autoroute. Elle appelait du secours. Elle savait que rien ne la sauverait. Elle serait seule toujours. Je pense à elle souvent. Sa mère était une forme sombre contre le béton de la route. Notre auto a avancé. Je suis né là.

Anna regarda vers les étages :

-       Mes compagnons se posent les mêmes questions à propos des salauds, mais eux sont nés très tôt, parce que leur père était emmené dans un camion militaire, parce qu’il fallait quitter la maison en pleine nuit, parce que quelqu’un leur serrait très fort la main en passant devant la caserne, en croisant la patrouille ou en entendant gueuler des ordres. Ceux qui tuent les Kotsiras leur volent des réponses.

Adrian nous avait rejoint au café. C’était un garçon très jeune, perpétuellement enjoué. Il semblait s’amuser de tout, même de vivre, même du sort de Kotsiras.

-       Kotsiras est mort sur le coup. La grenade l’a projeté en gros morceaux contre les murs, sûrement. Ceux qui ont fait ça savent s’y prendre. Peut-être qu’il est mort trop vite. Mais il en reste d’autres.

Derrière le bras qui tenait la carte de police, il y avait un inspecteur. Derrière l’inspecteur, un autre inspecteur et derrière l’autre inspecteur plusieurs policiers en civil. Avant ils était clients du café. Maintenant, ils faisaient la haie pour nous embarquer.

J’eus le temps d’apercevoir une petite file qui sortait de notre immeuble. Dans la file, il y avait tous nos amis. 

 

 

Bon, on a recyclé tout un café dans la police. Tout le monde est embarqué. Si j’étais Adrian, j’éviterais de sourire, l’inspecteur Bourras n’a pas une bonne tête et si, lui, il sourit, c’est en pensant à beurrer le marmot. Beurrer le marmot ?  Qui consoler avec des gifles ? Surtout si personne n’est triste. Aïe !

 

15 juillet 2013

Le pigeon (11)

Pas un d’entre vous ne m’a demandé ce que je fais en 1989 avec un pistolet .45 au milieu d’une bande de jeunes gens grecs trop passionnés, surveillé par un flic amoureux de Mélina Mercouri. Peut-être que vous avez besoin de nouveau dans la vie, du piment , du piquant, de l’aventure. Personne ne s’est ébaubi devant les cadavres. Un coureur cycliste sans nom qui meurt avec son garde du corps, dans le Galibier, voilà, la routine, pour vous. Pour moi beaucoup d’ennuis. 

 

C’est vrai qu’il a l’air louche, le touriste.  Il a trop la tête d’un touriste chinois pour être un vrai touriste chinois. A la CIA on les entraîne pour se fondre dans le réel. Un bob, un appareil photo, un kwé trop long : un touriste chinois.

La marchande de journaux, mitaines, chaussettes roulées, pas aimable : CIA.

Le pêcheur, à gauche, en bord de Seine, habillé en capitaine Tintin : CIA. Le planton devant l’hôtel, CIA , CIA , CIA.

Je marche vers le métro en serrant la crosse du SIG. C’est le moment du partage. Je suis partagé, vous êtes partagés. Pour l’instant, on s’en moque un peu, tous. Ceux qui meurent sont surtout des vieux grecs au passé frelaté. J’en entends - les mêmes sont opposés la peine de mort, qui se réjouissent et surtout qui s’indiffèrent. Position très légère, très ! Dangereuse ! Si on tue tous les vieux dégueulasses sous vos yeux impassibles, ça va être un carnage :

-       Ton voisin, il écrivait  des lettres signées « Un anonyme » pendant la guerre ? Bling, au tas, une balle entre les deux yeux.

-       Ta grand-mère elle dormait chez collabo ? Zip, un sourire espagnol !

-       La guerre d’Algérie ? Coupe, taille, zigouille !

-       As du volant, picole un peu trop écrase l’auto, dans l’auto trois jeunots. Allez pan, pan, prends-ça, t’es mort.

-       Pas moi, j’étais obligé, c’était eux ou nous. C’est pas de la torture, c’est du renseignement. Allez, à cuire, au lance-flamme !

-       Et moi, je n’y étais pas, j’ai refusé. Bang, t’es mort aussi ! Erreur de la justice populaire.

Voilà, le lecteur moyen, dans l’ensemble et statistiquement, on lui aligne les macchabées, il en veut davantage. Il en veut, il en aura !

L’ambiance n’est pas au Sirtaki chez les Grecs. Anatolios et Anna jouent aux dames dans le salon, Adrian et son ami ont sorti le scrabble, quatre garçons jouent au Cluedo dans la cuisine avec un chandelier, les filles jouent au Biriba. On se croirait au club de l’Âge d’or, moins les plaisanteries cochonnes.

Tous sont très sombres. L’accueil de l’Inspecteur Bourras et de ses francs-tireurs a été beaucoup plus rude pour eux que pour moi.  Achille et Jean-Marie, les jumeaux, ont pris très cher. Deux policiers dont le Roublon, dont il sera question à nouveau un peu plus loin, ont illustré l’expression familière « beurrer le môme ». Achille et Jean-Marie sont ressemblants, comme toujours, et portent à peu-près les mêmes marques de coups tous les deux.

Si ce genre de plaisanterie vous amuse, même un peu, restez dans l’histoire. Il y en aura d’autres, et des saignantes. Maintenant, je ne choisis pas mes lecteurs dans le carré sado. A vous de voir.

 

© jpr juillet 2013

16 juillet 2013

Résumé filmé (le pigeon 12)

 

Il est des jours plus compliqués que d’autres pour voir progresser l’intrigue.

Si vous étiez venus plus tôt, j’aurais pu vous raconter en direct la perquisition chez les Grecs, ce que l’on trouve et ce que l’on ne trouve pas. Hélas, ce passage ne pouvait pas avoir d’autre titre que « la fuite ». Le narrateur et plusieurs jeunes Grecs dont les jumeaux Achille et Jean-Marie ont été expulsés du squat artistique où ils étaient hébergés. Le squat a dans le même mouvement été vidé itou. Merci la solidarité.

Quelques horions échangés avec des artistes de méchante humeur ont tout de même ressoudé le groupe qui a pu s’exprimer à propos d’art contemporain.

Sinon rien de bien intéressant. Deux bus ont été achetés, deux caravelles fatiguées de retour du Maroc. Dans les bus, direction le périph, la banlieue on dort, on chante, on vit, on s’aime. Ceux qui ne dorment pas chantent, ceux qui vivent peuvent aussi dormir. Ceux qui s’aiment vivent leur amour et chantent leur amour et dorment leur amour et nous font un peu chier car ils n’ont rien d’autre à raconter les yeux dans les yeux.

Ah oui, oui, il y a une voiture noire qui suit le bus à travers Paris. Dans la voiture noire, personne ne chante, personne ne dort et personne ne s’aime. Pire, personne ne s’aime et aucun des passagers n’aime personne au monde.

Quand est-ce que l’enquête commence ? Ben l’enquête est commencée. Ce que nous ignorons, c’est combien d’enquêtes simultanées sont lancées. Dans ses greniers, l’inspecteur Bourras a organisé un pot de départ, car il part en région pour quelques jours, avec toute la brigade, mais son enquête progresse : c’est pour cette raison qu’il quitte le quai pour la province.

Si nous avions un peu de temps, nous pourrions nous inviter et voir dans un dossier la photo des jeunes grecs en groupe et un par un dans la nuit devant le squat, la photo des caravelles et la photo de Anna.

Nous pourrions apercevoir aussi la voiture noire.

Dans une étape du Tour, on appelle cela le résumé filmé. Un soir, je vous l’enregistrerai, ainsi vous n’aurez pas à lire, juste à suivre les bus direction la banlieue.

 

 

21 juillet 2013

Les yeux de Géronimo (Le pigeon 16)

C’était une sorte de bureau, une caverne personnelle avec des photos sur les murs. Des anciens et des anciennes avec dignité photographique posaient sans sourire. Ils fixaient l’objectif, conscients d’y laisser un témoignage qui les dépassait et s’adressait, derrière la boîte noire, à leur  hypothétique et lointaine descendance.

On sentait l’âpre quotidien, la nécessité  de composer avec le temps, tout le temps et par tous les temps. Si on faisait abstraction du décor ou des costumes, ils pouvaient être de la nation  d’ici ou d’une nation venue d’ailleurs ou même un peuple d’Indiens, tout un peuple en photo.

-       Nicias ? Tu as vu, il ne manque que Géronimo…

-       Géronimo ? Pourquoi Géronimo ?

-       Observe leurs yeux.  Géronimo a le même regard, exactement.

Elle sourit :

-       Je trouve qu’ils ont un air sympa, sûrement pas l’habitude de poser, …La photo, Eli, cette photo, en bas, prends-là…

 Un groupe de jeunes gens devant un monument néoclassique, ou la réplique d’un temple ou une construction plus récente intégrant des colonnes ioniques…Photo en couleur. Au dos une date : 1972, écrit au stylo bleu

-       Des étudiants ?

-       Oui, Eli, des étudiants, National Metsovio Polytechnique, 1972. Regarde mieux les filles, la première au second rang, sur la gauche…

-       Mais, c’est Anna ?

-       Anna, oui. Qui est à ses côtés ?

-       Elle a ton sourire, et les cheveux plus longs, mais c’est bien toi !

-       Oui ! Eli, qui encore ?

-       Je dirais, attends, là derrière avec la perruque et la moustache à la Franck Zappa, on dirait Adrian. Là, c’est Anatolios. Il y a aussi les jumeaux.

Elle me prend la photo des mains et la regarde fixement :

-       Les garçons vont à la fac à cet endroit. Les filles pas exactement…Regarde ceux-là. Ils sont disparus. Trois l’année suivante, deux trois ans plus tard.

-       Les filles, Anna, toi, Andreas. Je vous reconnais bien. Qui est la quatrième ?

-       C’était Agathe... 

Anna venait d’arriver dans la pièce. Elle reprit…

-       Le 17 novembre 1973, Agathe est morte dans mes bras, avec son sang partout sur son corsage, partout sur mes mains. Partout, on entendait crier et partout les coups de fusil. Quelques uns chantaient encore…Tolios te dirait ce qu’elle était pour lui…Elle est morte le 17 novembre 1973, dès le début, dès que les soldats ont commencé à tirer dans la foule.

Nicias posa la photo.

-       L’homme que tu vois au premier rang, le professeur Noiraud…Sa fille, Andreas. C’est sa maison ici. A chaque fois que nous avons dû nous cacher, il a fait le choix de risquer, pour nous…

Elles poursuivirent un long moment. J’écoutais sans les interrompre, en faisant le café, comme si l’on pouvait écouter l’Histoire en faisant passer le café, en glissant des tranches dans le grille-pain ou en demandant si quelqu’un avait trouvé du lait. Mais j’avais soigneusement écouté : jusqu’à la chute de la junte, le groupe avait lutté, à l’écart des grandes organisations de l’époque. A la chute du régime, il avait continué à poursuivre ceux qui avaient soutenu  la dictature, ceux qui s’étaient enrichi…

Par la fenêtre, j’entendis Jean-Marie et Andreas qui appelaient. Andreas avait sorti les mobylettes et ils voulaient partir de suite vers la petite ville…

-       Ravitaillement ! avait crié Jean-Marie. Mais chacun savait qu’ils allaient retrouver les contacts du professeur Eric Noiraud.

Sous le tilleul, nous avons pris le café. J’observai la façade de la petite maison et la grange qui la prolongeait :

-       Jolie bâtisse…Des gens avec du courage et un peu de goût pourraient en faire vraiment quelque chose d’intéressant…

-       Mon père a fait toutes sortes de plans un peu bizarres avec du bois partout, des escaliers, des cachettes pour les enfants. Je te montrerai si tu le veux…

C’était la première fois qu’Andréas m’adressait la parole. Elle qui avait constamment le regard grave, lointain, un peu absent, avait des sourires  dans la voix et une lueur d’enfance en lançant sa mobylette sur la petite route.

 

 

 

21 juillet 2013

Ils braquent les salades montées

Pour vivre sans changer sa façon d’être malgré les menaces, il faut être inconscient ou s’être déjà organisé pour survivre. Ou peut-être faut-il avoir déjà fait l’expérience de la mort. Celle des autres, ce n’est pas suffisant. Je parle de la mort d’une partie de vous-même. Combien de temps faut-il pour transformer l’horreur du vide en douce absence ?

Andréas et Jean-Marie devaient rouler entre ombre et soleil, seuls sur la route, heureux du moment, conscients du moment. Où étaient à présent les étudiants du 17 novembre ?

Les autres, sous le tilleul ou dans la maison parlaient et jouaient aux dés. Il y avait deux discussions, différentes et qui portaient le même souci.

-       Ne pas être trahi, être un peuple majeur, qui décide pour lui-même…
Anatolios lança les dés :

-        C’est la seule question, la place que l’on fait au peuple après lui avoir laissé croire qu’il était libre de choisir

-       On a chassé la junte, on a reconstruit le monde. C’est le peuple qui décide !

Adrian regarda Manolis et Manolis lui rendit son sourire

-       Observe bien Adrian. Je lance les dés. Je dis ce sera un 6 et il arrive un 5 ou un 4. Alors devant le peuple j’affirme qu’il faut poursuivre l’effort et j’affirme que pour vaincre enfin, le peuple doit me suivre. Alors, je lance à nouveau le dé…

-       Et ?

-       Et le peuple m’acclame, forcément. Quoi qu’il arrive, je l’ai prévu.

-       Manolis, tu n’es pas un démocrate !

-       Qui l’est vraiment mon frère? Tous ces bien nourris jouent aux dés sur nos têtes et prétendent maîtriser notre sort…

Nicias venait de rentrer dans la maison :

-       Je crois ce que tu dis, mais je ne sais pas faire autrement, convaincre, gagner une voix, une autre encore. Laisser monter l’envie pour secouer le monde, par le monde. Ce n’est pas le peuple qui décide qu’il décide. C’est une faute de trop sur le tableau des vergognes (elle voulait dire honte), c’est un bateau qui doit livrer le grain et qui est  vide en entrant au port. C’est un regard de travers entre un policier et un passant, d’autre qui observent, personne des deux ne veut baisser le regard. Pourquoi ce jour là, le policier bouscule le passant, le passant tombe, la foule déchire le policier ?

-       Deux as ! Je gagne et je rafle les haricots !

Anatolios se leva. Au même instant, l’Inspecteur Bourras s’encadrait dans la porte. Dans le jardin, leur arme de service au poing, deux de ses hommes gardaient nerveusement les pommiers, quelques salades montées et des vaches, au loin. Devant la maison trois de leurs collègues s’étaient embusqués de part et d’autre de la route.

-       Akis Loliakos, vous vous souvenez ?

Tous s’étaient tournés vers Bourras…

-       Vous, là, Eli, le Grec d’adoption, vous vous souvenez d’Akis Loliakos ?

Il jeta une photo à mes pieds. Je pris le temps pour la ramasser, la retourner. Je savais ce qu’elle pouvait montrer.

-       Encore une pièce de boucherie ? Ca ne m’intéresse pas. Et eux non plus – je montrai dans le vague, l’ensemble des Grecs-, ça ne peut pas les intéresser…

Bourras s’était assis dans le canapé. Il nous tournait le dos et faisait de grands gestes

-       Akis Loliakos avait obtenu l’amnistie pour avoir livré quelques noms utiles. L’amnistie et l’asile politique en France. Maintenant, il est mort, grand désordre !

Vous, vous êtes toujours vivants et vous savez qui l’a tué. Au moins une personne ici sait qui sera le prochain.

Anna parla la première :

-       Je propose de boire un verre à la santé de ceux qui ont liquidé ce porc. Et, je me demande, commissaire, si nous ne ferions pas aussi bien qu’eux, en tuant le suivant…

Bourras ne releva pas le propos. Il avait une expression pour toutes les circonstances et c’était toujours la même, une façon de vous regarder qui, à la fois vous mettait à l’aise, comme de voir quelqu’un de simple, facile à lire et à comprendre…Qui à la fois vous mettait à l’aise et au même instant vous vrillait de la tête au pied, comme de voir quelqu’un qui lit simplement en vous totalement, même et surtout vos pensées cachées et ce que vous pensez à l’instant de lui. Sale con. Sale flic.

-       Je ne suis pas commissaire, je suis l’inspecteur Bourras. Ici, autour de vous, dans les villages et au chef lieu du département, c’est ce que j’ai appris à l’école, il y a une préfecture. A la préfecture, il y a madame la préfète, épouse de monsieur le Préfet. Elle attendra longtemps son époux, aujourd’hui, et aussi leur invité, le colonel de la gendarmerie, elle l’attendra longtemps. Les gendarmes, ce sont les gendarmes qui s’occupent des affaires de poules volées, de larcins, d’ivresse sur la voie publique et de terrorisme. A quelques virages d’ici, il y a un virage à droite, puis un virage à gauche, puis un drôle de tournant, qui va tout droit dans un fossé. Dans le fossé, il y a deux mobylettes en mauvais état, on les a brûlées. Sur l’une des mobylettes, c’est pour cela que madame la préfète va attendre, il y a comme un homme recroquevillé, tout noir, tout grillé, absolument décidé à ne pas dire son nom avant le résultat de l’autopsie. 

 

 

 

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1 février 2012

Le camp des roms

Les grilles étaient là bien avant

Entre le terrain vague et les immeubles

Le camp des Roms est par ici

Vers la province et loin de Paris

A trois rues de la gare d'Austerlitz

On a découpé ses frontières

Dans un champ sur les rives du Danube

L'herbe pousse verte et grasse

Entre les buissons dans l'herbe haute

Personne ne passe

Les gens, les enfants, les policiers, la mairie

Personne ne reste

Ces berges ne donnent sur aucun fleuve

Tous les papiers tous les débris,

Toutes les couleurs des déchets

Le drapeau en charpie

Flottent en tous sens

La boue souille tout le blanc le bleu

Le rouge au vent des sacs

Des bâches, des planche, des tôles 

 C'est Noël, et alors ?

Un camion a posé trois chiottes une benne à ordure

Personne ne vient personne ne viendra

La fumée dense et trop noire au-dessus

Le camp à cinq heures attrape la nuit 

Mais le train entre dans la capitale

L'oubli, le froid, les tricots de ces dames

Ont des trous dans les manches

Des couleurs du dimanche et de fond de pelote

Les enfants ont des prénoms je crois

Marko, Mileta, Suljo, Tarik, Nela, Vedrana

Petits enfants le long des voies dans leurs tricots trop grands

Les yeux noirs en silence attendent sous la pluie

 

17 août 2012

Trois maumariées et toutes les ombres

                                                              

       

                                                                                  La poésie est un étang sans fond
                                                                                  où l’on court se noyer

 

                                                                                   Quand elle joue sa musique
                                                                                   s'ils couvrent des soupirs
                                                                                   la poésie est une connivence
                                                                                   C’est une corde que l’on mesure
                                                                                   C’est un camion de pierres
                                                                                   C’est le tombeau et c’est la peine

 

                                                                                   Si elle renonce à crier
                                                                                   A hurler dans les puits
                                                                                   La poésie
                                                                                   c’est l’invention perverse du silence

 

                                                                                   Je t’ai connue la maumariée
                                                                                   Toi l’humiliée, la rebellée, la consentante
                                                                                   Jour après jour
                                                                                   Quand il fallait te taire
                                                                                   Quand il fallait toujours
                                                                                    lui laisser la place

 

                                                                                    Qu’aurai-je fait et pourtant
                                                                                    Je savais

                                                                                    Si tu n’avais pas fui
                                                                                    Si tu n’avais pas osé
                                                                                    Si tu n’étais pas morte
                                                                                    Vous y seriez encore

 

                                                                                    Dix pas derrière le maître
                                                                                    Au sombre jour sous le soleil
                                                                                    L’ombre des ombres
                                                                                    La maumariée

 

                                                                                    Et passent les transparentes
                                                                                    A se griffer les joues
                                                                                    A se battre les tempes.

 

                                 © JPR 19 août 2012

 

                          

                                                                               

 

                                                                                

22 août 2012

Miracle worker: l'art des évadés

J’aime ces rencontres quotidiennes

Réapprendre en les touchant

Chaud, froid, qui pique

Toutes les lettres du tableau

Au bout des doigts

Le balafon par la vibration des corps

Ce souffle vivant

Ce n’est pas le vent

Toutes les portes du temps

Ouvertes

Joueurs de gamelan se répondent

Je n’entends pas, je suis dans la musique

Joueurs de sons, joueurs de mots, joueurs de forme

Bali, le K2, la porte de Pantin

La poésie, l’art des évadés

Sur la photo, c’est Tensing Norgay

Le double, le compagnon

Donne-moi la main

30 janvier 2013

Sonnette

 

 

Et mon vélo hollandais, c’est de la poésie ?
Il fait le tour de ville
Haut perché sur ses roues
Vent d’Ouest
Il me porte vers la mer
Ouest
Des cafés à Dieppe
Le port de Douarnenez
Le Touquet
Saint-Servan
Amis en silhouettes, amour contre ma joue
Qui peuplez les quais
Pour un simple vélo et le vent
Pour même c’est un peu trop
Répondre au ferry. Sonnette.
De la poésie, le Hollandais. Vélo.

 

 

© jpr 30 janvier 2013

 

14 février 2013

Karōshi

 

 

 

 

Je vous les excuses de la société
Monsieur Buto était meilleurs cadres
Nous l’avons dissuadé autant
Nous l’avons de se lever si tôt
Assuré devait pas emporter travail chez lui
Nous intégré primes à salaire
Avons minuterie pour lumière
Et alarme contre trop longues
Journées je vous apporte de la société
Monsieur Buto employé modèle
Les excuses mais se surmenait
Sa mort est deuil pour l’entreprise
Dirigeants salaire avec personnel
Partageront un jour un jour
Seize millions ai bloqué calculette
Indécent quoi indécent
Fruit travail fruit travail
Excuses société
Buto karōshi
Bah, de chose mourir un jour
Alors bah !
Seize millions divisé vous tous
Pas de sens
Pas de sens
Pas de sens
La faute à.
Karōshi
Epuisement. Mort au travail
Zèle. Buto rayé cadres.
Mōshiwake arimasen. 

4 mars 2013

Un tourniquet dans le bac à sable

 

 

Un tourniquet dans le bac à sable
Le vieil homme ne regarde pas
Il voit le présent et le passé
Il nous a vus arriver
Il saura que nous rentrons
Attendre ainsi sur un banc
Parmi les cris d’enfants et les pigeons
Avant de trancher de prendre position
Vaut bien une existence
On apprend même à prédire

 

 

© jpr 04 mars 2013

15 février 2013

Express

 

 

 

 

Février. Rien ne change que la taille des flaques
Rouen-Paris le fleuve me déborde
Février. Rien ne change que la taille des trains
La banlieue rythmée par les foules-horaires demeure
Perdu depuis longtemps le combat des idées
La banlieue myrmicole, dans les odeurs d’ozone, regarde ailleurs
Ailleurs rattrape son sommeil
Ailleurs se cherche une raison
Ailleurs pour ne pas voir en face
Février. Rien ne change que la taille des jours
Quelque chose de la nuit voyage en seconde classe
Une femme une ombre enveloppée  d’obscurité
Sa main gantée absorbe les regards
On sursaute au passage d’un tunnel
Février. Rien ne change que n’emporte l’express

 

 

© jpr 15 février 2013

 

13 décembre 2012

Je préfère la valse

 

 

 

 

 

Je préfère te quitter sur une valse
Sur la route sous la pluie
Je préfère la valse
Chemins creux, de bocage en caillou
Maintenant je préfère la valse
Découper dans l’image un nuage perdu
A cinq heures au-dessus du village
Et le cri  d’un oiseau entre chien et fumée
Entre nous, je préfère la valse
Rien de simple, au départ, se quitter c’est un art
Trop de ponts, trop de pierres, trop de fleurs
Trop de maisons ouvertes
Je pourrais te quitter par un mot, une lettre
Je préfère la valse
Au-dessus du pays parmi les froids, le Nord
Je reviendrai danser
Au-dessus de la Gartempe, à Saint-Victor
Au plus creux des forêts, à la pierre qui tremble
Je reviendrai danser
Rien ne bouge, rien ne dit
Un matin de décembre, rien ne tremble
Ce sont de vieux pays
Aujourd’hui on se quitte trop vite
Pas le temps d’observer notre petite peine
Se perdre dans le bocage
J’y étais, n’y suis plus
Je préfère la valse…

 

 

 

 

© jpr 13 décembre 2012

 

12 avril 2013

L'autre moitié

 

L’autre moitié

 

 

 

 

Les yeux fermés
Le premier choc des aiguillages
Le wagon sursaute
Quinze secondes à peine
A nouveau le choc, les aiguilles
Poissy
Ainsi depuis toujours
On se déplace ou non on reconnaît les bosses
Les creux
Les bons, les affreux
La sourde oreille du temps à vous changer la vie
Nuits de plafond incertaines nuits
On sait, l’heure de la ronde, l’heure du laitier
L’heure du défunt, la naissance du cri
Les yeux fermés
Je reconnais sa place dans le lit
L’autre moitié du monde
Avec la Seine, tremblante  noyée

 

 

 

 

 

© jpr 12 avril 2013

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