Une seconde à peine
Ce flacon vous appartenait, je le garde sur la table
Entre le Collier de santal et trois lettres de vous
La première ne dit rien, que les affaires du monde
La seconde, nous l'avons lue ensemble, sur le divan
La troisième est un adieu, j'en connais chaque mot
Cette montre vous appartenait et ce reflet à la fenêtre
La lumière et le temps qui vous allaient si bien
Une pleine clarté, mais venue de la nuit
Une seconde à peine, mais votre sein, mais votre visage
Dimanche est un adieu, j'en retiens chaque geste
Ces années sont les vôtres, ces heures, ces minutes
Entre mes quatre murs et trois lettres de vous
le monde, qui ne me dit plus rien
le divan, où trainent des paresses
Rouen pour un adieu, qu'en savions-nous ?
Ce ciel est à vous et la vallée de la Seine
Jumièges, Saint Wandrille et le pays de Caux
La clarté sur le fleuve, ni pierre ni tombeau
La paresse du temps, je ne veux pas savoir
Mais je sais néanmoins et je m'ennuie de vous
Une seconde à peine, toute une vie d'adieu
© JPR G. le 15 mai 2012