Chien d’ombre
J’étais un enfant avec des pierres dans les mains et le poing serré
D’autres ont le cœur en accès libre
J’ai une forteresse bleue, de celles que l’on voit mieux à l’aurore
Pour leur trait sombre sur le flanc des vallées
L’unique occupant y écrit des poèmes
Parfois devant les murs, pour prendre le soleil
Souvent perché sur le rempart
J’étais un enfant en compagnie d’un chien pour faire passer le jour
Un chien d’ombre fidèle qui m’emmenait partout
Dans la forêt, il m’apprenait à humer les étangs
Avec lui je me baignais dans la rivière
Avec lui, je rentrais seul et sans crainte
Chien d’enfance, gardien de mon château
Ouvre la porte, remonte le pont
J’étais un enfant avec des pierres dans les mains
Des pierres inutiles, j’avais les mains vides
Dans la plus haute chambre il écrit des poèmes
Il me dicte les mots et j’ai perdu la clef
© JPR 29 juin 2012