Les couleurs vives
Quand j'aurai fermé ma maison
Toutes les maisons de cette rue seront fermées
Femmes qui dénouez les fleurs en bouquet
Regardez vers la fenêtre, à travers les volets
Le camion de lait passe dans la nuit
Il passe depuis toujours, à la même heure
Quand j'aurai fermé ma maison
Tous les enfants de la rue, avec raison
plieront leur petit drap
Comme ils sont sages !
Ils attendront le matin
Ils attendront la journée
Soucieux de ne pas faire de bruit
La tourmente prendra possession des lieux
C'est ainsi, à chaque automne
Cette fois nous n'aurons pas connu de douce saison
Les petites villes grises perdues sur les collines
Patientent.
Les visites ne viennent plus guère
Le camion de lait remonte vers Limoges
Il est midi
Au Mexique, la mort choisit les plus vives couleurs
Cent mille corneilles en témoignent
Autour des ossuaires, cela se murmure
Il vaut mieux finir ici
Laissons la clef dans la serrure
Pour ceux qui viendront.
© JPR G. avril 2012