Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Poésie par la fenêtre
blog poesie
5 mars 2013

Sagamore chaque matin

 

 

 

 

 

Quand après 47 ans de deuil, Sagamore Martin décida de vêtir sa vie en clair, il était déjà finissant.
Est-ce de la poésie, est-ce un nouveau roman ?
Essaie un peu, toi, d’être moins morose
Tant d’années à faner le chrysanthème vous laissent sans élan
Sagamore s’acoquina à un petit hôtel près des étangs
Il y recevait en mondain et en demi-mondain
Il y  apprit le plaisir, le whist et puis à boire
Par quoi il se gomina les cheveux, porta l’écharpe blanche
Je te vois, lecteur, mouiller ta lèvre pour faire comme Sagamore
Et toi, lectrice, je t’entends
Le bruit d’un baiser à ton miroir
Voilà, je te laisse le temps
Encore
Voilà
Merci Sagamore.
A chaque fois le bruit du baiser
Peux-tu t’en empêcher ?

 

 

 

 © jpr 05 mars 2013

Publicité
Publicité
3 mars 2013

Le banc

 

 

Vieux sur son banc
Je me suis approché
-       Vous me reconnaissez ?
Vieux autour les sables mouvants
Personne ne s’y risque
Il n’a pas répondu mais il a parlé plus fort
-       Je me souviens n’est rien si personne ne sait
Le regard au fond de soi, les yeux, les cheveux, le soleil même brume
Le square, les maisons autour, le sable les poussières même éclat
Les silhouettes d’aurore même brume, même éclat même aura
-       Vous me reconnaissez ?
Il n’a pas répondu mais il a parlé plus fort.
-       J’entends comme je vois, le contour des mots, celui des hommes
Vieux sur son banc
Aveugle et sourd par vieillesse par choix et pour se retirer du monde
Parfois quand je m'éloigne je l'entends battre des ailes. 

 

 

© jpr 03 mars 2013

28 février 2013

Somme

 

 

 

 

Je salue bien mes morts
La force-tristesse soit dépassée
Je vous salue, mortes amies
Absentes régulières qui me tenez debout
Vous, mes compagnons présents
A l’abri en toute chose que caresse l’esprit
Un instant
Vous qui me reliez aux mondes
Sur les fleuves au soir, par un arbre en vous enraciné
Par ces fleurs renaissantes
Par la moindre lumière pourvu qu’elle se reflète
Par le chat qui attend assis devant ma porte
J’emprunte des chemins un sourire, un bâton
Le pas de la campagne le caillou juste et clair
Sous le pied la marche la mémoire
Je salue bien mes morts
Joie des trépassés chaque jour éphémère
Le vif porte ses ombres, légères
Tout ce qui vit, vole, vibre, même la pierre
Porte le vivant et le poète ouvre le temps.
Nous sommes.

 

 

 

© jpr 28 février 2013

 

26 février 2013

Strada cava

 

Faut-il rester dans le noir
Se balancer sur une chaise
Faut-il tenter des ambassades
Tous mes petits indiens reviennent
Sans espoir
Détruire construire s’assemblent
Détruire l’emporte
Le monde et la banquise se fracturent
Oui, j’ai pris hier un chemin creux
Fougères, prairies, à travers la campagne
On peut s’asseoir ici pour écouter la paix
Si le vent porte  peu
On entend une plainte
Si le vent porte un peu
On n’entend que la plainte

 

 

 

© jpr 27 février 2013

20 février 2013

Pavés du XIe

 

 

 

Parfois, dans les rues où s’entend l’écho de Lili Marlène
Rondeur du pavé ou escalier parisien
Parfois dans les rues je vois passer le XXe siècle à fleur de caniveau
Un peuple sage de trentenaires attend que l’histoire commence
Jeunes gens beaux et doctes tandis que Marlène s’éteint
vous buvez de la bière en terrasse
Parfois dans ces rues tout semble marquer heure d’après
Au fond des cours nul chant, face à moi, nul contrechamp
J’en parle seul
Un cliché Harcourt traîne derrière le rideau d’un coiffeur
-       Alors, fait l’acteur, et alors ?
Nous sommes à nous-mêmes notre propre musée

 

 

 

© jpr 20 février 2013

Publicité
Publicité
18 février 2013

Ai-je dit

 

 

Ainsi, j’ai puisé des mots chaque jour à écouter
L’homme, la femme, les gens, les gestes lents
Mais toi, ai-je su t’entendre ?
Fille de vingt ans sur une bicyclette, jambes nues à l’été
Ai-je su te dépeindre, trop facile image
Un trait de blondeur passe dans le village
Mais toi, l’enfant au petit chien
Ai-je su dans un poème te renvoyer la balle ?
Mais sur le banc devant l’hospice, toi, l’ancien
Toi qui répondais, le bras levé
Avec ta tête de voyage au Nord et ton sourire sans dent
Ai-je dit ta joie, simple joie
Et ton prénom. Inconnu.
Ainsi, j’ai puisé des mots chez l’homme, la femme
Les gens, les gestes lents
Ils me le rendent aujourd’hui
Un mot, un pays, un visage, l’univers du visage
Le jour et les amis de passage
Le parfum, les sens au présent
Corentin Celton.
Une partie de ballon.
Le champ derrière la maison.
Mes frères.

 

 

 

 © jpr 18 février 2013

17 février 2013

Nord-voyage

 

 

 

 

Le Nord est dans ce voyage
Toi qui ne lis plus
Toi qui inventes des mots le doigt sur le décor
Chaque découverte, les oies sous la brume,
Le chien le berger le fleuve étaient tes souvenirs
Ils sont  au Nord de ta mémoire
Homme dépaysé qui chaque jour oublie
Oublie, s’engloutit, sanglote
Il reste ton sourire à entendre les passages
Oiseau dis-tu
Oiseau, et ta pensée file au-dessus des flots
File, l’horizon, la vague, le remous, un peu d’écume.

 

 

 

 

 

 

 

© jpr 17 février 2013

 

15 février 2013

Express

 

 

 

 

Février. Rien ne change que la taille des flaques
Rouen-Paris le fleuve me déborde
Février. Rien ne change que la taille des trains
La banlieue rythmée par les foules-horaires demeure
Perdu depuis longtemps le combat des idées
La banlieue myrmicole, dans les odeurs d’ozone, regarde ailleurs
Ailleurs rattrape son sommeil
Ailleurs se cherche une raison
Ailleurs pour ne pas voir en face
Février. Rien ne change que la taille des jours
Quelque chose de la nuit voyage en seconde classe
Une femme une ombre enveloppée  d’obscurité
Sa main gantée absorbe les regards
On sursaute au passage d’un tunnel
Février. Rien ne change que n’emporte l’express

 

 

© jpr 15 février 2013

 

14 février 2013

Karōshi

 

 

 

 

Je vous les excuses de la société
Monsieur Buto était meilleurs cadres
Nous l’avons dissuadé autant
Nous l’avons de se lever si tôt
Assuré devait pas emporter travail chez lui
Nous intégré primes à salaire
Avons minuterie pour lumière
Et alarme contre trop longues
Journées je vous apporte de la société
Monsieur Buto employé modèle
Les excuses mais se surmenait
Sa mort est deuil pour l’entreprise
Dirigeants salaire avec personnel
Partageront un jour un jour
Seize millions ai bloqué calculette
Indécent quoi indécent
Fruit travail fruit travail
Excuses société
Buto karōshi
Bah, de chose mourir un jour
Alors bah !
Seize millions divisé vous tous
Pas de sens
Pas de sens
Pas de sens
La faute à.
Karōshi
Epuisement. Mort au travail
Zèle. Buto rayé cadres.
Mōshiwake arimasen. 

12 février 2013

Train bleu

 

 

 

 

 

Seule la glace parcourue de vent produit ce silence
La nuit invente la nuit et le gel aussi
Le train stoppé dans la plaine attend le lendemain
La nuit invente l’abîme 
A minuit, à toute heure, passe le maître chien pour sa ronde
Comme gisants à Saint-Denis  les dormeurs
Comme gisants  immobiles cinq hommes dans le wagon de queue
Même le pas du vigile, même le chien qui geint rien ne les réveille
Cinq jeunes hommes serrés contre le froid ont trouvé logis sur la voie de garage
Le garde s’éloigne. Il sait.
Vers cinq heures trente ils glisseront du sommeil à l’obscurité, sans un bruit
Ils remonteront leur col vers la ville. Le train longera leur petite file
A 7 heures et six minutes, il entrera en gare de Mantes-la-Jolie
Train bleu avec odeurs de misère

 

 

 

© jpr 12 février 2013

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité