Résurgence
Ne m’approchez qu’à la nuit
Pour mes reflets de votre monde
Ne m’approchez qu’au matin
Mes brumes et le froid
Sous votre col
Gardez le regard, sans cesse attiré
Sur la route
Jamais sur mon corps changeant
Je ne suis que l’apparence du fleuve
Résurgence
Le vrai fleuve est sous vos maisons
Le vrai fleuve en votre ciel
Lignes, courants, tensions
Passage
Tous mes sauts, toutes mes avalanches
Vous les décrivez,
Vous cherchez à les capter
Elles vous tourmentent
Jusqu'à la mer qui se débat à l’estuaire
J’entends pleurer des catastrophes
Je vois les bras ouverts du vieillard
C’est lui l’enfant, le fleuve est l’océan
Mes eaux sont grises, larges
Après des mois à l’étiage
Me voici dans mon lit majeur
Nage dans ces eaux sales
Le chien perdu, le cerf
L’homme noyé de ses propres pleurs
Je suis la Vouivre
Paisible à l’escarboucle
Furieuse de vos besognes
J’aurai bientôt rongé
Le sable et la boue de tous vos barrages.
© JPR 08 juillet 2012