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Poésie par la fenêtre

23 mars 2013

Second jour du printemps

 

 

 

Il n’était pas sept heures
Au second jour du printemps
Sept heures au jour
Aptes passants rares passants
A contempler ce jour
Comme les rues prêtes au vide
Attendaient le chaland
Sept heures avec la Seine
S’y pose un goéland
Sept heures sonne la collégiale
Il faudra bien tomber la brume
Il faudra bien compter ce temps
A l’autre bout du pont
Ce pouvait être toi
Ou l’ombre d’autres femmes
Ce pouvait être toi
Au second jour du printemps

 

 

 

 

© jpr 23 mars 2013

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22 mars 2013

Le zèbre à rayures

 

 

 

J’ai publié un poème de mariée au galop dans la neige sur un destrier blanc
Personne n’y a rien vu

J’ai publié un lourd poème en deuil perdu dans une cale à charbon
Personne n’en a rien lu

J’ai publié un poème sur un zèbre occupé à bronzer au fond d’une prison
Personne n’en a voulu

Dites-moi maintenant que le succès n’est pas affaire de forme.

 

 

 © jpr 22 mars 2012

 

21 mars 2013

Secret familier

 

 

 

Ne pose pas sur ta tête l’oiseau qui t’a chié sur l’épaule
Il est dans les airs la liberté, dessinée à la plume par un graveur ancien
Il ouvre par son chant le printemps, te voici enfin réchauffé
Il peut beaucoup pour ton bonheur
Mais, ne le pose pas sur ta tête
Laisse-le dans le décor
Laisse-toi glisser au fil de la rivière, tu en verras bien d’autres
Maintenant cherche l’oiseau muet, l’étranger, la silhouette, l’ombre en toi
Laisse l’hôte secret écrire à ta place. Vois.

 

 

 

 

© jpr 2013

19 mars 2013

Les montres neuves

Chaque matin Sagamore porte une montre neuve
Une montre neuve et c’est toujours la même
Devant l’étang, chaque jour, à la même heure
Sagamore attrape un caillou qui lui vient du fond de l’eau
Il voir d’abord le cercle d’onde s’étrécir
Puis le caillou saute dans sa paume
Sagamore croise à l’angle de la rue Paul Valéry
Une jeune femme – c’est toi- qui va d’un bon pas heureux
A reculons
Ils retrouvent la tension et le fruit de leur premier baiser
Puis Sagamore entre dans une boutique à réalité
Il en prend pour huit heures
Sage discipline, Sag, on deviendrait rêveur.

 

jpr 19 mars 2013

17 mars 2013

Tangage

 

 

 

Ça tangue, ça remue
On se croirait en mer
On est simplement en vie
Certains voudraient vie calme
Pas de vent, pas une ride
Mourir comme ils ont vécu. Couic.
A la houle nous sortirons
Voir sur le haut de la vague les lumières d’en face
D’autres là-bas le font aussi
Inconnus déjà nous nous aimons

 

 

© jpr 17 mars 2013

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16 mars 2013

Papillon veule

Nous avons tous vu car on nous donne à voir
Le regard est un papillon veule
Le corps d’un homme jeune tué par balle
La rigole de sang où s’attarde le voyeur collectif
Tout ce qui crie vengeance y remâche ses raisons
Ils se tuent entre eux, tant qu’ils se tuent entre eux
Puisqu’ils s’entretuent cela nettoie la rue
Et si je disais tout ceci rassure du précaire
Cette mort de l’ange est voulue
Rien qui se démontre certes.
Sous ces corps privés de parole se recroqueville la peur
On trouvera des assassins
Mais qui maçonne l’oubli, l’indifférence et l’ennui derrière les périphériques ?

 

 

jpr 16 mars 2013

15 mars 2013

Soleil d'hiver

 

 

 

Ni fait ni contrefait ni malfaisant
Ni à faire, ni même en affaires
Simplement au monde
Justement en plein soleil d’hiver
L’esprit nouveau né d’un reflet
Oui, ce matin j’ai pu croire à une séduction par le naturel
Quelle main lance un héron blanc pour partager l’espace ?
Quel souffle s’évapore à la surface de l’eau ?
Et, suivant le béal, quelle vie anime le végétal ?
Un salut à mon passage
La branche obstinément brasse le courant
Dans un remous je ressens demain le vibrant, demain le vif
Demain jubile en moi
J’ai  en poche un jeu neuf pour nos guitares

 

 

jpr 15 mars 2013

 

 

13 mars 2013

Rappel, ou Poème au nez pincé

 

 

Si j’étais un chien errant,
j’irais plutôt errer là-bas, dans les jolis quartiers
Si j’étais un papier gras,
j’irais graisser des terrasses opulentes
Enfin, si j’étais une fenêtre murée, un éclat de verre, des choses innommables derrière une palissade, si j’étais un cri peint en noir sur les murs de l’immeuble, si j’étais une carcasse de voiture, la trace toute neuve d’un incendie, j’irais bien prospérer au cœur du Marais, dans le seizième ou le cinquième, au pied des limousines, sur la Promenade, en haut des marches de l’Escalier, j’irais même bien souiller ton jardin
Mais, mais, mais, mais, voilà, je ne le ferai pas.
Je ne le ferai pas, personne ne s’en étonne.
De ce côté-ci de la Grande muraille, haute, haute, haute, que l’on ne voit pas, même de la Lune, je peux errer, graisser, murer, éclater, perdre mon nom, m’incendier et charbonner de cris tous les murs, je peux me relever de la souille et m’étendre partout.
Personne ne s’en étonne.
Personne, ni l’eau, ni le vent qui, par ici, ne sont pas les mêmes, pour ce qu’ils charrient, pour ce qu’ils emportent et tant te répugne.
Là-dessus, je me tire, tous ceux à qui j’en parle en ont une opinion.
Pas toi ?

12 mars 2013

Naissance de Sagamore

 

 

 

Puisque vous réclamez Sagamore, occupez-vous de lui.
Il a aujourd’hui la stature d’un homme
Il n’est plus l’adolescent entre les lignes que vous deviniez
En harmonie avec le paysage si l’on y capte l’air marin
Il est le personnage encore inconnu de mon prochain roman
Voir naître un héros romanesque, est-ce de la poésie ?
Comment est-il vêtu, quel est son Livre? 
Lorsqu'il regarde au loin, que voit-il? 
Toi lectrice, et toi, lecteur, sauras-tu l'accueillir?

11 mars 2013

Ce soir est différent

 

 

 

Par la fenêtre que cache un lourd rideau le chat se glisse et sort.
Ce soir est différent.
C’est le silence, seulement le silence qui rappelle l’horloge
C’est le silence qui fait craquer la braise
Sur le fauteuil, en face de ma table, le silence esquisse
votre silhouette
Ce soir est différent
Nous sommes face à face sans jamais nous revoir
Moi qui ne crois à rien, me voici je vous parle
Non, le vent ni le silence n’emportent les souvenirs
L'horloge sans se tromper
Les compte et les recompte

 

Publié dans les Bordures du Champ secret

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