À Patrick Edlinger (1960-2012)

Les Alpes debout et couvertes de neige
Le Fils, ainsi nommé par antiphrase
Sommet le plus élevé, le Père de tous les autres
Pétrarque, Pétrarque au mont Ventoux

 Tensing Norgay
Né quelque part mais pas au Tibet
Car on ne nait pas au Tibet
Premier peut-être, mais pas premier
Car on ne dépasse pas

 Expédition cordée
Herzog
Camp de base
Lachenal
Approche
Lionel Terray
Je savais que mes pieds gelaient

 Loin des cathédrales
Loin des voies sacrées
La vie du rêve au bout des doigts
Patrick Edlinger
Le sage est toujours prêt
Et me libère
Avec le poète
Le seul bien
Vrai, certain, immuable
Adieu.

© jpr 17 novembre 2012

Donnez-moi un bouquet de violettes
Pour Marguerite sans regret
On connaît Blanche dans un tableau d’André Brouillet
Je n’aurais pas remarqué Maman Bottard
Elle n’était pas le sujet
Surveillante, infirmière
Entourée de patients et de morts
Quatorze cents du choléra
Toutes les incurables
Elle veillait
Figures silhouettes paroles
Voix des femmes qui passerez ma porte
Sur la fin
Soyez comme elle, présentes sans cornette
Donnez-moi un bouquet de violettes

© jpr 16 novembre 2012

                 Nos mains gantées avant l’hiver
                 Cette cérémonie s’attarde
                 Avec la musique, le défilé des amis
                 Voici deux heures compassées
                 Je suis la veuve de ce temps
                 Au musée de la médecine (rénové)
                 La mort, toujours en buis
                 Tient à nouveau son sablier

© jpr 15 novembre 2012

Mon enfant,
Les mots pluriels sont les mots singuliers
Par eux, ne jamais comprendre
C’est comprendre davantage
Je rêve d’une poésie naturelle                                                                             
Refuge du rêveur, échappées du réel
Dans le journal ce matin un titre me tire la soutane
« La difficile reconnaissance des femmes de prêtres »

© jpr le 14 novembre 2012

Même la brique apprend la rouille
Elle en rigole aux façades
Et moi je roule vers Calais
C’est parfait
Pour novembre

Emporté par l’autoroute
J'imagine des forêts
Qui repousseraient la rouille
C’est parfait
En novembre

Puis c’est Crêvecoeur-le-Grand
Aux marins sur le labour
Suivis de mouettes et de rouille
Nom parfait
De novembre

Toi tu dors sur l’autoroute
On traverse la Picardie
De toi Arbois
Artois à moi
On s’en fout
De novembre

© jpr 13 novembre 2012

              Il est, ce paysage, une suspension
              Le jour sans vent, d'ailleurs, l’heure aussi 
              A la rencontre de la nuit
               S’y prêtent

              Le clocher, une cime parmi les peupliers
              Aveugle le couchant. Ardoise, fine lame.
              La brume montante, l’automne aux arbres
              Fausse monnaie

              Un village à décrire d’un trait, au calame
              Oublions. La forêt de bouleaux confirme
              Signes blancs, grisaille que criblent des soleils

              Paysage d’avant la chute. Terres retournées
              Avant soupir. Nos mains gantées avant l’hiver
              Avant le jour perdu. Östalgie saisonnière

 © jpr 12 novembre 2012

Sweet
Angela notre soeur tu es la bienvenue dans cette maison
Avec la Lebenstruppe
Visitons nos quartiers amis
Toujours Ron Bushie pour tenir le rythme
On le fait en courant
De l’autre côté de l’école
Il y avait la cité d’urgence
Les copains y vivaient
Black
Angela acquittée le quatre juin
Bidonville
Un bébé tué par des rats
Près de Paris
1972
Courir dans les escaliers
La Butte
Le pavé sous l’eau
C’est toujours du granit mon vieux
Je bois l’eau pour être la source
La main sur la pierre
Pour être la force vive
Angel
Angela libérée sous caution
Terre tu te fais la tête
Avec des cheveux noirs
D’un cri
Toute source de mémoire
 Son nom
Est un pavé sous la
Pluie

© jpr 11 novembre 2012

Vous avez lancé la troupe dans le paysage
Je sais  qu’elle rencontrera l’adversaire
 Votre ennemi
Sa façon de marcher vous exaspère
Quatre pas chaloupés partant sur l’épaule gauche
Puis le bras droit qui se dresse et porte un doigt levé
La seule force organisée marchant sur
In-A-Gadda-Da-Vida
 Votre ennemi est un nombre, un pluriel
Deux à deux ils vont
Et ne se retournent pas
Je comprends mieux vos grimaces
Votre ennemi
La force de vie
Je marche avec elle
Derrière Ron Bushie
Dans le jardin d’Eden

© jpr 10 novembre 2012

            Il entend les bruits du monde au loin
            Il entend les gestes précis de l’entretien
            C’est le matin Il fait frais
            Ceux qui s’affairent
            Ceux qui vont bien
            Dans la maison du malade
            Ceux qui passent devant la porte
            Lui permettent d’emprunter à la réalité
            Pour se donner des rêves
            Tout à l’heure, il dormira
            Quelqu’un entrera dans la chambre
            Pour lui fermer la fenêtre

© jpr 9 novembre 2012

Come on, go !
La vie m’offre un poème. C’est
Alain Mimoun

Le personnage au chapeau
L’ombre devant l’objectif
Quelques secondes avant l’arrivée
Me souffle ce poème depuis toujours

Franjo Mihalic
Veikko Karvonen
Lee Chang-Hun
Yoshida Kawashima

 Emile Zatopek !
…
…
Kelley, Johnny Kelley
…
Giuseppe Lavelli
…
Dean Thackwray

 Ne te retourne pas
Alain
Le dernier tour de stade t’appartient

Et, dans mon histoire
Sur le parcours
La jeune fille au mouchoir
 Rêve féminin

Au kilomètre 21

© jpr 8 novembre 2012