l'Effroi
La peur et le cri, rien n'y a été greffé,
que le silence et l'oubli
Ce que j'aperçois depuis mes lieux d'observation
(ils pourraient être les vôtres) porte l'évidence
Le spleen et tous les chats qui lui ressemblent
vibrent avec le voyageur et le suivent
Les passerelles, les passages,
les frontières ne sont pas protégées
On entre dans ce pays contaminé
A ses risques, sans toujours le savoir
Qui préviendrait ?
Le vieux pays de l'Homme dont l'Homme s'est absenté,
Le vieux pays témoigne
S'opposent à la foule l'absence et le manque
Mais le même langage s'adresse partout à qui veut l'entendre
Du profus au diffus on ne se décrète pas vigie
Il faut un signal
Tendre toute une toile pour seulement le recevoir
Le même langage et jamais de message
Combien de poèmes pour dire solitude
Combien de vieillards retrouvés errants
C'était inscrit dans le regard d'un bœuf
que l'on faisait souffrir : l'Effroi
Ses yeux tournés blancs en tous sens
Son seul Dieu brandissait un bâton
J'aurais compris sans cela
Que nous sommes chers l'un à l'autre
Mais dans l'oeil de la bête mourante
Nous pouvions tous le comprendre
Sauf, je crois bien, ceux qui riaient.
© JPR 2012