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Poésie par la fenêtre
30 juin 2013

Le pigeon

Pardon à vous qui passez chaque jour, aujourd’hui je suis monté avec deux bières pour fermer la Fenêtre Ouverte. Deux bières ; une pour la soif et l’autre pour le goût. Je ne ferai pas de pub pour la marque, la binouze de Mexico, pour ceux qui voient la buée sur le verre, c’est déjà la mémoire des papilles. J’en connais des amateurs qui filent au frigo avant de poursuivre leur lecture. Tant pis pour eux s’il est vide ou si l’épicemar a bouclé plus tôt que d’habitude ; la Fenêtre reviendra vers le 15 novembre, on trinquera à la ré-ouverture. 

Pourquoi arrêter maintenant, après plus de 400 poèmes postés par ici ?

D’abord, je veux relire…On ne sait jamais s’il s’agit de poésie ou de textes à la con. Ensuite, ça va me manquer, c’est sûr, mais depuis peu, quelque chose a changé.

 Sur la ligne 13 du métro, station Invalides, jeudi matin, avant sept heures, il y avait à l’autre bout du quai un pigeon. C’est un animal pour lequel j’éprouve essentiellement du dégoût, au point de retenir ma respiration lorsque je les croise. La place Saint-Michel en apnée, le Luxembourg à demi-poumons : ça s’envole, ça grouille, ça pue, ça crève et pourrit dans les recoins.

Celui-ci boitait sur un moignon de patte, handicapé consanguin ou blessé par un piège, ou écrasé dans le nid. Atroce bête. A  chaque pas, il semblait donner plusieurs coups de kick pour démarrer, sans succès. En revanche, il faisait le vide autour de lui, un large cercle. Les rares passants l’évitaient mais le tenaient à l’œil. Il est rare de voir l’un de ces affreux en sous-sol. Pigeon de quai, pigeon de trottoir, pigeon des touristes ou des vieilles à croûtes de pain, moi je n’aime que les oiseaux de plein ciel et je comprends ceux qui réclament l’éradication des colombidés dans la capitale. Mais, c’est important, je ne leur ferais pas de mal, jamais.

Je n’ai pas vu arriver le type dans mon dos et le pigeon non plus. Tout s’est passé au moment où le métro entrait dans la station. L’homme a shooté, un des ces gonzes sans âge que l’on croise sans les calculer. Le pigeon a cogné la rame, de face, puis a disparu sur le rail.

Il y eut une exclamation parmi les voyageurs. Ni réprobation, ni approbation. Les points de vue s’annulaient, entre ceux qui applaudissaient la précision du tir et les amis des bêtes qui réprouvaient avec des accents intellectuels. Mollement, tandis que quelques plumes retombaient sur le quai. 

L’homme s’est retourné. Avant même de voir son visage, je l’avais reconnu…

 

 

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Commentaires
W
Ah il me semblait bien que ce serait un faux départ!<br /> <br /> Raffel disparaît pour mieux réapparaître sous les rappels <br /> <br /> de la foule en délire<br /> <br /> Sauf que moi je dis rien j'attends de voir...
L
En plein début de canicule, pas très prudent de fermer la fenêtre ! Diwall !
L
Que l'on ne puisse plus effeuiller l'éphéméride chaque jour, soit. <br /> <br /> Que l'on manque désormais d'infos sur l'état du trafic ferroviaire en Ile-de-France, bon. <br /> <br /> Que l'on soit privé - dommages collatéraux - des commentaires judicieux de visiteurs inspirés, d'accord; le géranium ne fleurira pas, tant pis pour lui. <br /> <br /> Mais, j'ose une question : choisir le début de l'été pour des nuits confinées, est-ce bien raisonnable ?<br /> <br /> On peut quand même se rassurer. Certaines fenêtres, une fois ouvertes, refusent de se refermer. Et l'on peut alors, continuer à respirer et à regarder.<br /> <br /> Merci, Jean-Paul Raffel, et à bientôt
N
Quelques remarques à la con :<br /> <br /> L'art est une violence passable.<br /> <br /> Le football brésilien, c'était de l'art. Le mondial, c'est de l'argent.<br /> <br /> Une fois refermée la fenêtre, combien d'oiseaux de plein ciel s'y viendront assommer, éblouis par un autre ciel? Fermez aussi les volets, par égard pour les volants.<br /> <br /> Quant à moi, j'ai d'autres panneaux où tomber, d'autres réseaux à infiltrer.<br /> <br /> Merci pour la plume atterrie sur mon âme.<br /> <br /> Désespérément,<br /> <br /> Alan
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