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Poésie par la fenêtre
21 juin 2013

Tout allait bien

 

 

Je préfèrerais que tu lises ce poème avec des lunettes de soleil plutôt qu’avec des moufles et sous un parapluie.
Un homme chaque matin prenait le chemin
Il se disait que tout allait bien qu’il connaissait le chemin
Sur le chemin  il croisait l’horloge il se disait que tout allait bien il connaissait l’horloge
Tout allait bien il lisait l’heure à l’horloge il connaissait l’heure du train
Il allait prendre sa place dans le train
Tout allait bien il connaissait sa place
Sur le quai tout allait bien
Dans l’escalier  mécanique tout allait bien
Dans les couloirs de la correspondance tout allait bien
Tout allait bien il connaissait sa place sur le quai dans l’escalier
Sa place tout au long des couloirs de la correspondance
Il reconnaissait le signal et l’odeur on pourrait dire le parfum du métro
Il comptait les stations tout allait bien les femmes  les hommes les gens les mendiants
Il les connaissait bien
La rue deux rues la ville il parvenait au bureau
Il posait sa serviette ôtait son manteau arrosait un géranium qui ne fleurissait pas
Tout allait bien sauf qu’il ne fleurissait pas
Il répondait au formulaire les dix premières années à son bureau
Puis il fabriquait le formulaire il avait touché du galon tout allait vraiment bien
Dans ce poème beaucoup sautent des lignes pour savoir enfin la fin
Pas lui.
Le midi de sa serviette il tirait  sa gamelle verte avec un caoutchouc
Il l’ouvrait il reconnaissait le parfum on pourrait dire l’odeur du repas qu’il s’était préparé
L’après-midi il reprenait : pendant dix ans il remplissait le formulaire
Tout le reste ensuite il fabriquait le formulaire.
Manteau serviette la porte du bureau
La ville deux rues une rue enfin le métro
Il connaissait tout allait bien
Pas lui
Un jour un autre est rentré sur les trottoirs de sa correspondance
Un vieil homme obligé de demander le chemin et pas de place dans le train
Sur le chemin il a croisé l’horloge qui n’avait plus du tout le temps ni l’envie
De donner l’heure
Un homme en complet gris tout entouré de fleurs  vous l’avez sans doute remarqué
Dans les enterrements.
Je ne vous demande rien, il y a longtemps que je ne pose plus de questions
Mais, je préfèrerais que tu lises ce poème avec des lunettes de soleil. Il raconte ta vie.
Les lunettes ça ne change rien, mais c’est question de style et puis ça fait joli.

 

© jpr 21 juin 2013

 

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Commentaires
O
Le géranium<br /> <br /> s'il ne fleurit pas<br /> <br /> c'est peut être<br /> <br /> qu'il n'est pas exposé<br /> <br /> au bon endroit.
E
Tu vois JPR c'est étonnant mais à la fois je suis content de lire ça. Très belle écriture, une voix particulière. Et de le lire presque un sentiment d'intrusion. Va savoir. <br /> <br /> T'es pas dans une boîte, casé. C'est sur. <br /> <br /> <br /> <br /> Eric
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