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Poésie par la fenêtre

26 février 2013

Strada cava

 

Faut-il rester dans le noir
Se balancer sur une chaise
Faut-il tenter des ambassades
Tous mes petits indiens reviennent
Sans espoir
Détruire construire s’assemblent
Détruire l’emporte
Le monde et la banquise se fracturent
Oui, j’ai pris hier un chemin creux
Fougères, prairies, à travers la campagne
On peut s’asseoir ici pour écouter la paix
Si le vent porte  peu
On entend une plainte
Si le vent porte un peu
On n’entend que la plainte

 

 

 

© jpr 27 février 2013

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25 février 2013

Imperceptible éclair

 

Ils marchent dans la ville
Sur les tapis mécaniques
Dans les files du matin
Les tourniquets leur laissent le passage
Sur quatre étages ouverts à St Lazare
Ils inondent les couloirs
Les escaliers
La place centrale
Ils se posent enfin
En tête de la rame qu'aspire le tunnel
La mélodie parfois si douce masque le vrai monde
J'entends ce qui résonne les battements de cœur s'échappent des écouteurs
Sur la ligne 14 à Chatelet
Ils ferment les yeux
Est-ce toi Jim Morrison qui bat dans leur poitrine ?
Est-ce toi Janis la fille au sourire en face
L'imperceptible éclair à l'ombre de ses paupières ?

 

 

© jpr 25 février 2013

24 février 2013

Le Loup mort à 20 heures

 

 

 

 

Que s’est-il passé aujourd’hui
Vigny, raconte-moi la mort du loup
Cent drames, mille drames
Hommes à la peau de tortue voici l’indifférence
Mais la veuve poursuit seule avec ses louveteaux
Après les faits divers, la guerre la politique et le journal du sport
Le loup meurt sans pousser un cri
Et alors ?
Retournons boire un verre chez Joe
Non pour l’alcool ou la compagnie
Mais pour se voir en face dans la lumière bleue
Les yeux perdus dans le miroir
Tout entouré d’enseignes
Le monde a la bouche qui saigne
On reste debout encore, sans y penser sans y croire

 

 

© jpr 24 février 2013

23 février 2013

Clicheton

 

 

Retourne vite à ton album photo
Parmi les paysages, les monuments, les braves gens
Les passants
Cherche le regard inconnu
L’homme sur son vélo
La femme à la terrasse
Un enfant souriant et qui te fixent
Cherche encore
Ne quitte plus des yeux le cliché
Demande-toi, enfin
Qui observait ainsi
Longuement ou subrepticement
Qui voulut graver cet instantané dans le cliché
Est-ce ta question depuis longtemps inscrite ?
Est-ce l’existence posée sur un déclic, à te contempler ?
Cherche le regard inconnu, interroge-le
Devant le papier mat, ou glacé
Demande ce qui voyage de toi, dans la rencontre
Dès que tu auras trouvé, si tu trouves, écris-moi, dis-moi.  

 

 

 

© jpr 23 février 2013

 

21 février 2013

Indolent voyage debout

 

 

 

 

Banlieue courent pourquoi marche indolent voyage debout
Debout oui mais pas couché
Pas couché pas vaincu
Banlieue courent pourquoi train court voyage debout
Debout oui mais pas court restent mots
Dur, dur un jour puis un jour puis un jour puis un jour puis un jour
Repos Repos
Banlieue courent pourquoi marche rêveur voyage debout
Pas d'ici Camus l'Etranger suffit penser différent
Pas pleurer même choses non
Rire même choses non non
Ecouter musique zinzin tympans fondus non
Courir long du quai non
Marcher gueule contemporains place assise non
Marcher gueule contemporains non non
Etranger partout partout
Etranger reste debout
Fierté 

 

 

 

 

 

 

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20 février 2013

Pavés du XIe

 

 

 

Parfois, dans les rues où s’entend l’écho de Lili Marlène
Rondeur du pavé ou escalier parisien
Parfois dans les rues je vois passer le XXe siècle à fleur de caniveau
Un peuple sage de trentenaires attend que l’histoire commence
Jeunes gens beaux et doctes tandis que Marlène s’éteint
vous buvez de la bière en terrasse
Parfois dans ces rues tout semble marquer heure d’après
Au fond des cours nul chant, face à moi, nul contrechamp
J’en parle seul
Un cliché Harcourt traîne derrière le rideau d’un coiffeur
-       Alors, fait l’acteur, et alors ?
Nous sommes à nous-mêmes notre propre musée

 

 

 

© jpr 20 février 2013

19 février 2013

Mal, fait mal. Bien ne fait pas mieux

 

 

 

Deux bouteilles vides et un tas de poussière
Ça ne fait pas un sablier
Un alphabet, une ardoise
Ça ne fait pas un pli, pas un poème
Ce matin, sur le Champ de Mars, j’enviais.
Les petits chiens et les mémés faisaient leur métier
Les athlètes se dépassaient
Les oiseaux se poursuivaient
Les gens, les bêtes, les vieux rupins, les choses inertes au Champ de Mars
Ça ne fait pas un monde
Dommage, tout a l’air bien content.

 

 

© JPR 19 février 2013

18 février 2013

Ai-je dit

 

 

Ainsi, j’ai puisé des mots chaque jour à écouter
L’homme, la femme, les gens, les gestes lents
Mais toi, ai-je su t’entendre ?
Fille de vingt ans sur une bicyclette, jambes nues à l’été
Ai-je su te dépeindre, trop facile image
Un trait de blondeur passe dans le village
Mais toi, l’enfant au petit chien
Ai-je su dans un poème te renvoyer la balle ?
Mais sur le banc devant l’hospice, toi, l’ancien
Toi qui répondais, le bras levé
Avec ta tête de voyage au Nord et ton sourire sans dent
Ai-je dit ta joie, simple joie
Et ton prénom. Inconnu.
Ainsi, j’ai puisé des mots chez l’homme, la femme
Les gens, les gestes lents
Ils me le rendent aujourd’hui
Un mot, un pays, un visage, l’univers du visage
Le jour et les amis de passage
Le parfum, les sens au présent
Corentin Celton.
Une partie de ballon.
Le champ derrière la maison.
Mes frères.

 

 

 

 © jpr 18 février 2013

17 février 2013

Nord-voyage

 

 

 

 

Le Nord est dans ce voyage
Toi qui ne lis plus
Toi qui inventes des mots le doigt sur le décor
Chaque découverte, les oies sous la brume,
Le chien le berger le fleuve étaient tes souvenirs
Ils sont  au Nord de ta mémoire
Homme dépaysé qui chaque jour oublie
Oublie, s’engloutit, sanglote
Il reste ton sourire à entendre les passages
Oiseau dis-tu
Oiseau, et ta pensée file au-dessus des flots
File, l’horizon, la vague, le remous, un peu d’écume.

 

 

 

 

 

 

 

© jpr 17 février 2013

 

17 février 2013

Parenthèse

 

 

 

Comme je tirais les volets, j’ai reconnu le jeune S., toujours élégant et sempiternellement  désuet dans son trousse-pet gris-bleu.
Ce garçon est devenu depuis peu croque-mort aux Pompes,  sur le boulevard.
Il attendait son ami devant chez nous, lequel urinait dans les massifs municipaux. Trop de passants profitent ainsi, je le déplore, de nos espaces fleuris.
Le corbeau et moi nous entreregardions.
Les qualités d’observation progressent vite dans cette profession.
Mon réel sentiment est qu’il me toisait.
Lorsqu’il a traversé la rue, droit sur notre porte, je me suis vu allongé parmi les fleurs.
Je me suis vu, selon l’art et l’humeur de ce jeune monsieur, tour à tour souriant, sérieux, la mine sévère ou affublé d’une grimace (aux obsèques d’une proche défunte j’ai déjà remarqué un tel phénomène).
Alors qu’il atteignait la grille son ami le héla. Tandis qu’ils s’éloignaient vers notre petite rue de la Soif, je me sortis en pensée de la sinistre position où je m’étais un instant projeté.
La vie donc prenait un nouvel élan. L’ennui pouvait remonter son métronome. 

 

 

© jpr 16 février 2013

 

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