L’esprit des paysages
L’esprit des paysages revient au voyageur
C’est un souvenir d’été sans ses lunettes noires
Le grain de sable porté par le vent dans la salade
Les dents serrées à Bray Dunes
L’acier pour Hambourg, les grues grincent d’impatience
A Göttingen, votre sourire, madame
J’embrasse Lise la gardeuse d’oies
L’esprit des paysages s’en va le long des voies
Chartres, le pain gonflé dans la besace
Alain-Fournier, Péguy au chemin solitaire
Souvenir d’Allemagne sur la route des vins
Souvenir de la France, étoiles à Nuits-Saint-Georges
La houle de nuit sur les vignes à l’éclair
Etre, à l’étincelle près, parcouru de courant
Et filer sur le rail, emporté par le train
Au bord de la rivière héler les passagers
L’esprit des paysages vogue dans les mémoires
Du Rhin, de Moselle, de Garonne
Civelles en friture, perches sur leur légume
Aussi, la Belle Loire, la sterne pierregarin
Réjoui des oiseaux et des crottes de mouette
L’esprit des paysages mémoire d'un ami
Silhouette en reflet aux vitres de l’auto
En Creuse sur les mares
Sur les pages, dans les mots
La brise, la vague, le vol des échassiers
Ont remonté l’étang
J’ai vu les meules dans le champ et couché sur la paille
Un nuage, un pays, un nuage, un pays
Saoulé par le voyage, revenir à l’esprit.