Trois maumariées et toutes les ombres
La poésie est un étang sans fond
où l’on court se noyer
Quand elle joue sa musique
s'ils couvrent des soupirs
la poésie est une connivence
C’est une corde que l’on mesure
C’est un camion de pierres
C’est le tombeau et c’est la peine
Si elle renonce à crier
A hurler dans les puits
La poésie
c’est l’invention perverse du silence
Je t’ai connue la maumariée
Toi l’humiliée, la rebellée, la consentante
Jour après jour
Quand il fallait te taire
Quand il fallait toujours
lui laisser la place
Qu’aurai-je fait et pourtant
Je savais
Si tu n’avais pas fui
Si tu n’avais pas osé
Si tu n’étais pas morte
Vous y seriez encore
Dix pas derrière le maître
Au sombre jour sous le soleil
L’ombre des ombres
La maumariée
Et passent les transparentes
A se griffer les joues
A se battre les tempes.
© JPR 19 août 2012