Synopsis
À D. , traversé par le vide, ce jour là.
Merci de m’avoir prêté ce souvenir
Il traverse Millevaches en novembre
Sur l’écran le vert sature le paysage
Le vert et le gris, les signes d’automne
Les bouleaux sans espoir
Les arbres nus, les trembles
Merci de m’avoir prêté ce souvenir
Il roule au bruit des essuie-glaces
Il roule avec un fond de radio
Et la radio reprend
Il pleut à Pontarion
Il pleut à Saint Hilaire
Il pleut à Charbonnier
A Chavannat il pleut
A Royères, à Pigerolles
Sur l’image l’eau du marais
L’eau du ciel
Le camion traverse l’écran
Laisse le vide
J’étais avec toi dans ce souvenir
Je m’en souviens
Il y avait encore une école
A Féniers une école
Qui n’arrivait pas à rapprocher l’espace
Sur l’écran la seule personne
Est au volant sombre horizon
Enfin Féniers
Tu ralentis dans une flaque
L’essaim de parapluies
Serré sous l’averse emporte
En grappe noire
Un plus défunt en cercueil verni
Seule fantaisie dans le décor
Le pépin rouge d’un distrait
Le film s’achève ici.
Deux ou trois notes écrites au crayon
Sur la boîte :
La vie traverse un désert somptueux
Vide, dénué de regret
Les hommes y apparaissent
Venus de toutes parts, soudain
Pour voir au fond d’un trou
Descendre leur infortune.
© jpr
Merci, Serge, pour cette lecture...