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Poésie par la fenêtre

7 novembre 2011

L'élan d'une passante

Ce sera ici
Un étang entouré de forêts
Une eau sombre, le reflet des arbres
Le reflet du ciel sur la surface lisse

Bien sûr on peut s'y tromper
Il suffit de se coucher dans l'herbe 
Fermer les yeux
Songer aux miroirs
Tout peut s'inverser

Ce sera ici
Je ferai venir
Mes compagnons de route
Les visages de mes amis
Le sourire du voisin
Un matin en novembre
L'élan d'une passante
Son vélo de Hollande
Un étang ou la source des rêves

J'y ferai venir 
Mes promeneurs des jours heureux
Toi, pieds nus sur la berge
Un matin de juillet

J'y ferai venir
Mes promeneurs de la nuit
Mes nuits sans plus personne
Les bruits du silence
Les mouvements sans forme
Les remous et les souffles
Multipliés entre l'étang, le ciel
La mémoire et les peurs. 

J'y laisserai glisser
Ma main et mon visage
Le bras qui t'enlaçait
Mon corps tout entier
Enfin la vie mise à l'envers
Regarder vers le ciel le ciel qui se dérobe.


© JPR le 16 septembre 2011. G.


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7 novembre 2011

Les poulets de la rue Myrha




Les poulets de la rue Myrha
Regrettent la main qui les porta
De la lumière des batteries
Jusqu'aux caisses du voyage
Main ferme et brutale certes
Mais main tout de même
Chaleur humaine


Aujourd'hui par les trous du grillage
Au marché dans la rue Myrha
Leurs cous tendus appelent à l'aide
Tandis que les passants s'enfuient
Vers des pavés plus reluisants

Cette odeur de sueur d'épices
De chou pourri ne leur dit
Rien qui vaille
C'est le parfum de la marmite
Aux quatre coins du monde

Alors les poulets tressaillent
Lorsqu'une lame attrape le soleil

Tout à l'heure c'est un homme
Qui fut saigné

Comme il se vidait
Les poulets de la rue Myrha
Tournaient à quatre-vingt-degrés
Leur tête vers lui
Leurs paupières blêmes
Laissaient bien voir
Un peu de joie
A l'éclat rouge de leur regard.


© jpr. June 18 2011. G. 
10 juin 2011

Les plis

P1020217

 

 


Les plis

 

 

 

Sur les bords de la Glane, les draps tachés, les draps brûlés, les draps souillés de haine,
deux femmes en plein soleil, soigneusement, replient le temps.
Deux femmes suppliciées  replient le temps
Chaque pli, chaque pile, chaque passant
Chaque pas sur la ligne du tram à Oradour
Replie le temps
Un oiseau dans les ruines, un volet au vent
Ferment le ban
Les doigts des murs dressés vers le ciel
Les maisons crevées, les maisons exorbitées  guettent
Sur la place d’Oradour où le vide prend source
Aucun écho, les rires, les jeux, les gens,
S’imaginent et disparaissent
Sur la place où rien ne s’entend, j’écoute la vie
J’écoute l’effroi
Tour à tour surgissent  les chants,
La cour, l’école de filles
Tour à tour, la vie, l’effroi,
les rires les chants, les jours,
les loups les coups, les flammes, les innocents
Soigneusement, deux femmes sous le soleil, replient le temps
Derrière les murs d’Oradour
Deux femmes massacrées, deux femmes seules replient le temps
Et bercent leur enfant
Toujours elles recommencent, toujours elles plient
Rien ne s’oublie
Derrière les murs d’Oradour
Au loin, qui se rapprochent
De Hongrie, de Serbie, aux  berceaux d’Europe
J’entends claquer les bottes
J’entends roter la haine
Plus elle se renforce, plus elle crie

Passant, souviens-toi
Tandis qu'elle vocifère.

 

 

 

JPR. Oradour le 10 juin 2012. 

P1020226
Eglise d'Oradour. Détail intact.

13 juillet 2007

Assez!

Assez!
29 juin 2007

A Assef Husseinkhail

AFFICHE_02_FR

(avec l'autorisation d'Emmaüs International) 

 

1. Toute personne a le droit de circuler librement et  de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État. 
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

(Déclaration universelle des droits de l'homme. 1948)

 

 

 

Emmaüs International ne cesse de clamer l’urgence de repenser les politiques migratoires,

à dominante sécuritaire, qui tuent chaque année des milliers de personnes.

Le Mouvement promeut la liberté de circulation et d’installa­tion des personnes à l’échelle mondiale.

(www.emmaus-international.org) . 

 

***

 

La chanson "De vous à moi (là-bas)" est dédiée à Assef Hussenkhail.

Elle est écrite avec des mots simples, juste pour dire...

Aujourd'hui, on ne s'étonne plus, on de s'indigne pas d'entendre qu'un jeune homme,

fuyant son pays, puisse être  depuis 14 années, sur la route, pour  tenter d' arriver un jour "là-bas".

Sa dernière tentative, il voulait traverser la Manche sur un radeau, a échoué. 

Merci de faire circuler la chanson

et de contribuer à faire connaître l'histoire d'Assef et de tous ceux qui comme lui quittent tout.

En parler, savoir, connaître, dire et peser sur les gouvernants. 

 

***

 

L'article d'Haydée Sabéran pour Libération:

 http://www.liberation.fr/societe/2014/05/08/quatorze-ans-a-errer-et-tu-n-as-rien_1013436

 

Je vous propose de diffuser le message d'Emmaus international et d'en parler avec vos proches.

***

Quelle est votre position sur le traitement des populations migrantes dans notre pays?

Comment comprenez-vous la politique des murs et des barbelés? 

 

Chacun des faits rapportés par la chanson "d'où les gens viennent" est rigoureusement exact. Il s'est produit sur l'une des routes de migration, il a germé (tri ADN) dans quelque cerveau malade. Des images, des extraits de presse peuvent être associés à chaque couplet. Qui ne voit pas a choisi. Deux versions de la chanson dont une sur la musique de mon ami Louis Racine. Je twisterais ces mots s'il fallait les twister... 


D'où les gens viennent par JPRAFFEL

 

Je parle des naufragés
Nageant  sur les récifs
Là-bas qu’on réchauffa
Aux plages de Ténérife
Partir n’est pas un choix
Mourir ou s’évader
La vague après la vague

Revoici les convois
La foule à l’abandon
Des femmes que l’on menace
Au Sud d’El Alouina
Là-bas les jours de plomb 
Peut-on boire aux terrasses
Quand brûlent les horizons?

Voir sur les barbelés
Des lambeaux de chemise
Bonnets, cheveux et gants
Cette frontière qu’on le dise
Là-bas devant Ceuta
C’est la ligne du sang
Et l’on croit aux Pietas !

Dites-moi d’où les gens viennent
Mais surtout comment ils vont
Ca les regarde où ils iront
S’ils vont
Pas de blé sans racine
Toute la Terre que l’on jardine
Pas d’enfant en exil
A Belleville

Toi mon frère Africain
En marche vers l’Europe
Ici chaque matin
L’œil des distraits des myopes
Ignore la vie qu’on vole
On traque les clandestins
Jusque dans les écoles

Ou comme bêtes de somme
Triés selon leurs gènes
Sinon tombés du toit
Ou noyés dans la Seine
La conscience au tiroir
Le retour de l’Histoire
Tant pis si c’est un Homme

En notre nom voisin
Vois bien où l’on s’égare
La rafle chaque matin
La rafle dans les gares
Mon prochain sur la liste
Qui ne dit mot soutient
Qui n’admet pas résiste !

Dites-moi d’où les gens viennent
Mais surtout comment ils vont
Ca les regarde où ils iront
S’ils vont
Pas de blé sans racine
Toute la Terre que l’on jardine
Pas d’enfant en exil
A Belleville

 

© jpr. 

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