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Poésie par la fenêtre

16 décembre 2013

Synopsis

                                                  À D. , traversé par le vide,  ce jour là.

                        

                    Merci de m’avoir prêté ce souvenir
                   
Il traverse Millevaches en novembre
                   
Sur l’écran le vert sature le paysage
                   
Le vert et le gris, les signes d’automne
                   
Les bouleaux sans espoir
                   
Les arbres nus, les trembles
                   
Merci de m’avoir prêté ce souvenir
                   
Il roule au bruit des essuie-glaces
                   
Il roule avec un fond de radio
                   
Et la radio reprend
                   
Il pleut à Pontarion
                   
Il pleut  à Saint Hilaire
                   
Il pleut  à Charbonnier
                   
A Chavannat il pleut
                   
A Royères, à Pigerolles
                   
Sur l’image l’eau du marais
                   
L’eau du ciel
                   
Le camion traverse l’écran
                   
Laisse le vide
                   
J’étais avec toi dans ce souvenir
                   
Je m’en souviens
                   
Il y avait encore une école
                   
A Féniers une école
                   
Qui n’arrivait pas à rapprocher l’espace
                   
Sur l’écran la seule personne
                   
Est au volant sombre horizon
                   
Enfin Féniers 
                   
Tu ralentis dans une flaque
                   
L’essaim de parapluies
                   
Serré sous l’averse emporte
                   
En grappe noire
                   
Un plus défunt en cercueil verni
                   
Seule fantaisie dans le décor
                   
Le pépin rouge d’un distrait
                   
Le film s’achève ici.

                  Deux ou trois notes écrites au crayon
                 
Sur la boîte :
                 
La vie traverse un désert somptueux
                  Vide, dénué de regret
                  Les hommes y apparaissent
                  Venus de toutes parts, soudain
                  Pour voir au fond d’un trou
                  Descendre leur infortune.

 © jpr

 Merci, Serge, pour cette lecture...

 

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15 décembre 2013

Intérieur ou la valise

 

Ma valise est fermée de l’intérieur et contient des effets personnels
Outre le petit linge et un thème astral
Un nécessaire de réparation de l’âme et des articles d’hygiène
S’y trouvent le corps qui me sert de véhicule
Une propension à refuser les tyrannies

Un goût pour la lecture de poèmes
Et quelques harengs bouffis en hommage à mon grand-père
Qui en mangeait beaucoup
Et à Charles Cros, qui les faisait pendre
Au bout d’une ficelle longue, longue (enfin vous savez)
Je suis à la fois très peiné et quotidiennement gêné d’avoir égaré cette valise
Oh, certes le fourbi du quotidien ne m’est pas actuellement indispensable
L’est-il, d’ailleurs pour vous ?
Mais mon corps peut encore servir pour des démarches
En cas de contrôle d’identité,
comment prouver que moi est moi, sans enveloppe ?

C’est déjà si difficile sans papier
Comment répondre aux questions de la police
Sans corps pas de délit, pas de preuve
Comment se réconcilier sans poignée de main fraternelle
Comment boire à la libération ?
Comment, pour fêter cela me rendre chez les dames, à grandes enjambées
Une fois que j’y suis, comment..., enfin bon
Si vous trouvez cette valise ne la jetez pas à l’eau
N’en faites pas trop longtemps le tour en vous grattant la tête
On pourrait vous remarquer
Ne la laissez pas traîner sur une table graisseuse
Couvrez-là
Enfin, si vous renoncez à la garder faites-moi savoir
Où elle se trouve
Il suffit de poster votre lettre dans la fente, à gauche, où sont dessinées les fleurs...
Non, pas la petite, la grande...la petite, c’est pour respirer
Je vous répondrai sur le champ et sachant où je suis,
Je pourrai vous dire où, là, me renvoyer. 

© jpr

 

 

14 décembre 2013

La foire aux chevaux

 

 

P1010701

 

Les chevaux de la foire attachés sur le rang s'agitent 
Le pré ou le couteau leurs yeux cherchent vers le ciel, une fuite
Le voyage en camion et le bois sur la pente qui glisse
Je suis tombé sur le pré dès le premier  éclair sous la grêle

Les maquignons s'enfuient dans le vent leurs chapeaux s'envolent
Accrochent leurs bâtons font craquer le comptoir des  bistros
Plus personne sur la place que les chevaux qui restent à vendre
Tous les chiens et les hommes ont gagné ensemble  un abri

Les chevaux de l'orage au dessus de la foire
Le chevaux de l'orage galopent à la charge
Tous les coups de tonnerre tombent sous leurs sabots
Tous les coups de tonnerre c'est la foire aux chevaux

Oh mon cheval de bois tu ne galopes pas, je suis
Parmi tous les copains  en mille-neuf-cent soixante, un enfant 
Dans la rue Vaugirard, j'vois passer les chevaux, souvent
En troupes de quatre à quinze auprès des écoliers, je vois 

Je vois les étincelles partout sur le pavé, je vois
La rue de Vaugirard le mur des abattoirs, je vois
J'entends tous les chevaux, et l'idée des chevaux, là-bas
Ecoutez les crier,  ils préviennent les autres, je crois

C'est un gars de la grande qui me l'a dit un jeudi, tu sais
Je lui ai donné deux billes contre ce  secret là, tu vois
Mais j'entends à jamais les cris derrière le mur, les cris
Et la rue de l'école c'est la rue des chevaux, tu vois

Les chevaux de l'orage au dessus de la foire
Les chevaux de l'orage galopent à la charge
Tous les coups de tonnerre tombent sous leurs sabots
Tous les coups de tonnerre c'est la foire aux chevaux

Aujourd'hui c'est dimanche, je venais à la foire, je crois
Pour voir tous les chevaux partir au petit trot, c'est beau
Mais voilà rien ne va, attachés sur le rang, là-bas
S'affolent sous la grêle, arrachent leur licol, s'enfuient

Les chevaux de l'orage, au dessus de la foire

Les chevaux de l'orage galopent à la charge
Tous les coups de tonnerre tombent sous leurs sabots
C'est la foire aux chevaux
Et l'enfance mon enfance
Et les cris des chevaux

© JPR   

Attention, certaines images peuvent choquer.


Le Sang Des Bêtes (Partie 1) par fight_the_power


Le sang des bêtes partie 1 par Hypnotic-Poison

                                   

13 décembre 2013

Eloge du silence

 

La place s’est tarie avant la fin du glas
L’éloge simple pour l’homme simple courait sur la campagne,
exacte projection d’un nuage de chagrin
filant vers le cortège.

Chacun aurait pu prendre pour soi
une boule de pain, en manger le soir
à remâcher ses brisements
Mais le boulanger avait fermé sa porte
il se bouchait la tête dans un coin du fournil
afin de ne plus entendre les cloches
Un pain de moins, un pain de moins demain

Deux éleveurs restés sur le parvis
appréciaient le cours des carcasses

Ils n’avaient pas oublié la peine
mais tout se met en grange, le foin, le temps, le deuil
Nous sommes rentrés par des combes, des vallées
Nous sommes rentrés par des forêts
Nous sommes rentrés par un soleil de jade sur le camp militaire
Le silence n’est pas l’envers du bruit ou la fin des paroles
J’aurais dû traverser dans une calèche
Prolonger ma pensée dans le pas des chevaux
Comprendre enfin d’où me vient cette tristesse
à chaque fois plus grande

Je ne peux que vous prendre la main
Bien sûr nous sommes seuls
à chaque fois davantage
Mais nous le sommes ensemble.

 

© jpr  

 Avec la voix de DF. 

 

12 décembre 2013

Oubli de Venise

                 

 

De Venise, j’ai surtout en mémoire le pavé
Mais ni le Rialto, ni le canal grande
Ni la fondamenta del vin
Qui m’importaient peu.
Je n’ai rien retenu de la Place St Marc
Rien vu de Bellini, d’Antonio di Natale
Le pavé, oui, de la calle delle Acque
A la calle Zucaro, je l’ai beaucoup arpenté.
J’aime cette qualité de la pierre, immédiate
De traduire, à l’intention du regard,
Le temps qu’il fait.
Venise avait un sol de satin pourpre
Des nuances de pourpre et d’ocre terni
Je l’avoue, difficile à décrire, d’autant
D’autant que le soir venu, avec les brumes
Tout se resserrait, se ressemblait, s’atténuait
Alors sur le pavé, devant quelque vitrine
Par reflet, ou franchement, presque avec rudesse
J’aimais à regarder tes yeux
Et j’oubliais aussitôt san Basegio,
San Boldo, san Trovaso
San Zuane et sant’Aponal, de Venise. 

 

© jpr

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11 décembre 2013

Aux quatre vents l'exil

 

 

La pierre dressée dans la clairière
A la rencontre de quatre chemins

Nous y avons joué à cache-cache
A tendre les bras, nous pouvions
Du bout des doigts, nous deviner
Tous deux dans le même sens
Du même pas, avec mesure
Nous en faisions le tour
La pierre était-elle plus chaude
Du contact de ta joue

Ou des lueurs du couchant ?
Au Sud, à l’Ouest, ton parfum

Le grain léger où s’arrête la main
Contre mon visage une présence
A l’Est, le mouvement des feuilles
Au Nord, la pierre indifférente. 

 

© jpr 

 

 

 

Avec la voix de JF

10 décembre 2013

La vie-venin

 

 

La vie se nourrit d’un venin qui m’épuise
Une même nuit étreint retour départ 
Soir et matin
La vie qui prend le train
La vie qui rapporte le pain
La vie et les enfants s’en vont
La vie dans le métro
La vie tiercé qui joue le 13, le 6, le 15
Tous les dimanches 
Moi, j’aime un arbre dans un petit jardin
Il pousse à sa façon personne ne l’élague
Je passe le voir souvent
Je pense à lui à la relève
La vie se nourrit d’un venin précis
Il prend la voix, le cœur
Il vise la parole, le sourire, les envies
Demain, demain encore je rapporterai
Le pain
Après je ne sais pas
Je ferai un détour par le petit jardin
Voir si mon  arbre a bien grandi

 

© jpr

 

 

 

Lecture, F. 

12 octobre 2013

D'où les gens viennent

Seul entend qui veut entendre et ceux qui voient avaient déjà vu. 
Paroles: Jean-Paul Raffel
Musique: Louis Racine
5 octobre 2013

La chanson foraine

A l'accueil

   

Je poste à nouveau ce texte et chacun sait pourquoi                                     

 

Récit

 

                   Qu’étions-nous ?
                   Des enfants des écoliers
                   Ceux de la communale
                   Elevés près du sol
                   En octobre, nous courions les labours
                   Rabattre les perdrix
                   L’été nous levions des lapins
                   Devant les moissonneurs
                   Toute saison était bonne
                   Pour s’en aller guéer

                   Je me souviens j’avais dix ans
                   Un seize février.
                   Ils sont venus
                   Deux filles minuscules
                   Un garçon long presque comme le maître

                   Il les a fait s’asseoir tout au fond de la classe
                   Il a ouvert la fenêtre 
                   Je me souviens il faisait froid
                   Il a commencé une  leçon sur le mot
                   - Propre, la propreté
                   Il a arraché des feuilles sur un cahier
                   Pour leur donner. Je l'entends:
                   - Pas de crayon, qu’allons-nous faire ?
                   Propre et propreté

                   A la récréation, il nous a dit d’ouvrir
                   En grand
                   D’ouvrir en grand, d'aérer, bien aérer
                   -  A cause des odeurs
                   Je me souviens, il faisait froid
                   Sous le préau tous trois
                   Puis près de la fenêtre ouverte
                   Ils sont restés la matinée

                   L’après-midi, ils n’étaient plus là.

                   Le soir, ils dansèrent sur la place
                   Lui, faisait des gymnastiques
                   Ses sœurs, de petites révérences
                   Je me souviens, j’avais dix ans
                   Nous étions des enfants, des écoliers
                   Le père chantait.

                    Je me souviens de leurs silhouettes
                    Leur mère tendait la main
                    De ceux qui n’osent pas rentrer
                    De ceux qui regardent par terre
                    De ceux qui roulent le chapeau

                    Je me souviens l’ennui
                    Je me souviens la honte
                    Et de ce maître remplaçant
                    Qui n’a jamais rien réparé
                    Qui n’a jamais rien remplacé.

 

                  © jpr 08 septembre 2012


2 octobre 2013

Voyageur sans sommeil

Banlieusards en silence qu’emporte la banlieue
A sept heures de la nuit
Le matin et la chance s’éloignent, chaque lundi
Oh, deux bavards fricatifs, oh, deux bouches sibilantes
Taisez vos médisances, cessez de ressasser
Laissez la banlieue filer son rêve
Même l’aveugle regarde devant lui, n’est-ce-pas ?
Pardonnez à ceux qui vous ont offensés,
que je voyage en paix de vous voir apaisés
Cœur, âme et claque-merde

 

 

© jpr 02 octobre 2013

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