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Poésie par la fenêtre
22 mai 2013

Jouer au silence

 

 

Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé
Le petit chat s’est barré
L’électricité vient d’être rationnée
Les enfants qui regardent par les trous du grillage
Jouent au silence en prenant garde à ne pas déranger
Si je ne l’avais pas écrit
Qui d’entre vous aurait pu les remarquer ?
Et maintenant, ce n’est pas une grimace qui les rendra plus gais
J’ai connu une belle ville d’Orient, avec un roi
Tout ceci était derrière les murs
J’ai dit, c’est à cause du roi
J’ai connu une belle ville d’ici, sans roi
Mais avec un mur pour cacher tout ça
Alors, ce n’est pas à cause du roi, je crois
Il n’y a pas de numéro derrière le mur
Juste un grillage qui bouche les brèches
Les enfants même lorsqu’ils crient
Jouent au silence au bord de la quatre-voie.

 

 

© jpr 22 mai 2013

 

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18 mai 2013

Oiseau contre le mur

Je retiens entre mes mains serrées
Un poème

Toujours l’oiseau cherche à s’enfuir
Et le poème s’échapperait s’il le pouvait

Les enfants dont parle le poème
Regardent le ciel par la tête
Puis se bouchent les yeux pour ne plus le laisser sortir

Entre mes mains serrées
Oiseau contre le mur
Poème oiseau
Avec enfants ébouriffés
Chocs de bruits d’échos de serrure
Bruits chocs de cris d’échos de bruits de serrure
Avec silence étouffé

Je retiens entre mes mains serrées
Un poème

 

 

© jpr 18 mai 2013

 

14 avril 2013

Petite toux brune

 

 

 

Pas de poème aujourd’hui
Pas de bon mot
De leçon de choses
De clarté de  sentiment de bon
D’intention pas de bonnes
Pas de libres pas de vers
Pas de rimes rien ne rime
Rien à faire bourgeons de guerre
Peste brune dans la gare
Ça dormait je ne sais où
En costume d’époque
Ça suinte de l’histoire
Toujours ça vocifère
Ça parade bras levé
Mon bel amour à terre

Oui tu parles l’amour
C’est une belle langue
Et que chacun l’apprenne
Laissons glisser ce cortège
Où les sanies s’écoulent

 

 

 

 

© jpr 14 avril 2013

 

 

13 mars 2013

Rappel, ou Poème au nez pincé

 

 

Si j’étais un chien errant,
j’irais plutôt errer là-bas, dans les jolis quartiers
Si j’étais un papier gras,
j’irais graisser des terrasses opulentes
Enfin, si j’étais une fenêtre murée, un éclat de verre, des choses innommables derrière une palissade, si j’étais un cri peint en noir sur les murs de l’immeuble, si j’étais une carcasse de voiture, la trace toute neuve d’un incendie, j’irais bien prospérer au cœur du Marais, dans le seizième ou le cinquième, au pied des limousines, sur la Promenade, en haut des marches de l’Escalier, j’irais même bien souiller ton jardin
Mais, mais, mais, mais, voilà, je ne le ferai pas.
Je ne le ferai pas, personne ne s’en étonne.
De ce côté-ci de la Grande muraille, haute, haute, haute, que l’on ne voit pas, même de la Lune, je peux errer, graisser, murer, éclater, perdre mon nom, m’incendier et charbonner de cris tous les murs, je peux me relever de la souille et m’étendre partout.
Personne ne s’en étonne.
Personne, ni l’eau, ni le vent qui, par ici, ne sont pas les mêmes, pour ce qu’ils charrient, pour ce qu’ils emportent et tant te répugne.
Là-dessus, je me tire, tous ceux à qui j’en parle en ont une opinion.
Pas toi ?

21 février 2013

Indolent voyage debout

 

 

 

 

Banlieue courent pourquoi marche indolent voyage debout
Debout oui mais pas couché
Pas couché pas vaincu
Banlieue courent pourquoi train court voyage debout
Debout oui mais pas court restent mots
Dur, dur un jour puis un jour puis un jour puis un jour puis un jour
Repos Repos
Banlieue courent pourquoi marche rêveur voyage debout
Pas d'ici Camus l'Etranger suffit penser différent
Pas pleurer même choses non
Rire même choses non non
Ecouter musique zinzin tympans fondus non
Courir long du quai non
Marcher gueule contemporains place assise non
Marcher gueule contemporains non non
Etranger partout partout
Etranger reste debout
Fierté 

 

 

 

 

 

 

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19 février 2013

Mal, fait mal. Bien ne fait pas mieux

 

 

 

Deux bouteilles vides et un tas de poussière
Ça ne fait pas un sablier
Un alphabet, une ardoise
Ça ne fait pas un pli, pas un poème
Ce matin, sur le Champ de Mars, j’enviais.
Les petits chiens et les mémés faisaient leur métier
Les athlètes se dépassaient
Les oiseaux se poursuivaient
Les gens, les bêtes, les vieux rupins, les choses inertes au Champ de Mars
Ça ne fait pas un monde
Dommage, tout a l’air bien content.

 

 

© JPR 19 février 2013

14 février 2013

Karōshi

 

 

 

 

Je vous les excuses de la société
Monsieur Buto était meilleurs cadres
Nous l’avons dissuadé autant
Nous l’avons de se lever si tôt
Assuré devait pas emporter travail chez lui
Nous intégré primes à salaire
Avons minuterie pour lumière
Et alarme contre trop longues
Journées je vous apporte de la société
Monsieur Buto employé modèle
Les excuses mais se surmenait
Sa mort est deuil pour l’entreprise
Dirigeants salaire avec personnel
Partageront un jour un jour
Seize millions ai bloqué calculette
Indécent quoi indécent
Fruit travail fruit travail
Excuses société
Buto karōshi
Bah, de chose mourir un jour
Alors bah !
Seize millions divisé vous tous
Pas de sens
Pas de sens
Pas de sens
La faute à.
Karōshi
Epuisement. Mort au travail
Zèle. Buto rayé cadres.
Mōshiwake arimasen. 

12 février 2013

Train bleu

 

 

 

 

 

Seule la glace parcourue de vent produit ce silence
La nuit invente la nuit et le gel aussi
Le train stoppé dans la plaine attend le lendemain
La nuit invente l’abîme 
A minuit, à toute heure, passe le maître chien pour sa ronde
Comme gisants à Saint-Denis  les dormeurs
Comme gisants  immobiles cinq hommes dans le wagon de queue
Même le pas du vigile, même le chien qui geint rien ne les réveille
Cinq jeunes hommes serrés contre le froid ont trouvé logis sur la voie de garage
Le garde s’éloigne. Il sait.
Vers cinq heures trente ils glisseront du sommeil à l’obscurité, sans un bruit
Ils remonteront leur col vers la ville. Le train longera leur petite file
A 7 heures et six minutes, il entrera en gare de Mantes-la-Jolie
Train bleu avec odeurs de misère

 

 

 

© jpr 12 février 2013

7 février 2013

J’entre au musée de la poésie

 

 

 

J’entre au musée de la poésie
Entouré par des silences, des envolées
J’entre au musée de la poésie
Du joli monde se presse pour entendre
Belles paroles, saines paroles, paroles lyriques
Plusieurs poètes exposent leur foie, leur barbe
Ils présentent leurs plaies à des messieurs replets.
J’aperçois et je crois reconnaître un type à mégot et casquette
Un autre avec une jolie trompette
-       Viens on se tire, dit le premier
L’autre avec un grand sourire le suit, l’air de celui qui vient de se faire engueuler
et qui en est ravi
-       Eh, les gars – je fais – eh, les gars, je peux rentrer ?
-       Tu peux, mais es-tu certain de le vouloir ? Dans les musées, il faut baisser la voix…
J’ai déjà entendu cet accent là. Sur la place devant le musée, il y a la foule du dimanche qui défile, qui jongle et fait des pirouettes et des enfants bien sûr avec leurs doigts dans le nez. Ils font des grimaces par la fenêtre du musée.
J’aime la fanfare, j’aime l’odeur des chichis, manger avec les doigts la vie.

 

 

© jpr 07 janvier 2013

 

25 janvier 2013

Taureaux du temps

Aujourd’hui

J’avais un quart d’heure de retard sur la foule c’est arrivé à La Motte-Piquet-Grenelle un flot considérable bruits de pas bruit de pas pressés de plus en plus pressés et moi je ne savais pas savais pas à pas le bruit des pas annonce la foule en flot déversé dans l’ignorance du goutte-à-goutte d’humain en face des pas de femmes des pas d'employés de collégiens de maris peut-être qui sait devenus marche tout droit dans les couloirs du métro attention il y a l’escalier cent douze marches je les ai comptées moi la foule s’engouffre dans le gouffre des marches et tout seul je ne parviens pas à remonter bonjour monsieur, bonjour monsieur, monsieur monsieur et vous bonjour monsieur, madame, jeune homme, mademoiselle bonjour j’ai connu un ami Jean à la gare il disait bonjour à tout le monde au contrôleur sur le quai c’est bien Jean bonjour à tous si je crie répondront-ils bonjour Jean-Paul alors ces champignons on a tu en as en as-tu trouvé sur la pelouse où pousse déjà un arbre sur le trottoir loin là-haut du métro très loin un quart d’heure sur la foule de retard change tout ils sont passés l’heure de pointe est passée il ne reste que rien du tout une petite fille avec un cartable rien avec des écouteurs un jeune homme accroupi et une pancarte j’ai faim c’est vrai il a faim c’est écrit tous les panneaux j’ai peur j’ai froid on ne les voit pas je veux de l’amour je vais me jeter sous le train je vais rentrer dans la maison vide je vais faire un crochet avant de rentrer elle ne saura rien tous les panneaux j’ai envie de pisser je ne suis pas d’ici si tout le monde s’assoit avec son panneau qu’est-ce qu’on donnera une pièce je donne car le panneau j’ai faim c’est grave tellement grave tandis que les autres on ne les voit pas ils ne disent rien la petite fille poursuit son chemin vers l’école et le bout de la rue et les crottes de chien deviendra-t-elle une championne en ski entre les piquets plus tard ou ira-t-elle tout droit merde je ne sais pas c’est ma station ma station on en sort par le tourniquet la porte tambour en barres de fer on ne peut pas faire un tour complet sinon on est découpé en tranches de trente centimètres trop épais pour le pain, trop fin pour rester en vie ce n’est jamais une bonne idée d’avoir quinze minutes de retard sur la foule quand on vient en face et que le temps lache sur elle ses taureaux dans les rues du métro noirs les taureaux derrière la foule qui me bouscule arrache le panneau et jaillit sous les roues de la ligne quatorze automatique signal sonore en ré ou en si je ne sais plus je ne sais pas plus un pas plus de

foule

aujourd’hui

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