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Poésie par la fenêtre
30 avril 2012

Ticket


 P1010575

 

La mer près du Yaudet, pour m'en souvenir

quand viendra le temps de rêver, au plus loin de la côte

Les hêtres, à l'automne rouge, pour avoir

sous les yeux, devant Paris, l'image de la forêt

Je veux penser maintenant au boulevard Ornano, à la Goutte d'Or,

pour le pavé et les cris, quand tout est silence

Il est étrange en ce village désert d'entendre un rire de femme,

Il est étrange, dans la rue principale,

où rien ne bougera encore aujourd'hui,

de suivre le ballet des vendeurs à la sauvette

Voici qui me sauve, face aux maisons vides :

flâner dans le flot du passage, autour de Montmartre

 

 Aux pierres sèches opposer le retour de l'écume

Aux statues une épaule aperçue, une hanche

un frôlement

Au décor opposer la comédie entière pour que tout déborde

que tout s'exagère et bouillonne enfin de plaisir et de vie

 

 La mer près du Yaudet, pour m'en souvenir

Ces souffles de vent convoquent au matin

Les rires, les femmes, la sensation de couleur

et ces grands gueulards qui s'interpellent

d'un trottoir à l'autre, la rumeur de la ville

le bruit des autos

Prendre une ligne, gonfler les poumons

Respirer le carton d'un ticket de métro

et s'il reste la mer, c'est qu'elle embrasse tout.

 

 

 

 

© JPR le 05 mai 2012                                 

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25 avril 2012

Chartres sans parole

 

 

Eté 2006 Ile Grande 036

 

 Il faut du temps désormais pour la moindre parole

La route sur quatre voies projette ses bolides

Le chemin n'est plus l'essentiel du voyage

Chartres au loin ne se laisse plus comprendre

Et la plaine, la plaine même est de passage

 

Il faut du temps désormais pour oser la parole

A qui parler sur la ligne ?

Il manque le point, la virgule, se suspendre

L'espace des soupirs et de se reconnaître

 

Ici je vous salue, là-bas vous m'attendez

Une famille, un rendez-vous de travail

Un amant, une maîtresse

L'une se défait, l'autre se termine

L'amant s'en va, et la maîtresse

 

 Il reste le temps, le temps même de passage

Le café noir que sert cette machine

Sent le métal et le plastique

Autour de moi ceux qui s'y brûlent

Cherchent en vain chaleur, repos, parole

 

 La route sur quatre voies projette ses bolides

Charles Péguy est mort à Villeroy

Au passage de Chartres je ralentis

Sans répondre toutefois aux appels de phare

La plaine, le temps les mots sous une même bruine

 

                                                     JPR MLJ le 03 mai 2012   

22 avril 2012

Pas de poème


 

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Pas de poème aujourd'hui

Car rien ne se présente

Elles passent sans un bruit

Les formes de la nuit

Sans un salut mes ombres

Passent sans un bruit

Dans le rêve parfois

On cherche où sont les voix

Les silhouettes amies

Pas un souffle sur la branche

La mer peinte à l'huile

Sur une barque de pêche

Bleu le ciel

Blancs les murs

Un tableau de Couliou

Pour le panorama

Je cherche le volume

Où trouver les réglages ?

- S'approcher du rivage

- Ramasser un bout de bois

- Ramasser un morceau de charbon

- Ecrire un mot pour celles

- Enfin, vous comprenez

- Rejeter à la mer la planche et le message

Un poème aujourd'hui

Porté par la mer d'huile

Un tableau de Couliou

Y flottent mes espoirs

Vienne le vent d'autan

Emporte le courant

Emporte le jusant

 

 

20 avril 2012

Les couleurs vives


P1010070 Gargouille, à Gargilesse 

 

Quand j'aurai fermé ma maison

Toutes les maisons de cette rue seront fermées

Femmes qui dénouez les fleurs en bouquet

Regardez vers la fenêtre, à travers les volets

Le camion de lait passe dans la nuit

Il passe depuis toujours, à la même heure

Quand j'aurai fermé ma maison

Tous les enfants de la rue, avec raison

plieront leur petit drap

Comme ils sont sages !

Ils attendront le matin

Ils attendront la journée

Soucieux de ne pas faire de bruit

La tourmente prendra possession des lieux

C'est ainsi, à chaque automne

Cette fois nous n'aurons pas connu de douce saison

Les petites villes grises perdues sur les collines

Patientent.

Les visites ne viennent plus guère

Le camion de lait remonte vers Limoges

Il est midi

Au Mexique, la mort choisit les plus vives couleurs

Cent mille corneilles en témoignent

Autour des ossuaires, cela se murmure

Il vaut mieux finir ici

Laissons la clef dans la serrure

Pour ceux qui viendront.



© JPR G. avril 2012

 

 

 

 


 

 

16 mars 2012

Horizons


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Le plus sage encore

Ne se réclamer jamais de rien

Toute appartenance

Est une soumission

Les mots que vous reconnaissez

Ce qui vous agace

Ce qui peut vous émouvoir

Nous le partageons

 

Le poème éphémère capte

- Si peu -

La trace du jour

Ce qui s'imprègne et pèse

Ce qui libère

La somme des jours

L'aurore

le chant crépusculaire

L'exploration

 

J'ai posé un jalon

Face à la Baltique

Une balise en Espagne

Dans la poche de mes amis

En partance quelques vivres

Dans notre rencontre des espoirs

Tout ceci voyage, se parle

 

Avant le lever du jour

J'entendais déjà vos voix chuchoter

Derrière les horizons

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16 mars 2012

Le métro et bon vent

 

 

P1000701_2

 

 

Le métro et bon vent

Ce sont mes préférences

Tous les mots se valent

Pour dire la distance

Je pourrais chanter

La plage et les galets

Ce serait toujours

le train, les gares

Le départ en instance

Stances aux nuits sur les rails

Et nos jours qui déraillent

C'est facile de dire adieu

Mais adieu pour toujours

Chaque jour

Salut ma blonde

Au revoir à jamais

Je suis comme un marin

Qui rame sur le goudron

L'autoroute aussi

Pour te voir

Mais par inadvertance

Au péage

Le zeppelin et bon vent

Ce sont mes préférences

Tous les mots se valent

Pour dire la distance

Et le mot cheval

Galoper dans les rues

Galoper l'existence

A se courir après

Stances au petit matin

Chanson de circonstance

16 mars 2012

Soldat inconnu

 


P1010260

 

Le buffet de la gare a été démoli

Il fallait peut-être faire table rase

Dans les décombres, un tas d'ennui

Des poutres, du passé, de la pierre

Une fenêtre malgré tout reste éclairée

Derrière la vitre, un soldat inconnu

Il est de retour et sa femme

ne l'attend plus

Je ne sais à qui en parler

Personne ne veut savoir

Un gamin venu au moins de Bosnie,

Avec un chapeau Panama

Ne veut pas croire à mon histoire

Un couple d'âge certain sur une moto

soviétique passe son chemin

Je croise le regard du soldat inconnu

A travers la fenêtre

Triste bien sûr de ses blessures

Triste de sa longue absence

Triste de n'avoir pas été

plus longtemps attendu

Je croise le regard du soldat inconnu

Sur le trottoir, une dame compulsive

tape sur son portable le numéro de Dieu

- C'est un faux numéro, vous n'avez plus de forfait

essayez les urgences, lui crie le soldat

Aussitôt je le reconnais

- Vous êtes l'homme de l'horloge parlante !

C'est votre voix, c'est votre regard

Vous êtes tout ce que je j'imaginais

Le soldat a un beau sourire

Un beau sourire un peu perdu

Un beau sourire qui gagne à être connu

Entre temps la dame a joint son correspondant

Elle s'éloigne en minaudant

Le soldat et moi nous nous saluons

Dans le reflet nos gestes se répondent

Lui et moi n'en avons plus pour très longtemps

Je ranime la flamme de mon briquet

Derrière la fenêtre désormais aussi noire

que feu le buffet de la gare

je le devine

Je devine son sourire aussi

Demain la grue emportera les débris

Et qui voudrait me croire ? 



16 mars 2012

Pensées d'hiver

P1000887

 

 

On brûle des restes d'hiver aux jardins

A travers les flammes et la fumée

Les disparus reprennent des couleurs

Un instant

Cette visite explique le silence

A nourrir le feu, chacun projette ce qu'il peut

Tandis que craquent les branchages

La braise attire le regard

Les vagabonds entre les brandes

se hissent, du néant aux tisons

Vers la buée, le jardin, l'horizon

La nuit venue, un petit froid s'impose

Il faut quitter le feu et tous ses repentirs

A distance debout derrière la table

Ou bien le front sur le carreau

regarder le feu s'éteindre

Le froid, le froid et l'herbe bleue

Les souvenirs.

16 mars 2012

Transparence


Henri_Rousseau_003  wikicommons

 

C'est bien la ville

Je reconnais les berges du fleuve

Je reconnais l'archange sur la place

Qui sont en revanche

Ces jeunes gens d'indifférence?

 

C'est bien notre place

Je reconnais le jardin

Je reconnais les chaises de métal

Qui est cependant

Ce fumeur de silence?

 

C'est bien notre jardin

Je reconnais les statues

Je reconnais le monument de Chopin

Qui sont ses regards désormais

détournés ?

                                          Transparence

 Plus un mot

Des passants parlant seuls

La musique dans les voiles

 

Vivons tous deux d'une seule âme

4 mars 2012

Les champs d'amour


DSC04785

 

 

Nous nous sommes arrêtés sur l’aire des champs d’amour

Il y avait surtout des champs et peu d’amour

Les gens mangeaient en regardant les gens manger

Le regard fixe dans l’hypnose autoroutière

Ils étaient entièrement voués au voyage

Plus encore, au déplacement.

Tous vivaient au ralenti, l’aire est une parenthèse.

Soudain, ils sont arrivés.

Je ne voudrais pas que ce texte soit trop léger

Mais Elle était aérienne. Lorsqu’elle ôta son caque

Il en fit de même, ils s’embrassèrent.

Le baiser sembla donner une saveur nouvelle

Aux petits pains qui fabriquaient de la sous-couche

Pour  ceux qui les avalaient.

Ce baiser luttait à lui seul contre les lipides

Ce baiser inaugurait l’aire et lui rendait son sens.

Les gens s’entre-regardèrent.

Papa regarda maman, tata regarda tonton

Et Boubouche, me direz-vous ?

Il regarda Minouche.

Papa remonta son jogging sur son nombril

Maman passa la main dans ses cheveux

Tata fit un bisou à tonton. Tonton haussa l’épaule.

Et Boubouche, me direz-vous ?

Il regretta Minouche, alors qu’elle était là.

Le motard remit son casque, sa passagère le sien.

Elle enfourcha la moto en le tenant aux épaules.

Les gens mirent le manger en direction de leur bouche.

La moto soudain prit de la vitesse.

La fille et son motard faisaient salut du pied.

Le manger, un instant arrêté, rencontra les dents.

L’un instant d’après, le jogging redescendit sous le guili.

Les gens mangeaient en regardant les gens manger.

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